Le recyclage entre au supermarché
Certes, l’idée peut paraître originale ; mais dans la pratique, elle produit son effet… Il est vrai que nous ne sommes pas en France, ni même en Europe, mais de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec où un dénommé Serge Fleurent, propriétaire d'Un IGA Extra à Granby, recycle 89 % des matières résiduelles de son supermarché, fruits et légumes compris...
L’Ademe multiplie les campagnes de réduction des déchets, estimant que le Français en produit trop. C’est bien. Cela étant, nous ne sommes pas les cancres dans l’affaire : les nord américains et les Québécois en particulier, produiraient quelque chose comme une demi tonne par an de déchets ménagers… Il est facile à ce stade d’imaginer un instant ce que cela donne à l’échelle d’un supermarché… Fruits, légumes, viandes et autres, tous emballés, consommés ou ... jetés !
Ce constat aide très certainement à la prise conscience collective de la nécessité d’agir. Lentement, mais sûrement, les centaines de grandes surfaces pour l’alimentation prennent le virage vert.
C’est le cas de Serge Fleurent qui, interpellé par le nombre de conteneurs à déchets qu'il envoyait chaque semaine à l'enfouissement, a décidé de renverser la vapeur en misant sur le recyclage et la revalorisation des déchets.
Le résultat est à la hauteur des efforts entrepris : depuis l'an passé, le supermarché recycle 89% de ses matières résiduelles.
Le IGA de Serge Fleurent aurait été le premier au Québec à pousser aussi loin « le bouchon » du recyclage. Et dans le foulée, ce qui est remarquable est qu’il a été suivi par d’autres propriétaires de supermarchés qui se déplacent même afin de recevoir les conseils avisés du pionnier en la matière.
La marche à suivre a, évidemment, un peu perturbé le personnel dans un premier temps…
Finie l'époque de la poubelle unique. Désormais, différents bacs de recyclage ont été installés dans chaque département (boulangerie, fruits et légumes, prêt-à-manger, boucherie, etc.). Les résidus d'animaux (viande, os, gras), le papier, le plastique, le verre et le métal, mais aussi les huiles de cuisson, sont dorénavant récupérés. Chaque type de déchets trouve sa place, dans la benne qui lui est affectée.
La pièce maîtresse restant les fruits et légumes qui représentent environ 200 000 kg de déchets/an. Ils sont pris en charge par un agriculteur des environs dont la mission est de transformer ces déchets fermentescibles en compost qui sera éventuellement offert aux clients du IGA de Granby.
Les frais (environ 20 000$) supportés par Serge Fleurent (achat de bacs, salaires des consultants, etc.) pour la mise en place de ce programme de recyclage ont rapidement été amortis, simplement en réduisant la quantité de polystyrène et de pellicule plastique utilisée pour emballer, notamment, les fruits et les légumes.
Recycler et revaloriser, à petite ou à grande échelle, est beaucoup plus facile à mettre en oeuvre qu'on le croit, explique en substance le propriétaire du IGA de Granby. En 2006, lorsqu'il a embauché une étudiante en géographie environnementale et une consultante de Sherbrooke, Serge Fleurent estimait pouvoir récupérer 25% environ de matières résiduelles. Il est "heureux de chez heureux", de constater que les résultats obtenus dépassent largement ses attentes.
Le supermarché exhibe d'ailleurs une bannière annonçant qu'il a reçu l'attestation «Ici on recycle», label certifiant la performance que l'organisme Recyc-Québec remet depuis 2003 aux industries, commerces ou institutions (ICI) qui mettent en valeur au moins 65% des matières résiduelles qui sont «valorisables». Cette initiative s'inscrit dans la foulée de la «Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008».