Laine de verre : le recyclage, bientôt à grande échelle
Dans la famille des déchets du BTP, 10 Mt de tonnes sont à mettre sur le compte du seul 2nd oeuvre. On estime le gisement de laine de verre usagée à environ 75 000 t par an, un tonnage qui devrait grossir au cours de ces prochaines années. Habituée de longue date à réincorporer ses chutes de fabrication dans son process, Isover a mis en place, il y a deux ans, un groupe de réflexion afin de travailler à l’idée de récupérer puis de réintégrer dans ses productions, la laine de verre devenue déchet, du fait de démolitions ou rénovations de bâtiments. Essais concluants, ce qui éloignera bigrement cet encombrant, de l'enfouissement...
Cap chez Excoffier Recyclage ce 12 avril : Isover, filiale de Saint-Gobain, fabricant d'isolants thermiques et phoniques, lançait officiellement « Isover Recycling », présentée comme la première filière de recyclage dédiée aux déchets de laine de verre. Pour capter le gisement, 0,2% des déchets du BTP, soit 0,75% des déchets du second-œuvre, soit 75 000 t de laines usagées par an, il faut compter avec les entreprises de recyclage disposant de déchetteries réservées aux professionnels. Et ça tombe bien, il y en a...
Si la majeure partie du calcin utilisée dans les process est d’ores et déjà issue des filières de recyclage de produits ménagers et industriels (pare-brise, bouteilles, verres du bâtiment), toute la question était de savoir si la part de calcin en provenance de laines usagées pouvait être, elle aussi, à grande échelle, recyclée sans altérer la qualité des produits finis destinés à l'isolation des bâtiments, mis sur le marché. Pour mener à bien l'expérience, encore fallait-il récupérer la laine en grande quantité...
La filière est née d'un partenariat intelligent, passé entre Isover et différents professionnels du secteur du recyclage, à savoir le Syndicat des Recycleurs du BTP, aux premières loges pour aider au bon déroulement de cette initiative visant la récupération des laines sur les chantiers, mais aussi du réseau Praxy (membre du SR BTP), lui-même étant composé de PME indépendantes, dédiées au recyclage de toutes sortes de déchets, et qui plus est, très bien réparties sur le territoire. La démarche, qui s’adresse autant aux marchés diffus qu’aux grands chantiers de rénovation, a reçu un écho très favorable (il faut dire que la laine de verre est particulièrement encombrante, d'une part, et qu'elle est largement destinée à l'enfouissement, par ailleurs).
Cela dit, l'industriel n'est pas parti de zéro : depuis plus de vingt ans (1997), en effet, Isover a installé son propre centre de valorisation,Oxymelt, à Orange (Vaucluse). Cette unité traite une grande partie des déchets de production générés dans ses usines, qui sont fondus via l’introduction d’air enrichi en oxygène afin d'obtenir un calcin, lequel est ensuite réinjecté dans le process de fabrication de nouvelles laines en s'ajoutant à la part provenant du verre d'emballage ménagers et de verres industriels eux aussi recyclés, soit 70 000 tonnes par an, afin de constituer la matière première principale entrant dans la composition des laines de verre du spécialiste.
Et c'est ainsi qu'au fil du temps, la part recyclée a atteint 40% environ. Pour aller plus avant, il était nécessaire de capter un nouveau gisement, encore non exploité, celui provenant de la rénovation des bâtiments, un secteur qui a le vent en poupe, et par conséquent récupérer les laines installées au cours des années 70/80.
C'est chose faite.
Dans l'immédiat, l'offre d'Isover Recycling est lancée sur deux zones pilotes : le Sud-Est et l'Ile-de-France ; les premiers chantiers tests ont été réalisés grâce aux entreprises basées sur ces deux régions qui ont pu collecter sur chantiers ou encore capter la matière, par l'entremise de leurs déchetteries professionnelles. L'offre sera peu à peu étendue à plus grande échelle, puisqu'en tout état de cause, il est déjà connu que les tonnages de laines de verre usagées pourraient doubler d'ci 2030...
