Le marché du biogaz ne décollera pas avant 2013

Le 17/07/2012 à 13:12  

Le marché du biogaz ne décollera pas avant 2013

 Xerfi vient de publier une étude approfondie, après plusieurs semaines d’enquêtes et d’analyses, sous le titre : « Le marché du biogaz à l’horizon 2015-2020 – Dynamique par filière et décryptage du modèle économique d’un projet » ; ce travail est co signé par deux auteurs, Flavien Vottero et Marius Fernandez...

 Voici quelques-uns des principaux enseignements de cette analyse de 240 pages :
Le marché français du biogaz (issu de la méthanisation et des centres d’enfouissement technique) est-il un eldorado ou une bulle spéculative ? Force est de constater que cette filière du traitement de la valorisation des déchets profite d’un cadre réglementaire favorable, qui tranche avec le reste des énergies renouvelables. D’abord, le tarif d’achat de l’électricité produite à partir du biogaz a été réévalué de 20% en mai 2011. Ensuite, l’injection du biométhane dans les réseaux publics de gaz naturel est autorisée depuis novembre 2011. Sans oublier l’obligation de tri et de déchet pour les gros producteurs de déchets fermentescibles, entrée en vigueur en juillet 2011. Dans ces conditions, les experts de Xerfi anticipent un doublement du marché à l’horizon 2020 à 700 ktep. Ils prévoient également une hausse du nombre d’installations valorisant le biogaz à 304 unités en 2013, contre 270 fin 2011.

Des projets tributaires des subventions publiques
Tous ces dispositifs de soutien vont bien sûr permettre d’accroître l’activité et les revenus des exploitants à l’avenir. Toutefois, le décryptage de plusieurs projets, réalisé par les experts de Xerfi, montre qu’une installation de méthanisation coûte aujourd’hui 1,6 à 2,3 fois plus cher en France qu’en Allemagne. L’équilibre économique de ces projets reste en outre tributaire des subventions accordées par les collectivités régionales, qui représentent 25% à 50% des dépenses d’investissements.
Sous l’effet de la dégradation de l’environnement économique, les subsides publics diminuent tandis que les banques et les investisseurs privés se montrent prudents. Plusieurs projets risquent donc d’être reportés ces prochains mois. Si les installations agricoles et industrielles représentent près des deux tiers des unités de méthanisation de l’Hexagone, elles ne contribuent qu’à un tiers de la production de biogaz. À l’inverse, les usines de méthanisation des ordures ménagères (moins de 5% des installations répertoriés en France) génèrent presque le quart de la production biogaz en France.
Pour répondre à certains problèmes techniques (hausse des investissements initiaux pour cause de pannes ou variation des revenus pendant l’année liée à la saisonnalité d’approvisionnement des sous-produits), les acteurs de la filière unissent leurs forces. Pour capitaliser sur les premiers retours d’expérience, Methaneo et Valorem ont mutualisé leurs compétences dans les projets de méthanisation agricole.

Les énergéticiens à la manoeuvre
Malgré les difficultés rencontrées par les intervenants, le marché français du biogaz, porté par un environnement réglementaire favorable, se structure autour des grands opérateurs. Aux côtés des pure players comme Fertigaz ou Naskeo Environnement, les grands gestionnaires des déchets (SITA/Suez Environnement et Veolia Propreté) et les groupes de l’énergie (EDF et GDF Suez) sont passés à l’offensive pour gérer ces installations. L’acquisition de 60% de Methaneo par Séchilienne-Sidec en mai 2012 illustre la montée en puissance des énergéticiens.
D’autres groupes d’envergure se pressent également pour pénétrer ce marché. C’est le cas d’Air Liquide depuis l’autorisation d’injecter du biogaz dans le réseau de gaz naturel...