Le compostage, à la mode autrichienne
L'Autriche possède près de 550 installations pour valoriser les déchets "dans l'agriculture, dans les communes ou chez les particuliers". Des montagnes d'épluchures de légumes, feuilles mortes et autres déchets biodégradables sont collectées dans des bennes spécialisées ou dans des déchèteries. Il y a donc une filière spécialisée dans le ramassage et le traitement des biodéchets uniquement. Bien entendu, celle-ci a pu se développer grâce à un cadre législatif favorable. En effet, séparer les ordures biodégradables du reste est une obligation depuis 1995 pour tous les ménages autrichiens. Il ne fallait que ça alors pour faire changer les habitudes?
On observe que cela ne s'applique pas qu'aux particuliers, et c'est ce qui fait le succès de cette filière. Les grandes surfaces de supermarchés y participent aussi, à leur manière, en vendant des sacs plastiques 100% compostables pour quelques dizaines d'euros. On peut noter que plusieurs grandes communes s'étaient déjà lancées dans la grande aventure du compostage dès la fin des années 1980, dont la capitale Vienne. Actuellement, ses 1,2 millions de citoyens trient soigneusement quelque 90 000 tonnes de déchets, surtout de jardin, pour y être recyclés en 45 000 tonnes de compost par an. Ce matériau est réutilisé dans les champs et les vignes se trouvant dans les collines autour des villes, les espaces verts publics...De plus, environ 10 000 autres tonnes permettent de produire du biogaz entrant dans la production de chauffage urbain pour plusieurs centaines de foyers.
La seconde ville du pays, Graz, atteint même un taux de 87kg de déchets biodégradables collectés par an et par habitant. Les bons trieurs sont récompensés en réduisant leur facture de ramassage des ordures. Les communes en font un principe environnemental car s'ils n'étaient compostés les déchets devraient être incinérés, ce qui coûterait de l'argent en traitement de cendres toxiques.
Cependant, même avec des taux de compostage records, les Autrichiens ont encore du chemin à faire. A Graz, 43% des déchets biodégradables terminent encore dans la mauvaise poubelle et ne sont donc pas valorisés. A Vienne, il y a de fortes disparités entre les arrondissements périphériques et urbains où les immeubles ne sont pas dotés de bennes à domicile. Les résidents doivent donc se rendre aux conteneurs comme pour le verre, les bouteilles en plastique, les cannettes et boîtes de conserve. Dans la capitale, la manque à composter atteint les 200 000 tonnes par an. Mais on peut faire confiance aux autrichien pour remédier à cette situation. La mairie possède déjà une brigade spéciale appelée les "Waste watchers" qui peuvent sanctionner les infractions à la "loi sur la propreté" par des amendes allant de 36 à 1 000 euros. L'argent récolter sert à financer le nettoyage des rues et parcs publics.