Le démantèlement des installations nucléaires et la gestion des déchets radioactifs



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La radioactivité est la transformation spontanée d’un noyau atomique au cours de laquelle ce dernier émet un rayonnement ionisant qui peut être constitué de particules alpha (noyaux d’hélium), bêta (positons électrons) et d’un rayonnement de photons de haute énergie. Les rayonnements alpha et bêta sont des flux de particules matérielles susceptibles d’être respectivement arrêtés par une feuille de papier et une feuille d’aluminium, tandis que le rayonnement est constitué de petits grains d’énergie sans masse, très pénétrants, qui ne peuvent être arrêtés que par plusieurs décimètres de plomb ou de béton. |
La Cour des comptes a conduit ce travail, qui fait suite à une insertion sur les charges futures du secteur nucléaire dans son rapport public de 1998, avec le souhait de rendre plus transparents certains éléments de débat, habituellement présentés comme techniques mais auxquels l’opinion publique est particulièrement attachée dès lors qu’il s’agit du nucléaire.
La France a, pour des raisons économiques et stratégiques, choisit de développer une filière nucléaire forte. Au sein de cette filière, la quasi-totalité des installations nucléaires est exploitée par des établissements ou entreprises publiques. Ce sont ces établissements qui produisent l’essentiel des déchets radioactifs.
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Le régime juridique des installations nucléaires prévoit leur démantèlement à la suite de leur mise à l’arrêt définitif. De même, la reconnaissance par la loi du principe « pollueur-payeur » impose aux exploitants d’assurer ou de faire assurer l’élimination des déchets qu’ils produisent. La satisfaction de ces exigences est un défi pour la filière, tant en termes techniques que financiers. La sensibilité extrême de l’opinion publique à la question du nucléaire élève le niveau d’exigence qui s’attache à la résolution de ce défi.
La Cour a examiné les premières expériences de démantèlement d‘installations nucléaires et de mise en œuvre de solution de stockage des déchets radioactifs avec le souci d’apprécier l’efficacité de ces actions, les coûts qui en découlent et leur mode de financement.
L’analyse du démantèlement de l’usine de retraitement des combustibles de Marcoule a révélé des coûts exceptionnellement élevés, engendrés notamment par des installations conçues à une époque où on se préoccupait peu de ce type de question. De la même manière, le démantèlement des centrales nucléaires de première génération, construites dans les années 1950 et 1960, apparaît beaucoup plus coûteux que prévu.
Tel ne devrait pas être le cas pour les démantèlements des centrales nucléaires actuelles, dont le coût devrait rester conforme aux prévisions initiales. En effet, ces centrales sont plus compactes et leur démantèlement bénéficiera à plein d’un effet de série et de l’expérience des premiers démantèlements.
Les déchets radioactifs de nature différente selon leur degré de radioactivité et leur durée de vie et appellent des solutions adaptées à ces caractéristiques.
Les déchets radioactifs issus du retraitement en France des combustibles étrangers sont tous destinés à être réexpédiés dans leur pays d'origine. L’essentiel est dès lors de veiller à leur renvoi effectif et de faire preuve, à cet égard d’une transparence renforcée.
En ce qui concerne les déchets produits sur notre territoire, les déchets de faible ou très faible radioactivité à vie courte sont stockés en trois centres créés entre 1992 et 2003 et gérés par l’Agence nationale pour la
Pour les déchets les plus nocifs, la loi Bataille de 1991 a prévu une période de 15 ans pour effectuer des recherches dans trois axes (séparation et transmutation des déchets ; stockage en couches géologiques profondes ; entreposage de longue durée en surface). En 2006 aura lieu un débat parlementaire qui devrait se prononcer sur la création d’un centre de stockage.
Quant aux évaluations du coût du stockage profond, les fourchettes présentées sont extrêmement larges et le coût réel dépend en fait du succès de la stratégie de retraitement recyclage effectivement pratiquée.


Plusieurs facteurs peuvent, certes, influer sur les coûts futurs, à la hausse comme à la baisse, en fonction des choix qui seront faits (et notamment si les obligations de sûreté nucléaire devenaient plus élevées). La Cour recommande toutefois que soient réduites les divergences apparues à ce sujet entre l’Andra et les producteurs.
Le financement de ces charges futures suppose que les opérateurs aient une capacité financière suffisante et que les fonds dédiés soient sécurisés. De ce point de vue, les situations sont encore contrastées. Areva a prévu des actifs dédiés à cette fonction, dont le niveau actuel est de nature à satisfaire les besoins futurs. Ce n’est pas encore le cas pour EDF. Le fond dédié pour les installations civiles du CEA devra être abondé. En ce qui concerne les installations intéressant la défense et gérées par le CEA, le ministère de la défense a cessé de verser des contributions depuis la fin 2002 ; un fonds spécifique devrait être créé pour ce type d'installation début 2005.
Les dernières interrogations de la Cour concernent l'information du citoyen. Des progrès ont été accomplis. Beaucoup reste néanmoins à faire, ne serait-ce que pour préparer le débat législatif de 2006, qui devrait contribuer à nourrir le débat public. Le renforcement des actions de communication et de la transparence est en effet une condition nécessaire à la pleine réussite de ce débat.

Rapport de la Cour des comptes sur le démantèlement des installations nucléaires et la gestion des déchets radioactifs (1 308 ko)
