Comme à chaque édition, de nombreux candidats présentant leurs inventions (600 en lice cette année), ont déferlé sur Paris la semaine dernière, afin d’assister à ce grand rendez-vous de l’innovation. 2015 sera incontestablement une année verte, avec trois prix remis pour des projets dédiés au traitement des déchets…
Le Prix du Président de la République a été décerné à un granulateur mobile, qui permet de produire, en plein champ, des combustibles à partir de résidus agricoles, évidemment moins chers que le fioul et autre gaz. Mis au point par trois artisans alsaciens, chacun d’eux détenant déjà le « label » prestigieux de Meilleur Ouvrier de France, dans leur domaine respectif. Charles Herrmann, Philippe Durrhammer et Xavier Rémond, (MOF chauffage, électricité et serrurerie), quadragénaires ont mis au point une machine qui peut traiter tus les résidus agricoles ou viticoles. « Notre unité peut transformer aussi bien la paille de maïs, de colza, d'épeautre, que les sarments de vignes ou les branches », indique Charles Herrmann, ajoutant que la « première idée consistait à récupérer ces déchets comme le faisaient nos grands-pères, qui récupéraient les sarments de vigne pour faire le feu », mais aussi de travailler la matière sur place, afin de limiter « le coût de transport des matériaux ». La machine est à même de traiter environ une tonne /heure (c’est selon la nature du déchet).
Une unité est déjà en service ; être lauréat du concours Lépine devrait évidemment booster la demande…
Le recyclage du pneu était lui aussi dans la course ; il a franchit la ligne haut la main, et remporte le Prix du Sénat, avec un procédé par thermolyse, qui met à l’honneur l’inventeur allemand, Klaus Peter Schulz. L’idée est née dans la Sarre, à Dilligen, l’ouest de l’Allemagne, non loin de la frontière française : une société franco-allemande (Pyrum Innovations) a installé une première unité industrielle à même de transformer 5000 tonnes de pneus usagés en énergies, à savoir en pétrole, coke et gaz, grâce à la thermolyse (décomposition thermique).
Les granulats de pneus à recycler sont chauffés (700°) dans un four de 25 mètres de haut : là, dans une atmosphère privée d’oxygène, la gomme se transforme en hydrocarbure. Pascal Klein, l’un des quatre fondateurs de l’entreprise (il est accompagné de Julien Dossmann, Michaël Kapf et Stephan Adams), âgé de seulement 28 ans, confirme que «le pétrole, 50% de l’énergie obtenue via ce procédé de recyclage, se forme alors dans la partie de condensation des molécules». Après « raffinage, ce pétrole peut être transformé à 60% en équivalent diesel, à 30% en équivalent essence et à 10% en solvants ». Outre cela, la jeune entreprise estime « pouvoir dégager 38% de coke et 12% de gaz, un gaz immédiatement exploité sur place, puisqu’il alimente le groupe électrogène du site qui fonctionne ainsi en autarcie du point de vue énergétique ».
Cette innovation a évidemment nécessité quelques années de recherches et ouvre une voie qui ne manque pas d’intérêt : c’est en septembre 2007 en effet, que l’idée est née, avec un projet à la clé, qui a séduit Oséo, la région Alsace et le Fonds européen de développement régional (ensemble, ces trois structures ont accordé 420 000 euros en 2010), tandis que pour passer à, la vitesse supérieure, Pyrum cédait 5% de son capital à des investisseurs privés au cours de cette même année, ces deux facteurs ayant permis à l’équipe d’être rejointe par 10 personnes supplémentaires.
L’année suivante, sera celle d’un nouveau tournant décisif : la visite du Commissaire européen à l'énergie Günther Oettinger, ce qui permet à la jeune équipe de bénéficier d’une enveloppe de 985 000 euros de la part de l'Union européenne, ce qui permet à l’entreprise de monter leur unité à l’échelle industrielle. Quatre ans plus tard, dix millions d'euros d'investissements en plus et un prix décerné dans le cadre du concours Lépine assurent ces entrepreneurs du meilleur avenir qui soit…
Le troisième Prix, celui de l’Assemblée nationale, revient à Canibal, une société qui travaille depuis plusieurs années sur la récupération via une machine qui distribue des bons points en échange des apports de gobelets, bouteilles et autres canettes boissons, et qui reconnaît les déchets acceptables de ceux qui ne le sont pas, afin que le fruit de cette collecte soit « propre » et non pollués de déchets qui n’auraient pas à y être (voir notre exposé)