Le problème de l'étain dans les aciers issus de collecte sélective
Si le problème principal entre l'incinération et la collecte sélective réside dans les volumes traités et récupérés, il existe également une différence dans la nature des produits collectés. La teneur en étain varie sensiblement selon les gisements...
L'écart peut être de 1 à 4 selon les modes de traitement. La proportion d'étain est de 0,25 % dans la ferraille issue du tri sélectif, de 0,11 % en sortie de four, et de 0,08 % en sortie de four après broyage. Cette différence s'explique d'une part par le fait que la collecte sélective porte quasi exclusivement sur les emballages acier, qui sont pour la plupart revêtus d'étain, et d'autre part, parce que l'incinération élimine une partie de ce métal (le " désétamage ").
Il a été établi qu'avec le recyclage systématique, la teneur en étain augmentait pendant près d'un siècle, et que, avec un recyclage à 100 % issu de collecte sélective, la teneur en étain était, en fin de période, sept fois plus grande qu'avec la ferraille d'incinération. Dans le pire des cas, la teneur resterait toutefois en dessous du référentiel établi par les industriels. Il ne s'agit donc pas d'un véritable danger, mais d'un point à surveiller. Les professionnels veulent éviter que l'étain passe d'un statut de revêtement à celui d'élément d'alliage dans l'acier, ce qui serait nocif au delà de certaines teneurs.
En outre, même compactés, les déchets récupérés n'atteignent pas toujours la densité souhaitable pour une utilisation optimum. On considère que le délai moyen entre deux fusions successives (" top to top ") est d'une heure. L'un des facteurs de réussite est la densité du produit enfourné. Moins le produit est dense, plus le délai s'allonge, et plus le rendement diminue.
Plusieurs pistes sont envisagées pour améliorer la qualité des ferrailles collectées en tri sélectif. La solution la moins coûteuse est le compactage systématique (entre 120 et 150 F la tonne). Le broyage à marteaux, aujourd'hui réservé aux aciers en sortie d'incinération, représente un investissement lourd, et certainement inaccessible pour les petites unités (de l'ordre de 20 à 50 millions de francs), mais le broyeur à couteaux peut être adapté aux collectes sélectives (1 à 2 millions de francs). Le broyage, adapté aux petites unités, est aujourd'hui à l'étude (méthode Arcelor soutenue par Éco-Emballages). Le seuil de rentabilité ne descendrait pas en dessous de 500 tonnes d'acier annuel.
Enfin, d'autres gisements n'ont pas encore été exploités. Au moins 250 000 tonnes échappent aujourd'hui à la collecte. La thermolyse permettrait d'isoler et de récupérer très facilement les métaux contenus dans les déchets ménagers, mais aussi dans d'autres gisements, comme les pneus par exemple (une tonne de pneus en thermolyse permet de récupérer 100 à 150 kilos d'acier).