Le Clemenceau arrive enfin à bon ( ?) port…
La construction du navire a débuté en décembre 1955 à l'arsenal de Brest : long de 265 m, large de 51,20 m, le porte-avions pesait 24 200 tonnes à vide. En novembre 1961, le Clemenceau rejoint à Toulon le groupe des porte-avions. Il a été retiré du service actif en septembre 1997 tandis que son "jumeau", le Foch, a été vendu à la marine brésilienne et s'appelle aujourd’hui Sao Paulo.
Le Clem est de retour. Il jettera l’ancre cette semaine, le 17 mai, dans le port militaire de Brest en attendant...
Une fois arrivé à bon ( ?) port, une quinzaine de jours seront sans doute nécessaires pour évaluer l'état du navire. La direction des constructions navales doit cartographier toutes les zones potentiellement dangereuses du bâtiment. Officiellement, 115 tonnes d'amiante ont été retirées du navire sur un total estimé à 160 tonnes. Toutefois, 85 tonnes seulement sont arrivées au centre d'enfouissement de Bellegarde (Gard)…
24 000 tonnes de ferrailles, ce n’est pas rien
Très vite, le maire de Brest, François Cuillandre, avait déclaré qu'il ne voulait pas que "l'ex-Clemenceau pourrisse en rade" et souhaité qu'"il ait disparu de l'horizon pour les fêtes maritimes de l'été 2008".
Rapidement aussi, toutes couleurs politiques confondues, des voix se sont élevées appelant à saisir l'occasion de créer une filière de déconstruction.
A Brest, pourtant, la Direction des constructions navales (DCN), employeur n°1 avec 3 100 salariés lié à la marine nationale, n'a pas d'habilitation pour désamianter les navires et confie cette tâche à d'autres.
A ce jour, l'opération la plus importante a été menée, en 2004, sur la peinture amiantée du sous-marin à propulsion classique Ouessant. Mais ce bâtiment mesure 67 m de long, quand le Clemenceau en affiche 265.
Et si, l'an dernier, un ponton-grue de l'arsenal a été démantelé, il ne représentait que 3 600 tonnes de ferrailles, quand le Clemenceau en pèse 24 000 !
Selon notre confrère Le Monde, "à Brest, on ne sait pas encore si le porte-avions sera désamianté sur place et démantelé ailleurs, dans un pays tiers. L'hypothèse d'un nouveau départ semble cependant compliquée. Pour des raisons médiatiques, après l'épisode indien, mais aussi pour des considérations techniques, car, fait remarquer un ingénieur de l'armement, "pour accéder à l'amiante restant, il faudra déconstruire".
"Nous sommes ouverts à une filière de déconstruction, à condition que cela ne perturbe pas les outils utilisés par la construction et la réparation navale civile et militaire", explique de son côté, le maire de Brest. Des activités qui sollicitent les formes de radoub.
A la pointe du Finistère, au bout de la Bretagne, on a également le sentiment qu'une filière de démantèlement n'a pas vraiment d'avenir, du moins pour la marine marchande. En revanche, dans le domaine de la défense, l'Etat pourrait donner l'exemple, mais en subventionnant une filière où les coûts seront plus élevés qu'en Asie pour ne citer que cet exemple. Il faut garder en mémoire qu'entre 50 et 70 navires de la marine nationale seraient concernés d'ici à 2015.
A la fin de l'été, passation de marché
"Si tant est qu'une filière européenne voie le jour, Brest a toute légitimité à revendiquer le rôle de pôle français", estime Marguerite Lamour, députée UMP de Brest, chargée d'un rapport sur les navires militaires en fin de vie par la Commission Défense de l'Assemblée. Mais, dans le cas du Clemenceau, les pronostics de coût sont difficiles, tant que la quantité d'amiante restant et sa localisation ne sont pas déterminées par les experts.
"Entre une peinture amiante sur une coque et une autre à enlever au fond, le prix varie de 100 à 300 euros hors taxes le m2", explique Erwan Lambert, Président de la société SIB, seule habilitée à Brest à intervenir sur l'amiante.
Il évalue le chantier de démantèlement à un an et demi et à 200 emplois directs.
D'ailleurs, il s'est rapproché d'autres industriels locaux, en particulier la société Brest Récupération, dirigée par Michel Guyot, spécialisée dans la récupération et le traitement de la ferraille, afin de se positionner au même titre que d'autres candidats nationaux pour traiter le "Clem".
De passage à Brest, vendredi dernier, la Ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a précisé que "le lancement du marché public pour le démantèlement du navire aurait lieu à l'automne. Le recueil des candidatures se fera à la fin de l'année. Les offres devront être remises au printemps et le contrat sera attribué en décembre 2007".