Le biogaz, un marché prometteur, mais sous conditions...
« Le marché du biogaz - Quelles perspectives pour le marché de la méthanisation d’ici 2017 ? Quels sont les acteurs les mieux positionnés pour profiter des nouvelles opportunités ? ». Telle est la thématique de la dernière étude de Xerfi, dédiée au segment des énergies renouvelables, via la production d'energie verte et le traitement des déchets. Plusieurs enseignements doivent être retenus.
Longtemps délaissé dans l’Hexagone, le biogaz est aujourd’hui le segment des énergies renouvelables le plus porteur. Cette filière de production de l’énergie verte et de traitement des déchets profite en effet d’une réglementation particulièrement favorable. D’abord, elle bénéficie d’un tarif préférentiel de rachat de l’électricité produite à partir du biogaz (réévalué de 20% en mai 2011). Ensuite, les acteurs peuvent compter sur les aides à l’investissement dans les unités de méthanisation. Sans oublier les nouvelles opportunités qui s’ouvrent aux exploitants comme l’utilisation du biogaz dans le réseau de gaz de ville ou comme carburant.
Dans ces conditions, les experts de Xerfi anticipent une hausse du marché de 287ktep en 2013 à 750ktep en 2020. De plus, avec des débouchés garantis, ce marché de l’offre attire de nombreux investisseurs, à commencer par les spécialistes historiques de l’énergie (la filiale d’EDF Tiru, Albioma, Quadran Energies…). Cela permettra bien sûr une augmentation de l’activité et des revenus des exploitants à l’avenir.
Malgré une rentabilité des projets encore incertaine …
Toutefois, l’analyse des experts de Xerfi montre que la viabilité économique et financière des installations de méthanisation en France est encore incertaine. Le retour sur investissement dans ces projets est en effet très long (au moins 9 ans selon une étude de l’Ademe). En outre, leur équilibre économique reste tributaire des subventions publiques. Mais surtout, les projets sont freinés par des difficultés technologiques. L’absence de filière industrielle, notamment d’équipementiers, la mauvaise maîtrise de la technologie et l’approvisionnement irrégulier en matière première (c’est-à-dire en déchets) limitent ainsi l’essor du secteur en France.
…les exploitants passent à la vitesse supérieure
Pour améliorer la rentabilité des projets, plusieurs leviers sont actionnés par les exploitants. D’abord, ils misent sur l’innovation pour accroître le rendement énergétique des équipements. Ensuite, les acteurs prennent le virage technologique vers l’automatisation. Ils peuvent ainsi rationaliser les process et accroître les marges. Cette mesure nécessite néanmoins de lourds investissements. Enfin, les opérateurs doivent se positionner sur la vente de gros d’électricité au prix de marché, à l’image de ce qui se pratique en l’Allemagne. Cela implique toutefois d’investir dans de nouvelles capacité de stockage du biogaz et des générateurs à haute performance.
Par ailleurs, les installations territoriales centralisées sont une alternative intéressante pour l’ensemble des opérateurs sur le marché (énergéticiens, gestionnaires de stations d’épuration, agriculteurs). Ces installations regroupent dans une même unité des déchets fermentescibles issus de l’agriculture, des industries viticoles et des boues d’épuration. Elles garantissent par ailleurs des coûts de crédit plus faibles (par le financement mixte).