L'Agence des EnR va s'installer au Moyen-Orient

Le 27/07/2009 à 16:48  

L'Agence des EnR va s'installer au Moyen-Orient
énergies renouvelables L'IRENA (l'Agence internationale pour les énergies renouvelables), créée le 26 janvier 2009 à Bonn, devrait finalement s'installer à Abu Dhabi (Emirats arabes unis), dans la future éco-cité de Masdar. C'est ce qu'ont décidé les représentants des Etats-membres de l'Agence à l'issue de sa deuxième réunion préparatoire, le 29 juin dernier à Charm el-Cheikh (Egypte). Plusieurs pays dont les Etats-Unis, l'Australie et le Japon ont par ailleurs signé le traité fondateur de l'Agence préalablement à la réunion...

Pour le choix du siège de l'Agence, les Emirats étaient en lice face à Bonn et Vienne. Un compromis a été trouvé pour les deux capitales déçues : la ville allemande deviendra le siège d'un centre d'innovation et de technologies pour les EnR, et la capitale autrichienne accueillera un bureau de liaison pour d'autres organisations internationales.

Pour les parlementaires de Berlin, la décision est décevante car l'Allemagne, fortement soutenue par l'Espagne et le Danemark, était la force motrice de la création de l'IRENA. En effet, Bonn a notamment accueilli en 2004 la conférence globale pour les énergies renouvelables et c'est à Bonn aussi que l'IRENA a été créée le 26 janvier 2009 par les 75 pays signataires initiaux (voir notre article).

EnR La ville de Bonn avait également des arguments jouant en sa faveur : siège du secrétariat pour le climat des Nations Unies, elle faisait miroiter un bien immobilier sans frais à proximité immédiate de l'ancienne chancellerie et une subvention fédérale de 4 millions d'euros pour le fonctionnement courant de l'Agence.

La fraction des Verts reproche cet échec de la candidature de Bonn au Ministre fédéral de l'environnement, Sigmar Gabriel, et à la chancelière Angela Merkel, car le gouvernement n'aurait pas mis assez de moyens à disposition de l'IRENA. En effet, les Emirats ont fait miroiter des investissements élevés pour l'Agence, une contribution annuelle de 50 millions d'euros pour les projets de l'IRENA (comme des crédits à intérêts très avantageux pour les pays en développement) et un financement annuel courant de 22 millions d'euros pour les frais courants de l'Agence. L'Allemagne, quant à elle, avait déjà annoncé précédemment vouloir mettre dans les 5 prochaines années 2,5 milliards d'euros à disposition de l'efficacité énergétique et des énergies alternatives.

La candidature d'Abu Dhabi était non seulement soutenue par de nombreux Etats du Tiers-Monde, mais également par les Etats-Unis (qui ont des intérêts économiques puissants dans la région), la Grande Bretagne, et même la France, dont le Président Nicolas Sarkozy a signé récemment un contrat nucléaire avec les Emirats arabes unis. Il a présenté en contrepartie la candidature d'Hélène Pelosse, Secrétaire générale du Ministère français de l'Environnement, comme Directrice générale de l'IRENA ; elle a d'ailleurs été élue à ce poste le 30 juin dernier.

Abu Dhabi Par ailleurs, le cadre géographique d'installation de l'IRENA proposé par les Emirats a exercé une certaine fascination sur les délégués : le bureau doit être installé dans une ville-modèle écologique, la première ville sans CO2 ni déchets, à 30 kilomètres d'Abu Dhabi, nommée Masdar City (voir notre article). L'éco-cité devrait accueillir 50 000 habitants, dont l'approvisionnement énergétique devrait être réalisé uniquement à partir de sources renouvelables, qui n'émettraient pas de déchets résiduels et qui renonceraient entièrement à la circulation automobile de surface.

L'IRENA ne travaillera pas sous l'égide de l'Union européenne. Elle doit constituer un contrepoids face à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à l'Agence internationale pour l'Energie (AIE), qui se consacrent à l'approvisionnement à partir de sources d'énergies fossiles comme le charbon, le gaz, le pétrole et l'uranium et regroupent des pays industrialisés. La création de l'IRENA est d'ores et déjà aujourd'hui un succès : le nombre de pays signataires (136 depuis le 29 juin 2009) montre "le gigantesque intérêt et le potentiel économique sous-jacent" du projet.