Emballage : le bioplastique entre dans la cour des grands
4 ans de combat ou pas loin… ont été nécessaires pour se faire entendre et gagner la partie, délicate il est vrai, à jouer. D’un côté, les professionnels du bioplastique, de l’autre, celles et ceux qui ont freiné des quatre fers pour que le projet de développer le plastique végétal reste enterré. Sauf que ne pas utiliser cette forme d’emballage notamment pour développer le compostage devenait une hérésie… Désormais, l’affaire est dans le sac : hier, ils sont venus et étaient tous là pour signer la convention tant attendue. L’événement a eu lieu hier dans le cadre du Congrès des Maires, présidé par Jacques Pélissard…
Le bioplastique aura eu la vie dure… et la bataille aura été rude pour faire entendre raison et donner satisfaction à la filière des sacs en plastique végétal (Voir Bioplastique : du nouveau dans les tuyaux). Qu’à cela ne tienne : "patience et longueur de temps font plus que force ni que rage", aurait nécessairement rappelé le sage La Fontaine.
Hier, le moment tant attendu par les membres du club Bioplastiques était arrivé : ils signaient enfin une convention qui permettra aux sacs plastique végétal de cesser d’être le truc qui gratouille et donc qui dérange…
L’affaire est désormais dans le sac : le bioplastique va pouvoir sortir de l’ombre et même bénéficier d’une commercialisation sans discrimination. Il faut dire qu’à défaut d’un accord, les sacs plastiques classiques étaient plus ou moins menacés de prendre une taxe sur le coin du nez. Incontestablement, cette épée de Damoclès a facilité l’aboutissement d’un accouchement difficile (voir Plastique : Le "bio" réplique avec une taxe…)
Il va de soi qu’entre temps, la naissance et la commercialisation des plastiques fragmentables avait un peu perturbé et échauffé les esprits.
Mais comme on dit, tout est bien qui finit bien…
Hier, en fin de matinée, les professionnels se sont donc engagés à développer la filière de valorisation organique par compostage, ou méthanisation, de la fraction fermentescible des déchets ménagers, qui sera alimentée par des emballages biodégradables.
Un accord cadre pour promouvoir l’usage des sacs poubelle en bioplastique a donc été signé pour ce faire, par Jérôme Bédier, Président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Pélissard, Président de l’Association des maires de France représentant les collectivités locales, Serge Vassal, Président de l’association des industriels des emballages plastiques et souples (Elipso), Christophe Doukhi de Boissoudy, Président du club Bioplastiques (Association française pour le développement des bioplastiques), Michel Loubry, Président de l’association PlasticsEurope, et Chantal Jouanno, Secrétaire d’État à l’Écologie.
L’objectif est de développer la filière de valorisation organique par compostage, ou méthanisation, (voir Compostage, méthanisation: le coup de boosteur) de la fraction fermentescible des déchets ménagers en proposant aux consommateurs des emballages biodégradables selon la norme EN 13.432:2000, mais aussi dans le cadre du compostage domestique, selon les critères des labels OK Compost et OK Compost Home.
Sont donc explicitement exclus de cette convention les oxodégradables et autres emballages fragmentables.
Des sites pilotes devraient être identifiés, avant la fin de 2009, afin de valider les différentes étapes sur le plan technique. Dans ce dispositif, la distribution s’engage à promouvoir les sacs biodégradables, tandis que les industriels développent leur offre en emballages biodégradables. L’ensemble de la démarche a été validé par l’Ademe.
En rappelant l’histoire mouvementée des sacs en plastique ces dernières années, Chantal Jouanno a salué le recours à l’engagement volontaire des acteurs concernés par le biais d’une convention, par opposition à la voie réglementaire ou coercitive. Reste que cet accord s’inscrit tant dans l’esprit de l’article 47 de la loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006, (qui visait à favoriser le développement de produits biodégradables constitués de ressources d’origine végétale), que dans les orientations affirmées dans la loi Grenelle 1 qui entend développer la valorisation organique par méthanisation et compostage de la fraction fermentescible des déchets.
On rappelera également que la loi du 5 janvier 2006 interdit, à partir du 1er janvier2010, « la distribution au consommateur final, à titre gratuit ou onéreux, de sacs de caisse à usage unique en plastique non biodégradable ». Et aussi que la FCD maintient son objectif de supprimer en 2011 tous les sacs de caisse jetables gratuits dans la distribution française.
Pour Christophe Doukhi de Boissoudy, il est clair que « l’utilisation de sacs à déchets en plastique biodégradable d’origine végétale se justifie pleinement lorsque le mode de valorisation des déchets en fin de vie est le compostage ou la méthanisation. Partageant cette même vision avec les acteurs en aval, les professionnels de la filière de production de sacs à déchets en plastique biodégradable ont ainsi souhaité formaliser leur engagement volontaire, non seulement par la mise à disposition de sacs, mais aussi par leur volonté d’en réduire encore l’impact environnemental ».
De fait, les partisans de cet accord qu'il s'agisse du Club des Bioplastiques, Elipso ou Plastics Europe se disent convaincus que la convention est exemplaire à plus d'un titre à commencer par le fait qu'elle répond à une problématique environnementale globale puisqu'elle :
Anticipe et accompagne le développement de la valorisation organique des déchets fermentescibles par la mise à disposition d'une offre généralisée afin de répondre aux objectifs annoncés dans le Grenelle de l'Environnement et d'inscrire la convention dans une cohérence globale de l'origine à la fin de vie des sacs.
Favorise l’innovation pour le développement de nouvelles matières intégrant une part de végétal et pour l’amélioration de leurs performances environnementales. Elle fixe notamment des objectifs d'augmentation progressive de la part d’origine renouvelable.
Permet à l'industrie du film plastique de diversifier son offre par le développement de produits biosourcés.
Encadre strictement la définition du sac à déchets destiné à une valorisation organique par la conformité avec la norme NF EN 13432 (valorisation des emballages par compostage et biodégradation).