La Commission européenne impose la collecte et le recyclage de toutes les piles


“En visant à faire en sorte qu'aucune pile usagée n'échappe aux systèmes de collecte et de recyclage, cette proposition nous protégera, nous et notre environnement, des risques que présentent les vieilles piles lorsqu'elles sont incinérées ou mises en décharge” a déclaré Margot Wallström, membre de la Commission chargé de l'environnement. “Cela fait plusieurs années que l'on discute à propos d'une nouvelle directive sur les piles et, aujourd'hui, c'est une proposition concrète et équilibrée que nous présentons. Son application incitera tous les acteurs intervenant dans le cycle de vie des piles à adopter un comportement respectueux de l'environnement. Surtout, les consommateurs devront contribuer à la protection de l'environnement en rapportant leurs piles usagées à des points de collecte.”


Le mercure, le plomb et le cadmium sont de loin les substances les plus problématiques dans le flux des déchets de piles, les piles au mercure, au plomb et au cadmium étant par ailleurs classées comme des déchets dangereux par la décision 2000/532/CE de la Commission. Mais d'autres métaux entrant dans la composition des piles, comme le zinc, le cuivre, le manganèse, le lithium et le nickel peuvent aussi présenter des risques écologiques. En cas d'incinération, les métaux utilisés dans les piles contribuent aux émissions atmosphériques et polluent les résidus d'incinération. Lorsque les piles sont mises en décharge, les métaux contribuent au lixiviat qui s'en échappe. Par ailleurs, au niveau de la gestion des ressources, les piles sont considérées comme un gisement de matières premières secondaires. On pourrait donc récupérer des milliers de tonnes de métaux, dont des métaux précieux comme le nickel, le cobalt et l'argent, si les piles n'étaient pas envoyées dans des décharges/incinérateurs.
La législation européenne actuellement applicable aux piles n'a pas permis de maîtriser convenablement les risques qu'elles présentent dans le flux de déchets ni de créer un cadre homogène pour leur collecte et recyclage. Comme la législation actuelle ne s'applique qu'aux piles contenant certaines quantités de cadmium, de mercure ou de plomb, elle ne couvre que 7% de toutes les piles portables mises sur le marché de l'UE chaque année et l'étroitesse de son champ d'application a nui à l'efficacité des plans nationaux de collecte et de recyclage des piles. En outre, les consommateurs ne savent pas bien ce qu'il faut collecter ou pas et ont donc eu tendance à ne pas prendre part aux plans nationaux de collecte. Par conséquent, aujourd'hui, de nombreuses piles finissent encore dans l'environnement. Par exemple, en 2002, à peu près 45% du volume total des ventes de piles portables dans l'UE-15 (c.-à-d. 72.155 tonnes) ont fait l'objet d'opérations d'élimination finale, c.-à-d. d'une mise en décharge/incinération.


Afin d'éviter que les piles ne se retrouvent dans le flux de déchets, la directive proposée préconise plusieurs mesures et objectifs:




Les piles portables nickel-cadmium sont particulièrement préoccupantes en raison du cadmium qu'elles contiennent. L'objectif de 160 grammes suppose qu'elles soient collectées, mais il est proposé de fixer un objectif de collecte supplémentaire concernant ces piles pour s'assurer qu'elles ne finissent pas à la poubelle. Cet objectif supplémentaire est fixé à 80% de la quantité de piles portables nickel-cadmium usagées produite annuellement dans chaque État membre. Cela correspond à la quantité de piles portables nickel-cadmium collectées à laquelle s'ajoute la quantité de piles portables nickel-cadmium retrouvées dans le flux de déchets urbains solides. Les États membres seront donc tenus de contrôler la quantité de piles portables nickel-cadmium rejetées dans le flux de déchets urbains solides. En fonction des résultats de ces contrôles, la Commission pourra aussi, si nécessaire, proposer des mesures supplémentaires de gestion des risques à l'avenir. 

De plus, il est proposé des rendements de recyclage minimaux, surtout à l'issue du processus. Le processus de recyclage des piles plomb-acide doit permettre de récupérer tout le plomb et 65% de leur poids moyen. Le processus de recyclage des piles nickel-cadmium doit permettre de récupérer tout le cadmium et 75% de leur poids moyen. Pour les autres piles, le processus de recyclage doit permettre de récupérer 55% de leur poids moyen.
Afin de contribuer au bon fonctionnement du marché intérieur, les opérations de traitement ayant lieu à l'étranger seront prises en compte aux fins des obligations de recyclage de l'État membre exportateur. Pour tous les types de piles, les producteurs seraient responsables des coûts associés à la collecte, au traitement et au recyclage. Le coût de la collecte des piles portables usagées pourrait toutefois être partagé avec les autorités nationales, régionales ou locales. En ce qui concerne les batteries et accumulateurs automobiles et industriels usagés, les producteurs pourraient conclure des accords de financement avec les utilisateurs. Les États membres devront tenir un registre de tous les producteurs de piles, lesquels devront fournir des garanties financières prouvant qu'ils sont en mesure de gérer les piles usagées avant de mettre leurs produits sur le marché. Les producteurs sont également autorisés, pendant quatre au plus après la transposition de la directive, à faire apparaître les coûts lors de la vente de nouvelles piles.

La Commission estime que le surcoût annuel généré par les taux de collecte et de recyclage proposés se situera entre 1 et 2 € par foyer.

Cette nouvelle initiative de l'UE trouve sa principale justification dans les objectifs fixés par le sixième sixième programme d'action communautaire pour l'environnement et la directive 2002/96 relative aux déchets d'équipements électriques et électroniques qui souligne la nécessité de réviser, dès que possible, la législation européenne actuellement applicable aux piles et accumulateurs (directive 91/157/CEE).
Conformément au paquet pour améliorer la réglementation qui préconise de simplifier et améliorer la législation de l'UE, la nouvelle proposition abroge les directives existantes sur les piles et les remplace par un instrument juridique unique.
Pour cette nouvelle proposition, la Commission a réalisé une analyse d'impact approfondie (AIA) afin d'évaluer les solutions politiques les plus durablement valables. L'un des principaux éléments de cette analyse a été une consultation publique à laquelle ont participé quelque 149 parties intéressées (parmi lesquelles des autorités nationales, régionales et locales, des entreprises, des associations de fabricants de piles et commerciales, des ONG et des organisations de consommateurs et de détaillants).
