L’Algérie s’attaque aux déchets spéciaux
2006 sera l’année de la mise en œuvre du programme d’élimination des déchets spéciaux mais aussi celle de la suppression des PCB. L’application de ces nouvelles directives sera rigoureuse, c’est du moins ce qu’annonce le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement algérien…
1962, année de l’indépendance. Depuis lors, l’Algérie a misé sur un développement industriel afin d’assurer son développement économique et social. En clair, le notion environnementale a été mise à la trappe pendant une bonne trentaine d’années : urgence oblige. Mais la roue tourne et les temps changent.
Il semble que le passage de l’An 2000 ait favorisé des changements en profondeur… Désormais, la nouvelle stratégie gouvernementale inclut la donne environnementale qui se traduit concrètement par la mise en œuvre de la Stratégie nationale de gestion des déchets spéciaux (SNAGDES), instituée par la loi de décembre 2001. L’exécution de ce programme est prévue sur une période de 10 ans.
Une fois la loi votée, reste à mettre en pratique ce qu’elle impose. Ainsi, le temps est venu de mettre en place les dispositifs nécessaires à la bonne élimination des déchets solides, spécifiques et dangereux, qu’ils proviennent des ménages ou de l’industrie.
D’ores et déjà, le « stock » de déchets industriels spéciaux dépasse les 2 millions de tonnes, auxquels s’ajoutent plus de 3 millions de tonnes annuelles.
La région Est de l’Algérie caracole en tête du territoire national avec ses 7 gros générateurs de déchets sur les 12 que compte le pays.
Elle est suivie par la région Ouest qui génère 98 550 tonnes de déchets par an (auxquelles s’ajoute un stock historique de 521 800 tonnes) : la zone industrielle d’Arzew est de loin le plus gros producteur avec 65 760 t/an, suivie d’Alzinc Ghazaouet, avec 18 500 t/an.
Quant au Centre du pays, Alger et sa région, même s’il n’occupe que la troisième place, la production de déchets est fortement concentrée dans l’axe industriel Rouiba et Réghaïa générant à lui seul près de 77 007 t/an avec une très forte proportion de déchets en plomb. Comme partout ailleurs, le centre dispose d’un stock de déchets de l’ordre de 378 000 tonnes, soit 19% du stock de déchets national.
La région Sud du pays (Sud-Ouest et Sud-Est), peu industrialisée représente 1,4% de la production nationale des déchets.
Au regard des normes actuelles, le traitement en vue de l’élimination des déchets a pour objectif la préservation des équilibres et de l’environnement. Le Centre national des déchets spéciaux (CNDS) constitue un outil afin de mieux connaître le gisement mais aussi de suivre l’évolution de la production des déchets spéciaux sur l’ensemble du territoire.
Le ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement est convaincu que l’implication des acteurs est fondamentalement importante mais « aussi que la participation et l’engagement de l’ensemble des secteurs sur cette voie et cette dynamique permettront d’atteindre les objectifs escomptés» par le plan. Des objectifs « qui ont trait à la résorption des points chauds, la promotion et la professionnalisation des métiers du déchet, la réhabilitation des sites contaminés et de surcroît la détermination des techniques d’élimination économiques et écologiques ».
Par ailleurs, ce plan ambitieux permettra à l’administration fiscale d’instaurer et d’appliquer des taxes écologiques, sachant que le principe «pollueur payeur» est en vigueur.
En clair, c’est le moment ou jamais de se lancer et ou de développer le recyclage…
Si l’on considère le cas des PCB dont l’élimination constitue une mission spécifique du PNAGDES et pour lesquels le pays dispose d’un stock important du fait que le décret n°87/182 d’août 1987 interdit « toute utilisation, fabrication, achat, vente ou importation (des produits à base de PCB) en Algérie »…
Une étude a été menée pour gérer au mieux cette problématique ; celle–ci souligne que «l’exportation des stocks d’huiles et déchets de PCB en vue de leur destruction serait la plus viable des solutions possibles», arguant que la méthode d’exportation est «radicale et plus rapide à mettre en œuvre», ce qui conduit à ouvrir des possibilités d’investissement dans ce secteur.
Notre confrère La Nouvelle république pose d’ailleurs la question de savoir dans ce cas de figure si on opterait pour un investissement national du secteur public, un investissement national mais privé, ou un investissement étranger…
Selon le ministère concerné, « il serait opportun d’opter pour un investissement national », ne serait-ce que parce qu’il est «important d’être prudent avec les investisseurs étrangers sur ces questions».
La prudence est donc de mise. Il est vrai que l’exemple du Clemenceau, interdit pour le moment d’accostage par la justice indienne compte tenu de la quantité d’amiante restante mais supposée avoir été éliminée, n’incite pas à faire le téméraire…