Le recyclage des panneaux solaires se concrétise
Janvier 2010 : première conférence internationale sur le recyclage des panneaux photovoltaïques. Elle se tient à Berlin… Un lieu de rencontre que ne pouvait ignorer l’association PV Cycle, créée il y a près de trois ans pour organiser le recyclage des panneaux solaires et qui entre dans sa phase opérationnelle. «Nous devons maintenant mettre en place ce que nous avons promis», a souligné son président, Karsten Wambach en faisant référence aux objectifs que s’est fixés la jeune filière: collecter au minimum 65% des modules installés en Europe depuis 1990 et en recycler 85%.
Des programmes de recyclage seront progressivement mis en œuvre en Espagne en juin prochain, puis en France, en Italie, en Belgique et aux Pays-Bas.
Mais PV Cycle a lancé très récemment en Allemagne le premier programme de reprise des panneaux solaires, avec l’installation de 10 points de collecte. Le projet constant à installer à terme 60 à 70 centres. «Un appel d’offres concernant les sites de recyclage a été lancé et le choix devrait être finalisé dans les prochaines semaines», a d’ailleurs précisé son directeur général, Jan Clyncke.
Les panneaux en question étant récent, il va de soi que pour l’instant les volumes de déchets de panneaux sont encore très faibles : 6 000 tonnes sur l’année 2010 environ, dont la moitié en Allemagne (pour l’essentiel, il s’agit encore de chutes de production, de panneaux cassés durant le transport ou l’installation, ou encore de retours de garantie). Mais à l’horizon 2030, 130 000 tonnes de ces produits en fin de vie seraient disponibles.
Installés au début des années 80, ces produits in en effet une durée de vie estimée à 25 ans. « « Il va de soi qu’il nous est impossible de produire sans nous soucier du devenir de nos déchets, d’autant que ces derniers nous permettent de récupérer le silicium et les métaux précieux contenus dans les panneaux » explique d’ailleurs Jan Clyncke.
Anticiper est toujours une bonne politique dans la mesure où pour l’instant, on ne sait même pas quelle sera la durée de vie effective de ces modules ni même quelle sera l’attitude de l’utilisateur qui pourrait choisir de les conserver, même s’ils ne fonctionnent plus qu’à 50% de leurs capacités. Et puis, et puis, il y a aussi les évolutions techniques rapides qui pourraient inciter le consommateur de ces produits à en changer plus vite que prévu, comme on l’a vu pour les ordinateurs, les TV ou encore les téléphones portables…
Pour financer le recyclage sur 2010, les membres de PV Cycle ont fixé la cotisation à 24 centimes d’euro par kilo de modules mis sur le marché. Ce chiffre a été calculé à partir d’études, de résultats d’appels d’offres ou encore d’audits. Mais seule l’expérience sur la logistique de collecte et le recyclage permettra réellement d’affiner les coûts structuraux.
En parallèle, des fabricants tels que First Solar ou Sunicon (SolarWorld) ont développé leur propre programme de collecte. «Pour des produits ayant une aussi longue durée de vie, il est important d’assurer au client dès l’achat qu’il bénéficiera d’un service de collecte, gratuit et de manière inconditionnelle dans le temps. C’est pourquoi, chez First Solar, ces fonds sont gérés par un administrateur, dont c’est l’unique mission», a confirmé Lisa Krueger, vice-présidente du développement durable du fabricant américain.
Il va de soi aussi, que les techniques de recyclage peuvent encore évoluer. L’an dernier, une opération-pilote a été menée sur les 2 000 modules monocristallins (19 tonnes), installés en 1983 sur le site belge de Chevetogne. Le traitement, thermique et chimique, a permis de valoriser 85% de la matière.
Sauf que depuis, les panneaux de seconde génération sont arrivés sur le marché : le cadmium entrant dans leur composition, cela rend le recyclage plus compliqué… Une chose est sûre : dans quelques années, il y aura de la matière à traiter. Il est donc tout à fait intelligent de se positionner dès à présent…