La Poste : fournisseur de papiers à recycler
Cela fait un an que ça dure : on annonce 10 000 tonnes de papiers collectées et 2400 entreprises clientes du système, des TPE/PME pour l'essentiel, qui, pour faire court, transforme les facteurs en livreurs de papiers de bureau à la papeterie française. L’objectif affiché est d’atteindre les 50 000 tonnes de papier collectées en 2018 et bien évidemment de contribuer à garantir l’approvisionnement de l’industrie papetière, « tout en partageant la valeur ainsi créée avec … l’ensemble des parties prenantes »… sauf les entreprises dont c’est le métier de collecter et de recycler les papiers. Cela va sans dire, mais c’est mieux en le précisant…
Le gâteau d’anniversaire est classiquement le moment de faire un voeu, lorsqu’on souffle sur les bougies. Ce premier anniversaire n’a pas dérogé à la règle si ce n’est que le vœu n’a plus rien de secret.
Philippe Wahl, President-directeur général du Groupe La Poste et Yves Herbaut, Président de Copacel, ont scellé aujourd’hui le prolongement de leur partenariat, qui permet à La Poste de changer de métier !
Il y a un an, La Poste et Copacel signaient un accord-cadre qui définissait les grands principes d’une coopération d’un genre nouveau entre les deux entités et dont le principe consiste à mandater les facteurs pour collecter les papiers de bureau en lieu et place des entreprises de recyclage (voir Economie circulaire : mode ou modèle) .
C’est bel et bien une nouvelle activité pour les facteurs impliqués : La Poste distribue en effet beaucoup moins de courrier avec un manque à gagner évident qui découle de ce constat. Quand bien même le courrier se fait plus rare, les tournées quotidiennes sont évidemment maintenues, service public oblige…
Copacel n’a pas manqué de rappeler, dans le cadre du point presse de cet après midi, qu’en qualité de représentant des papetiers français, elle accompagne « le recyclage des volumes de papiers collectés par La Poste, via les sites de production papetière, en France, lesquels produisent un large éventail de produits, tels que ramettes de papier, papier d’emballage, papier d’hygiene »…
« Les papiers de bureau de par leur quantité (900 000 tonnes) tout autant que par leur qualité, représentent un gisement très appréciable et très apprécié par les papetiers. Aujourd’hui l’industrie papetière ne reçoit que 230 000 tonnes de ces papiers de bureaux. En privilégiant un modèle qui limite les importations et les exportations, La Poste et notre profession s'inscrivent dans une économie éco-responsable.
Recy’go est, en effet, un bel exemple concret de mise en place d’économie circulaire en boucle courte puisque les papiers de bureaux collectés dans les entreprise par La Poste, après avoir été regroupés sur des « hubs », sont dirigés directement vers les papetiers les plus proches » a d'ailleurs indiqué Yves Herbaut. De là, ces tonnages sont évidemment réintroduits dans les process de fabrication…
Pour l’heure, les deux partenaires étant satisfaits du premier round, ils décident de renforcer les liens qui les unissent dans un nouvel accord qui s’inscrit dans la continuité du premier (25/10/2012), lequel définit :
Le type de papier faisant l’objet de l’accord,
L’esprit dans lequel s’exerce la revente des papiers collectes par les facteurs aux papetiers, au service d’un approvisionnement compétitif pour les papetiers et de la préservation de la rentabilité de Recy’Go, condition de sa pérennité.
Les principes de reporting et de suivi de l’accord.
On ne voudrait pas se montrer par trop indiscret, mais la question qui se pose à ce stade est de savoir si les papiers (qui ont une valeur marchande, avec un cours de la matière avéré) ainsi collectés seront payés au ras des pâquerettes (forme de dumping) ou à un prix raisonnable… Et puis, quitte à se montrer curieux, on peut se demander aussi, s’il ne s’agit pas d’un cas de concurrence un tantinet déloyale à l’encontre des entreprises classiques de recyclage, que de se substituer de la sorte à des professionnels certifiés…
On aura peut être la tentation de répondre par un « meuhhh, non ! ». Sauf que plainte a été déposée en ce sens, il y a quelque temps, auprès de l'Autorité de la concurrence…