Il faut croire que viser l’excellence mobilise ; la filière du recyclage des pneumatiques usagés se mobilise et pactise de nouveau : l’accord signé il y a une semaine, doit permettre aux 15 signataires, acteurs privés ou institutionnels, d’opérer un nouveau virage vers l’excellence dans le traitement des pneus en fin de vie ou destinés au réemploi… Remplir sa mission de service public, définie par décret, sans être piloté par un éco-organisme, c’est possible ; tel est le message des manufacturiers et constructeurs automobiles. Aujourd'hui, le cercle s'élargit ...
En novembre 2012, constructeurs et manufacturiers gravaient un premier accord dans le marbre, histoire de formaliser leur partenariat visant le développement de la filière du recyclage pneumatique, ceci ayant pour objectif aussi, de montrer à l’Etat que l’on n’a pas besoin d’être pris par la main et d’être drivé, pour bosser correctement...
Le message véhiculé est simple : on n'a pas besoin d'être pris par la main...
En langage politiquement correct, point n’est besoin de créer un éco-organisme et de mettre en place des contraintes réglementaires quand l’accord volontaire suffit pour bien faire…
Les pneus usagés étant entre de bonnes mains, pas la peine de changer une équipe qui gagne : aux termes de l’accord, les constructeurs automobiles (représentés par le CCFA et la Csiam) s’engageaient à payer le recyclage des pneus usagés issus des VHU, tandis que les manufacturiers de pneumatiques (représentés par leur filiale Aliapur) se chargeaient du financement du recyclage des pneus de remplacement.
Il y a quelques jours, c’était le 11 février, un "Accord-cadre inter-acteurs" a été signé au CNPA pour la mise en place d’un "espace de partage des bonnes pratiques et de coordination" entre tous les acteurs de la filière des pneumatiques usagés.
On élargit bigrement le cercle ! Sont concernés aussi bien les pneumatiques pouvant être réutilisés (rechapage et marché de l’occasion –ce qui représente 20% des pneus collectés) que les pneus en fin de vie (80% des collectes), qui sont valorisés ou recyclés pour permettre la fabrication de nouveaux produits.
Le must, c’est incontestablement que 14 entreprises ou organisations et non des moindres, ont avalisé : Association française des importateurs de pneus, Aliapur, CCFA, CNPA, Csiam, Environnement commerce automobile, Feda, Federec, FNAA, Federec, FRP, Syndicat national du caoutchouc et des polymères, Syndicat des professionnels du pneu, regroupement de collecteurs Syvap, Travaux de normalisation du pneumatique pour la France, qui interviennent dans la partie aval de la filière pneu (distribution, collecte, réemploi et valorisation) ont signé et visent un objectif clairement exprimé : il faudra tout mettre en oeuvre pour que la filière atteigne l’équilibre économique.
Il s’agit à n’en point douter d’une nouvelle étape dans cette gestion autonome du recyclage des pneus, via un élargissement des acteurs concernés aux détenteurs et distributeurs (principalement les garages et centres auto, à travers leurs organisations syndicales et professionnelles), aux entreprises de collecte, aux rechapeurs et aux valorisateurs de pneus usagés.
Le document précise d’ailleurs que « chaque acteur de la filière de pneumatique s’engage à participer à une réflexion globale et à proposer les aménagements nécessaires à l’amélioration de la filière, qu’il s’agisse de l’information des acteurs eux-mêmes, des utilisateurs, du fonctionnement de la collecte et de ses modalités, de la valorisation des flux annuels de pneumatiques en fin de vie, mais aussi en vue de faire émerger de nouvelles voies de valorisation ».
« Ceux qui mettent les pneus sur le marché, manufacturiers et constructeurs, ont des responsabilités organisationnelles et se devaient d’impulser une action structurante sur l’avenir de la filière, en y associant tous les acteurs », a souligné Patrick Blain, le président du CCFA non sans préciser que « l’objectif est bien d’éviter la création d’un éco-organisme en démontrant que nous pouvons nous en sortir seuls en arrivant, à terme, à un coût nul pour le consommateur ».
Il sera bon de rappeler l’exemplarité : depuis le lancement de la filière (dix ans bientôt), les coûts de collecte et de valorisation ont baissé de 38 %. Conséquence ? L’éco-contribution est passée de 2,20 euros à 1,35 euro par pneu VL, ce dernier prix étant stable depuis 3 ans.
Initiateur de cet Accord-cadre dont il a jeté les bases dès le mois de novembre 2012, le Directeur général d’Aliapur Eric Fabiew a souligné que son souhait initial était de « constituer un espace d’échange permettant à chaque acteur d’apporter sa contribution à l’optimisation de la filière et d’avoir un lieu de concertation en vue de solutionner, par le dialogue, les difficultés, grandes ou petites, qui naissent de l’action (...) Cet Accord est l’expression de la maturité de notre filière : il nous permettra d’avoir davantage de cohésion et de maintenir notre rythme de progrès. Depuis avril 2004, et malgré des attentes différentes, chacun a pu mesurer le chemin parcouru. Même si le dispositif reste perfectible, 100% des pneumatiques usagés issus du remplacement sont collectés et valorisés chaque année ».
Et on sait ce qu'il nous reste à faire!
Tout cela étant dit, pas question de s’endormir sous les lauriers : « nous devons encore améliorer les conditions de collecte, poursuivre la recherche pour trouver de nouveaux débouchés aux pneus usagés », a poursuivi Eric Fabiew. Les priorités du directeur général d’Aliapur et de Jean-Louis Pech, Président de FRP sont complémentaires : tous deux militent en effet, pour revoir les conditions de collecte, faire en sorte de baisser les charges ou d’aménager le temps de travail. Le syndicat des Pro du Pneu se penche quant à lui sur les prix pratiqués sur les bennes, dont les tarifs sont pour le moins disparates, selon les régions.
« L’un des enjeux majeurs, au niveau européen, est aussi de faire sortir le pneu usagé de la catégorie déchet, afin de faciliter son exportation sous forme de granulats et ainsi élargir ses débouchés », a, pour sa part, rappelé Jean-Jacques Almon, président de TNPF.
Une chose est établie : tous ont choisi de travailler ensemble pour optimiser la collecte, le recyclage et de nouveaux débouchés.
Actuellement, la majorité des pneus collectés est transformée en combustibles dans les fours des cimentiers, puisqu’il est avéré que ce combustible de substitution est performant (et pas cher, qui plus est, ce qui ne gâche rien). D’autres applications existent en matière de recyclage, telles que les sols équestres, les aires de jeux, sols sportifs, sans compter que le pneu recyclés peut être incorporé à des bétons ou encore être utilisé comme matériaux antivibratoire.
Bref : il y a de quoi faire et optimiser ces pistes relève du bon sens, sans compter que chercher de nouvelles voies n’est pas interdit.
Aussi, on va s’organiser de manière rationnelle.
Des groupes de travail seront mis en place dans les semaines à venir. Parmi les problématiques qui pourront être abordées figurent déjà, par exemple, les conditions de collecte (en particulier l’amélioration de ces conditions par l’engagement de tous les acteurs concernés), la professionnalisation de la collecte (particulièrement la certification des métiers de collecte et de tri des pneus usagés) et le développement de la valorisation par l’établissement de partenariats en Recherche & Développement et la poursuite des travaux de normalisation.
Il sera nécessaire aussi, de mettre à plat ce qui ne va pas, de manière à évacuer les éventuels grains des sable des rouages de façon à avancer de concert : rien de tel pour ce faire, que le dialogue. Et entre personnes, de bon sens, nul doute qu’on ne calera pas en route !
Le mot de la fin revenait à Eric Fabiew pour qui « il reste à présent à mener un travail collectif et nous avons plusieurs chantiers afin de poursuivre l’optimisation de la filière. Celle-ci passe par la professionnalisation (Certificat de Qualification Professionnelle) des femmes et des hommes qui interviennent chaque jour. Elle passe aussi par la R&D afin d’améliorer les performances environnementales des solutions de valorisation, et par la normalisation des produits issus de la transformation des pneus usagés. L’optimisation de la filière passe enfin par l’information des acteurs et des utilisateurs… Le travail sur les conditions opérationnelles de la collecte et les conditions de mise à disposition/préservation des pneumatiques usagés sera l’expression du bien-fondé de cet Accord Cadre du 11 février 2014 ».
En sous-couche, on aura bien compris que l’on vise la reconnaissance d’un métier, d’un recyclage de qualité, la reconnaissance de l’existence d’une nouvelle matière, et sans doute aussi la sortie du statut (juridique) de déchet…