Justice : la gestion des déchets radioactifs mise en cause
Aujourd'hui a lieu à Nîmes le procès en appel de la société Socatri (Société Auxiliaire du Tricastin ; une filiale d’Areva), suite à la pollution radioactive de plusieurs cours d’eau survenue en juillet 2008. Les Amis de la Terre France se sont portés partie civile dans ce dossier. Ils entendent ainsi dénoncer les méfaits du recours à la sous-traitance dans le domaine du nucléaire et le talon d’Achille de la filière : la gestion des déchets radioactifs...
Le 7 juillet 2008, le débordement d’un stockeur de la station de traitement des effluents uranifères de l’usine Socatri de Bollène (Vaucluse) provoquait une pollution radioactive impliquant d’importantes conséquences sur l’environnement. C'est pourquoi Les Amis de la Terre France ont déposé plainte pour pollution des eaux et déclaration tardive d’incident à l’autorité de sûreté nucléaire. Ces délits peuvent être punis de 2 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. En première instance, le tribunal correctionnel a relaxé la Socatri en ce qui concerne la pollution des eaux (voir notre article). L'association entend donc aujourd’hui faire condamner en appel la filiale d’Areva sur ce fondement.
Au-delà du débat juridique, c’est tout le système du recours à la sous-traitance dans le domaine du nucléaire qui est ici sur le banc des accusés. "Nous entendons démontrer que la société Socatri a fait preuve de graves négligences et d’une particulière imprudence dans la gestion de déchets radioactifs", explique Maître Alexandre Faro, avocat des Amis de la Terre France. Le recours à la sous-traitance implique un délitement des responsabilités mais c’est finalement la société mère, le géant français du nucléaire Areva, qui doit ici être pointé du doigt.
"Les graves négligences de la société Socatri dans la gestion de ces déchets obligent une fois de plus à s’interroger sur le coût réel de la filière nucléaire dans son ensemble. L'impossibilité de gérer les déchets et effluents radioactifs de manière satisfaisante reste un problème central", ajoute Marie-Christine Gamberini, référente des Amis de la Terre sur le nucléaire. Cette affaire révèle ainsi avec éclat le manque d’attention portée par Areva à ses filiales en charge des déchets.