Le recyclage des ELA s'affirme...

Le 06/04/2011 à 16:25  
Le recyclage des ELA s'affirme...
20 ans d'Alliance Carton Nature Rendez-vous était donné dans un havre de paix, un endroit hors du temps, pour parler du temps qui est passé… Patrick de Noray et son équipe fêtaient en effet les 20 ans de l’ACN ; l’occasion de revenir sur un parcours parfois parsemé d’embûches (le recyclage des ELA ayant été controversé, bien des fois…) et de défis nombreux qui ont été relevés… C’était sans compter la volonté de faire mieux. Jeudi 24 mars, on a donc eu droit à une rétrospective des événements qui ont jalonné la vie des déchets d’emballages cartons pour liquides alimentaires au cours de ces 20 dernières années, mais aussi à l’annonce d’investissements majeurs, en France, destinés à recycler les ELA, pour de bon…

 Alliance Carton Nature (ACN) est l’association créée en 1990 par les 3 fabricants d’emballages carton pour liquides alimentaires Elopak, SIG Combibloc et Tetra Pak ; ACN travaille en étroite collaboration avec les autorités locales pour encourager la collecte des briques alimentaires, le grand public pour sensibiliser au geste de tri et enfin les centres de tri pour améliorer les techniques de tri des briques. Au niveau européen, l’Alliance appartient au réseau ACE, qui regroupe ces 3 sociétés ainsi que leurs fournisseurs mondiaux de carton.
Depuis 20 ans, ACN, qui a vocation d’encourager le tri, la collecte et le recyclage des briques alimentaires en étroite collaboration avec les collectivités locales, est impliquée dans la recherche & développement pour optimiser la gestion des emballages en fin de vie.
ACN propose également son expertise aux centres de tri pour les aider à optimiser la qualité et la quantité de briques triées…
Retour sur un parcours qui force le respect…

Pulpage20 ans déjà...
Créée en 1990 à l’initiative des fabricants de briques alimentaires, l’association Alliance Carton Nature s’est donnée pour mission d’améliorer le taux de recyclage de l’emballage brique. A l’époque, il y avait fort à faire, pour ne pas dire tout à faire…
A la tête de la structure, un homme extraordinaire, qui a su au fil des années défendre le produit, tout autant que le matériau, auprès des pouvoirs publics, des collectivités locales, des centres de tri et des recycleurs. Ce magicien, c’est René Hautin…

Car il est vrai qu’au tout début, il aurait mieux valu incinérer les briques qui disposent d’un fort pourvoir calorifique, et prendre le temps de travailler la recyclabilité et le recyclage de cet emballage complexe. Mais non : au lieu de l’incinération dans les règles de l’art, on s’est mis en tête de pratiquer le recyclage matière quand celui-là n’était pas possible ou presque…
La brique s’est retrouvée dans l’arène, sujette à bien des critiques, quant à son taux de recyclage ridicule, tant les centres de tri n’étaient pas encore adaptés au tri de ce type de produit…
 

Stockage des briques en balleEnviron 100 000 tonnes de briques sont mises sur le marché en France chaque année ; 75% de ce type d’emballage est fabriqué à partir de matière renouvelable ; 98% du carton utilisé par les membres d’ACN est produit en Europe du nord (Finlande et Suède).
Une brique alimentaire vide et sans bouchon pèse seulement 26g ; dans ce contexte, un camion peut transporter 600 000 briques à plat et 946 000 briques en rouleaux. Dans un autre registre un camion chargé de briques alimentaires est constitué à 95% avec le contenu et seulement 5% d’emballage (palette et emballage secondaire inclus).
Les fibres de carton de la brique alimentaire peuvent être recyclées 6 fois en moyenne.
Si le recyclage effectif des déchets d’emballages briques alimentaires constituent le point faible de cet emballage hors pair, le taux de recyclage de la brique augmente chaque année. Il est passé de 8% en 2000 à 43% en 2010.
 Pendant des années, le recyclage des ELA ne cassait pas des briques…
Et le temps passe… On passe d’un taux de recyclage de 8% en 2000 à un peu plus de 40% dix ans plus tard…
C’est sans conteste, la grande fierté de l’équipe de Patrick de Noray… Consciente des progrès qu’il reste à accomplir, l’Alliance continue son action, avec deux axes prioritaires : l’éducation des jeunes générations et la recherche de débouchés pour les composants polyéthylènes et aluminium, afin que l’emballage brique, soit effectivement recyclé le plus possible et en France si possible.

 Le travail accompli depuis deux décades est colossal : si les années 90 voient l’émergence d’une prise de conscience environnementale, les bons gestes en matière de préservation des ressources ou de tri des déchets restent un édifice à construire. Durant René Hautinsa première décennie, ACN a donc axé ses efforts sur l’information à destination des consommateurs et a choisi comme public prioritaire les enfants.
« Lorsque nous avons décidé de créer ACN, notre premier objectif était d’informer les consommateurs sur le bon profil environnemental de notre emballage, composé à 75% de carton issu du bois, puis de les sensibiliser à l’importance du tri des déchets », souligne René Hautin, président d’ACN entre 1990 et 1997. « Dès 1994, nous avons axé notre action vers les enfants, avec l’opération Robin des Briques, qui proposait une collecte massive des briques de lait dans les écoles et sensibilisait les élèves à l’importance du tri » ajoute l’ancien président.
Mais on ne s’arrête pas là : « la décennie 90 voit également la naissance de Brikkado, opération phare de l’association jusqu’en 2007. Lancée en 1996 en partenariat avec l’UNICEF, elle a permis d’éveiller la fibre éco-citoyenne des élèves de 17 000 écoles ».

 En 1990, « l’organisation du tri, de la collecte et du recyclage des déchets ménagers en France était quasi inexistante. Au fil des ans, l’Alliance a accompagné la construction d’un système pérenne, fiable et efficace : l’association a d’abord concentré ses efforts en travaillant auprès des institutions et organismes publics, comme Eco-Emballages et Revipac, afin de créer un socle stable permettant l’organisation de la collecte au niveau national. A partir des années 2000, le champ d’actions d’ACN s’est élargi : l’association a accompagné ses actions de sensibilisation et d’information avec une démarche de terrain. ACN s’est ainsi renforcée avec une équipe opérationnelle : un directeur et des délégués régionaux, qui ont sillonné le territoire français, allant à la rencontre des collectivités locales, centres de tri, recycleurs et industriels».
Leur objectif ? Optimiser les systèmes de collecte, de tri et de recyclages des briques alimentaires, en apportant leur expertise technique et en mettant en contact tous les acteurs de la chaîne du recyclage

 « Nous avons d’abord mis en place des contrôles qualité en centre de tri, puis proposé des expertises techniques visant à améliorer les performances de tri des déchets briques alimentaires : depuis 2000, les équipes ACN ont ainsi mené près de 400 contrôles qualité et près de 230 expertises techniques », précise Patrick Desormeaux, successeur de René Hautin, de 1997 à 2002. Afin de stimuler l’action des collectivités locales et centres de tri, ACN a en outre lancé à partir de 2004 le Trophée de la Brique d’Or, qui a réuni 100 tandems collectivités locales / centres de tri entre 2004 et 2009 et récompensé les plus performants en matière de collecte sélective des briques alimentaires.

Bobinage Si l’association a été très active auprès du grand public et des services territoriaux durant cette période, elle a également travaillé avec les recycleurs en facilitant la coordination avec les centres de tri et soutenu les industriels, en proposant à partir de 2008 l’Engagement de reprise sur les déchets industriels.
« Aujourd’hui, on peut se féliciter du chemin parcouru : le tri est entré dans les moeurs. Cela étant, il est nécessaire de travailler à ce que toutes les briques alimentaires produites sur le marché français soient effectivement recyclées. « En 2010, le taux de recyclage des briques alimentaires s’élevait à 43%, ce qui est déjà un très bon résultat. Nous travaillons à améliorer encore ce taux », explique Patrick de Noray, actuel Président d’ACN. Si l’association a été très active auprès du grand public et des services territoriaux durant cette période, elle a également travaillé avec les recycleurs en facilitant la coordination avec les centres de tri et soutenu les industriels, en proposant à partir de 2008 l’Engagement de reprise sur les déchets industriels.

Mettre en place un recyclage efficace grâce à la collecte et au tri
Le Grenelle fixe les objectifs de recyclage qui visent 75% de taux de recyclage en 2012 ; si certains emballages ne connaissent guère de difficultés pour atteindre les objectifs, d’autres en revanche, se lancent dans la compétition avec un handicap.
C’est le cas des briques alimentaires…
Bénéficiant de l’activité d’un précurseur, Matussière et Forest, premier industriel papetier à avoir mis au point un papier 100% fibres recyclées, premier aussi à avoir proposé un papier recyclé blanchi sans chlore, la brique collectée était largement écoulée via l’usine de Rambervillers… qui absorbait 60% de ce qui était collecté.
Oui mais voilà…
Le précurseur était sans doute trop en avance. En 2004, on annonce que le papetier va mal. Rapidement, rien ne va plus. Un repreneur se manifeste… Mais c’est sans les activités de ce type…
Puis Matussière disparaît du paysage papetier français…
Il n’y a plus alors de repreneur français pour les déchets d’emballages de briques alimentaires. L’Allemagne et l’Espagne captent le gisement français ; Stora Enso bénéficie en Espagne d’une capacité de traitement de 100 000 tonnes…
Cela étant, il devenait évident qu’il faille restaurer de quoi recycler en France…
C’est chose faite. On ne peut que s'en réjouir!
Patrick De Noray « Nous avons collaboré dans ce sens avec Novatissue, papetier vosgien, en lançant en fin d’année 2010 une ligne papetière qui utilise à 100% le carton des briques alimentaires, afin d’utiliser les fibres recyclées pour d’autres produits », poursuit le président de Noray.
Basé non loin d’Epinal, l’industriel qui appartient au groupe Italien Lucart, s’est équipé moyennant un investissement de 10 millions d’euros, pour recycler 35 à 40 000 tonnes par an de briques alimentaires qui seront transformées en papier d’essuyage industriel, essuie-tout ménager et papier toilette…
« Ce sera la première fois qu’on sera en mesure de proposer un produit issu à 100% du recyclage des briques alimentaires… Le process complet dure environ 60 minutes, indique Hervé Kraemer, le directeur du site. Notre unité atteindra sa vitesse de croisière dès 2013... mais il est bon de noter que notre produit est d’ores et déjà agréé "contact alimentaire"…
Pour l’heure 1/3 du PE/Aluminium est recyclé ; notre objectif est de doper cette fraction dans la mesure où nous disposons de débouchés possibles pour environ 3 000 tonnes par an. Il faut donc pouvoir fournir les granulés et satisfaire cette demande, puisqu'elle existe 
», complète Patrick de Noray…

 Le défi d’ACN pour cette nouvelle décennie est donc de trouver des débouchés pérennes et à grande échelle pour le polyéthylène et l’aluminium des briques, afin que celles-ci, passent du statut « recyclables » à celui de « recyclées ».
« Le polyéthylène et l’aluminium sont aujourd’hui recyclés et utilisés dans l’industrie, notamment pour la fabrication de piquets de vignes et de mobilier urbain, mais ces débouchés ne sont pas suffisants pour utiliser l’ensemble de la matière issue du tri français. Nous travaillons donc à trouver de nouveaux débouchés et espérons pouvoir annoncer prochainement le recyclage à 100% des trois matériaux constituant la brique alimentaire… A terme, il est clair qu’il faudra éliminer le mot déchet du vocabulaire dédié aux emballages destinés au recyclage »… conclut le président Patrick de Noray.