La chaleur produite par les déchets « ne fait plus peur »

Le 04/06/2015 à 12:10  

La chaleur produite par les déchets « ne fait plus peur »

UVE de Carhaix Il est réconfortant de constater que les progrès techniques réalisés dans le domaine du traitement des déchets au cours de ces dernières années, associés à une prise de conscience progressive qui permet d’intégrer que les énergies qui en découlent peuvent se substituer à celles qui sont importées, débouchent sur des partenariats susceptibles de se pérenniser…
Il fut un temps où la tendance consistait à construire des UIOM à perpette, quand bien même elles étaient équipées pour produire de l’énergie : une partie de cette énergie (électricité et/ou vapeur) était consommée par le site dans le cadre de son exploitation, le reste était comme gâché, faute d’utilisateur situé à proximité.
On a heureusement assisté à un renversement très progressif de tendance. Jusqu’au moment où même des industriels travaillant les denrées alimentaires, ont cessé d’hésiter à l’idée de puiser l’énergie qui leur est nécessaire, à partir du traitement des déchets ménagers…

Nous sommes en Bretagne : l’une, Suez Environnement, exploite l’Unité de valorisation énergétique des déchets de Carhaix (Finistère), le second, Sircob, syndicat intercommunal de repurgation du centre ouest Bretagne, s’est montré sensible à l’idée d’optimiser l’UIOM…
Dans un premier temps, l'incinération des ordures ménagères de l'usine de Kervoaziou permettait d'alimenter des turbines produisant de l'électricité (consommée sur place ou injectée dans le réseau EDF, moyennant une recette de 400.000 € par an), « une valorisation d'un faible rendement car seulement 45% des capacités énergétiques » étaient exploitées. Le Sircob s’est dit partant pour optimiser cette source d'énergie en lançant l'idée d'un réseau de chaleur qui pourrait être utilisé par des entreprises du voisinage, dont l’une est d'entrée, en ligne de mire, puisque grosse consommatrice d’énergie : l'usine de production de poudre de lait, la plus grosse usine de déshydratation de lait de France, appartenant au groupe chinois Synutra, qui pourrait consommer 100 % de l'énergie proposée, a en effet rapidement manifesté son intérêt pour le projet, ce que n’a pas manqué de relever, dès 2013, Christian Troadec, président du Sircob, réélu l’an dernier.

 Ce qui fut imaginé sur le papier, a été aménagé sur le terrain… D’où la naissance d’un partenariat industriel satisfaisant, puisqu’il vient d’être reconduit entre le Sircob et Suez Environnement, et ce pour une durée de 10 ans… Les deux partenaires renforcent même, la performance énergétique du site avec le développement d’un réseau de chaleur pour alimenter l’usine utilisatrice : cette source d’énergie locale, produite à partir de déchets, permettra de couvrir 20% des besoins de l’industriel, en substitution d’énergies fossiles.

incinération des déchets Suez Environnement, qui exploite le site depuis son origine, soit une bonne vingtaine d’années, y valorise 30.000 tonnes de déchets par an, provenant des 77 communes du syndicat. Dans le cadre de ce renouvellement, les deux entités signataires développeront « la production d’énergie sur le site, pour produire désormais 51.000 MWh/an d’énergie verte, l’équivalent de la consommation de plus de 9.000 habitants, avec un taux de performance énergétique de 75% et un bilan carbone neutre ».

L’énergie produite servira bel et bien à alimenter les process industriels de l’usine de déshydratation de lait Synutra : un réseau de chaleur opérationnel dès 2015 reliera les deux installations, distantes de 2,5km. Ce projet représente un investissement de 5,6 millions d’euros porté par le Syndicat.