Le recyclage de l'acier serait-il diffuseur de radioactivité ?

Le 01/09/2009 à 10:14  

Le recyclage de l’acier serait-il diffuseur de radioactivité ?
ferraille Parfois fabriqués avec du métal légèrement contaminé, des produits courants révèlent un taux de radioactivité. Boucles de sacs à main aux Pays-Bas, instruments de musique en Belgique, ustensiles de cuisine aux Etats-Unis, articles de quincaillerie en Allemagne, produits métalliques en Italie, boutons d’ascenseur ailleurs… Les alertes de ce type portant sur des biens de consommation se sont multipliées ces dernières années. D'où vient cette radioactivité que l’on retrouve dans des produits achetés dans la grande surface du coin… Serait en cause, de l’acier fabriqué en Inde ou en Chine, à partir de ferrailles contaminées au cobalt 60, au césium 137 ou au radium...

Petit retour en arrière… Octobre 2008 : débarquement chez Mafelec de quatre inspecteurs dans l'entreprise iséroise. Les hommes de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) installent leurs outils et procèdent aux premières mesures. Quelques jours plus tôt, les ouvriers de cette fabrique de composants pour ascenseurs apprenaient qu'ils avaient manipulé des métaux radioactifs.


A la suite de quoi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a classé l'incident au niveau 2, ce qui constitue du jamais vu pour une entreprise qui ne travaille pas en relation directe avec le secteur nucléaire. Au siège du sous-traitant d'Otis, à qui les boutons d'ascenseur étaient destinés, stupéfaction générale et réaction immédiate : plusieurs sites français avaient déjà été livrés, obligeant l'entreprise à récupérer ses lots suspects.

Le problème est que cette affaire ne constitue pas un cas unique dans son genre. Partout, aux Pays-Bas, en Belgique, aux Etats-Unis, en France en passant par l’Allemagne ou en Italie, des alertes à la radioactivité portant sur des biens de consommation ont été déclenchées au cours de ces dernières années.

Il se pourraient que tous ces produits auraient un point commun : ils auraient été fabriqués avec de l’acier Chinois ou Indien…, lequel acier aurait été fabriqué à partir de ferrailles contaminées au cobalt 60, au césium 137 ou au radium.

radioactivité Bigre…

On ne veut pas tirer la sonnette d’alarme à tout va. Pour autant, il est bon de se souvenir que la moitié de l'acier produit dans le monde est fabriqué à partir du recyclage de ferrailles. Si les VHU, appareils électroménagers, emballages métalliques et autres déchets électroniques ne posent guère de problèmes, il en va souvent autrement de certaines machines industrielles et médicales qui peuvent contenir des sources radioactives. Ces machines et appareils, normalement suivis de près par les autorités nucléaires sont scellés et font l'objet d'un retraitement à part. Sauf, que parfois, il arrive qu'elles soient abandonnées par erreur dans des déchèteries, ou récupérées par des « professionnels » peu scrupuleux, notamment lorsque des usines mettent la clef sous la porte.

Des lots de métaux radioactifs, on en rencontre tous les ans a exprimé un responsable du programme de gestion des déchets radioactifs à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le plus souvent, la contamination provient d'appareils de mesure, de dispositifs d'imagerie médicale, mais aussi d'équipements dédiés à des installations pétrolières.

Bref : ces trois dernières années, 150 alertes à la ferraille radioactive auraient été enregistrées par l'AIEA.

Si ces sources de pollution radioactive sont accidentellement fondues dans les hauts-fourneaux, c'est la cata : en effet, c'est ainsi que des tonnes de rouleaux d'acier contaminé partent dans les usines, où elles sont transformées en montres, en téléphones, en ustensiles de cuisine... « Les douanes belges interceptent régulièrement des barres d'acier contaminé en provenance d'Inde. On a découvert une fois qu'elles allaient être utilisées dans l'industrie agroalimentaire pour trier et conditionner des aliments ! Nous sommes arrivés juste à temps », a cerifié André Poffijn, inspecteur à l'agence fédérale belge de sûreté nucléaire.

compteur Geiger Que découvrirait-on en faisant ses courses avec un compteur Geiger sous le bras ? Les objets radioactifs retrouvés ces dernières années n'avaient pas été contrôlés avant d'être mis dans les linéaires. Quand ils sont interceptés, c'est souvent de manière fortuite, comme ces montres dont le bracelet était radioactif, en vente au début des années 2000 dans les hypermarchés Carrefour, et découvertes après qu'un salarié d'une centrale nucléaire eut fait sonner un portique de détection, à l'entrée du site. Le 6 février 2007, à l'institut Laue-Langevin de Grenoble, c'est un sac à main acheté au Royaume-Uni qui déclenche l'alerte des capteurs. Faisait-il partie du lot de sacs contaminés au cobalt découvert quelques semaines plus tôt par les douanes néerlandaises à Rotterdam ? Peut être.

Bon. Soyons clairs : ces alertes n'ont pas été dommageables pour la santé car les doses reçues ont été faibles et les durées d'exposition, très courtes. Mais elles suscitent des questions sur la façon dont les citoyens sont protégés contre cette radioactivité d'origine « industrielle ». En effet, « le risque de voir un jour des produits importés, comporter des doses plus importantes est loin d'être nul », laisse-t-on entendre du côté de l'ASN...