Le brûlage des déchets n'est pas sans particul'airités
L'Ademe vient de présenter les résultats du programme d'étude Particul'Air, une série d'évaluations du niveau de particules dans l'air des zones rurales en France. Il permet de disposer de nouvelles informations sur les sources de pollution particulaire dont l'impact environnemental et sanitaire est aujourd'hui scientifiquement démontré. On notera que la combustion de biomasse (chauffage au bois, brûlage de déchets) est responsable de 18% des particules relevées...
Particul'Air est un programme inédit, réalisé en partenariat avec le CNRS, un laboratoire universitaire, et 8 AASQA (Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air), le tout coordonné par Atmo Poitou Charentes. Il va permettre de renforcer les connaissances pour mettre en œuvre le Plan Particules du Grenelle Environnement, qui fixe un objectif de réduction de -30% des niveaux de particules dans l’air ambiant d’ici à 2015.
Concrètement, afin de mieux appréhender et réduire les sources de particules dans les zones rurales, rarement étudiées, ce programme a été conduit simultanément sur 9 villages ruraux dans 8 régions : Auvergne, Basse-Normandie, Bretagne, Centre, Franche-Comté, Limousin, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes. Il a ainsi permis de mesurer dans l’air les niveaux de particules PM10 (c'est-à-dire les particules atmosphériques avec un diamètre aérodynamique inférieur à 10µ), HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) et métaux lourds et d’étudier l’influence des différentes sources de particules sur la qualité de l’air dans les zones rurales. Comme on peut le voir ci-dessous, les sources d’émission ont pu être identifiées pour 82% de la masse des particules. L’Ademe recommande donc de mener des travaux de recherche complémentaires pour connaître les sources des 18% restants.
Cette étude nous apprend que les niveaux de particules, d’HAP et de métaux lourds, mesurés entre 2009 et 2010 dans les zones rurales françaises, sont inférieurs aux normes européennes sur la qualité de l’air, à l’exception du site de Lescheraines en Rhône-Alpes. Cela s’explique par l’accumulation dans l’air des polluants émis localement, sous l’effet du phénomène d’inversion de température caractéristique de ces zones dites de "fond de vallée". Les résultats confirment ainsi les observations issues d’autres projets de recherches, et vont plus loin puisqu’ils identifient la combustion de biomasse (chauffage au bois et brûlage à l’air libre de déchets verts) comme source principale de cette pollution en fond de vallée.
Afin d'améliorer la qualité de l’air tout en privilégiant le développement de la biomasse, l’Ademe recommande donc la mise en place d’équipements performants. Elle rappelle que le remplacement des appareils vétustes est bénéfique pour la qualité de l'air et le climat, mais aussi pour le budget des ménages et des collectivités : pour les logements collectifs ou l’industrie, la mise en place d'appareils de chauffage de puissance thermique élevée (et notamment supérieure à 2 MW) permet d’obtenir un niveau très faible d’émissions de particules ; pour les logements individuels, il s’agit d’utiliser des appareils de chauffage au bois hautement performants, peu émetteurs de particules, comme les nouveaux inserts fermés, poêles et chaudières par exemple.
L'Ademe préconise également une meilleure gestion des déchets. Etant donné que le brûlage des déchets à l’air libre est interdit (circulaire interministérielle du 18 novembre 2011, voir notre article : Brûlage des déchets verts : un risque sanitaire), l’Agence précise que des solutions alternatives existent, notamment les actions individuelles (paillage et compostage) ou collectives (collecte sélective au porte-à-porte ou en apport volontaire et valorisation collective par compostage ou méthanisation).
Pour plus d'informations, l'intégralité du rapport final du programme d'étude Particul'Air est disponible ici.