Kenya : recycler pour assainir les bidonvilles

Le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles devrait atteindre 3 milliards à travers le monde en 2050, contre un milliard aujourd'hui, selon des chiffres de l'ONU. La collecte des déchets, l'évacuation des eaux usées et sanitaires sont inexistantes et les initiatives destinées à améliorer l'ordinaire sont les bienvenues...
Le bidonville de Nairobi, Mukuru, au Kenya ressemble à beaucoup d'autres dans le monde : des ruelles souillées, des déchets partout, des sacs d'excréments... car tout manque. Fort de ces constats, Ricky Ojwang, a eu l'idée, dès 2012, de mettre en place puis développer l'installation de toilettes propres, mais également de transformer leur contenu en amendement organique.

De nos jours, ces "toilettes volantes" y sont beaucoup moins visibles dans les ruelles en terre battue, notamment grâce à l'utilisation croissante de toilettes sèches gérées par Ricky Ojwang et son équipe : plus de 100 000 habitants les utilisent tant elles sont désormais nombreuses et bien visisbles dans le bidonville, tandis que la société Sanergy, basée à Nairobi, en recycle le contenu, principalement en engrais.
Cette approche a pour but de relever un défi de taille, et pas seulement au Kenya: le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles devrait atteindre 3 milliards à travers le monde en 2050, contre un milliard aujourd'hui (chiffres de l'ONU), alors que la construction d'infrastructures telles que des égouts, toilettes et systèmes de gestion des déchets, est loin de suivre ce rythme.

"Vous pouvez imaginer les efforts à déployer pour installer des égouts dans une zone occupée par autant d'habitants! C'est pratiquement impossible, puisqu'il y a une maison tous les trois mètres", souligne Michael Lwoyelo, directeur de Sanergy, qui exploite le système de toilettes sèches du bidonville, mais également le proces de recyclage qui s'en suit.

Sanergy n'est pas seule sur ce marché : ailleurs au Kenya, Umande Trust transforme les excréments d'écoles et de bidonvilles en gaz de cuisine, Sanivation convertit les excréments de Kakuma, un camp de réfugiés du nord-ouest du pays, en briquettes utilisées comme combustible.
Sanergy espère en tout cas que d'ici 2022, un million de Nairobiens utiliseront ses toilettes, mais aussi que ce modèle s'exportera vers d'autres zones urbaines connaissant les mêmes problèmes que Nairobi.

L'Organisation mondiale de la santé met l'accent quant à elle sur le nombre de morts (mamadies diarrhéiques) lié à l'absence de toilettes sûres, tandis que l'Unicef évoque une perte mondiale de 260 milliards de dollars de PIB, en raison du coût des soins de santé et la perte de productivité liés à cette problématique.
