Les agrocarburants carburent-ils pour le climat ??
Sale temps pour les biocarburants ! Accusés de pomper toutes les ressources en eau des Etats-Unis (voir notre article), voici qu'ils font à nouveau la une de l'actualité pour de mauvaises raisons... Les Amis de la Terre Royaume-Uni viennent en effet de publier une nouvelle étude démontrant que les agrocarburants utilisés en Grande-Bretagne aggravent le changement climatique. Issus principalement de soja brésilien, argentin ou américain, ils ont généré en un an (depuis l’obligation légale d’incorporation au Royaume-Uni) 1,3 millions tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit l’équivalent de 500 000 voitures supplémentaires sur les routes !...
Au Royaume-Uni, les agrocarburants sont issus principalement de soja du Brésil, d’Argentine et des Etats-Unis. Dans ces pays, l’expansion colossale des agrocarburants, dont le soja, nécessite de nouvelles terres qui sont prises sur des terres agricoles existantes, ou sur des écosystèmes naturels (forêts tropicales, forêts sèches, tourbières, etc). Ces écosystèmes stockent d’énormes quantités de carbone, et leur transformation en champs d’agrocarburants libère le carbone stocké dans la biomasse ou dans le sol. Une étude gouvernementale majeure (la "Gallagher review") avait déjà identifié cet impact majeur des agrocarburants, pouvant rendre leur bilan climatique négatif. Mais le changement d’affectation des sols n’est toujours pas pris en compte dans les statistiques officielles : de son côté, le gouvernement britannique affirme en effet que les agrocarburants vont permettre au pays d'économiser 2,5 millions tonnes de GES ! Question de point de vue...
Andy Atkins, directeur des Amis de la Terre Royaume-Uni, explique : "En terme d’émissions, les agrocarburants utilisés depuis un an au Royaume-Uni correspondent à 500 000 voitures supplémentaires sur les routes. Nous demandons donc au gouvernement de suspendre immédiatement toute obligation d’incorporation tant qu’il n’a pas apporté la preuve scientifique que les agrocarburants réduisent les gaz à effet de serre, changement d’affectation des sols inclus".
Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre France, en remet une couche : "En France également, le gouvernement ne prend pas en compte les changements d’affectation des sols dans ses statistiques. Plutôt que de s’entêter dans cette voie, il devrait se concentrer sur le développement des transports publics et doux, le transfert de la route sur le rail, et la réduction de la vitesse, qui ne comportent aucun risque, contrairement aux agrocarburants".
Fait pour le moins alarmant, cette étude des Amis de la Terre Royaume-Uni est basée sur des hypothèses prudentes : 10% de changement d’affectation des sols seulement. Elle permet au lecteur, via une feuille de calcul et une note méthodologique, de faire des simulations différentes ; les résultats réels pourraient donc être pires encore...
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