Installer la méthanisation dans un zoo … Pas si bête…

Le 21/05/2014 à 18:32  

Installer la méthanisation dans un zoo … Pas si bête…

© Société d’Architecture Boitte. L’unité de méthanisation du ZooParc de Beauval est un véritable projet d’intelligence territoriale, qui fédère de multiples acteurs locaux. Le site traite les effluents du ZooParc ainsi que des coproduits agricoles (déchets de légumes, fumiers d’élevage…) situés dans un rayon de 10 km afin de restreindre le transport au maximum. Les agriculteurs partenaires obtiennent en retour du digestat, un fertilisant naturel qui a le triple intérêt de réduire les nuisances olfactives par rapport à l’épandage des matières brutes, d’offrir un engrais assimilable plus facilement par les plantes grâce à la minéralisation de l’azote lors de la méthanisation et, ainsi, de contribuer à limiter le recours aux engrais chimiques...

C’est une histoire vraie qui n’a rien d’ordinaire puisque c’est une première… Jusqu’à présent, le ZooParc de Beauval dépendait du gaz naturel pour ses besoins thermiques, notamment pour chauffer les serres. Ce n’est plus le cas…

 Situé à Saint‐Aignan‐sur‐Cher en région Centre, le Zoo Parc de Beauval accueille 5 700 animaux et 600 espèces : c’est aussi le premier parc de ce genre à avoir intégré une unité de méthanisation, laquelle traite les déchets organiques du zoo et ceux provenant des exploitations agricoles voisines.
Qu’il s’agisse des crottes de pandas ou des déchets verts générés par les 27 hectares du site, il y a matières et donc de quoi faire…L’unité est calibrée pour prendre en charge les déchets verts du Zoo Parc (1 500 t/an), les fumiers du Zoo Parc (1 500 t/an), les déchets agroalimentaires (1 000 t/an), les fumiers bovins et ovins des environs (3 500 t/an), mais aussi les lisiers bovins (4 000 t/an), ainsi que les déchets de silos (300 t/an), soit un totale de 11 800 t/an...
A l’issue du process, on récolte de l’énergie d’une part, et un amendement organique, par ailleurs. La production de méthane est estimée à 500 000 Nm3/an ; elle permettra une production d’électricité significative (puissance électrique : 265 kWél ; production revendable : 2 GWh/an). Pour ce qui est de la chaleur, la puissance thermique est de l’ordre de 184 kWth (production brute de chaleur : 1,5 GWh/an ; autoconsommation : 0,4 GWh/an et production valorisable : 1,1 GWh/an).
Coup double : le zoo servira de vitrine à la métha ; les quelque 900 000 visiteurs annuels pourront recevoir des informations concrètes sur cette façon de traiter les déchets encore méconnue en France…

 © ZooParc de Beauval Accompagné par le bureau d’études et d’ingénierie Ledjo Energie, le ZooParc peut désormais valoriser les résidus organiques collectés sur le zoo et ses environs proches, dans cette unité de méthanisation dont la construction vient de s’achever et qui sera inaugurée fin juin 2014.
Le biogaz obtenu sert à produire de l’électricité renouvelable injectée sur le réseau et de la chaleur alimentant les serres les plus énergivores du ZooParc, via un module de cogénération de 265 kWél.
La mise en adéquation entre les besoins thermiques, l’investissement dédié à la construction du réseau de chaleur et la chaleur produite par l’unité de cogénération a été réalisée par Ledjo Energie, un Bureau d’études et d’ingénierie, spécialisé dans les projets de méthanisation depuis 7 ans. Le cabinet d’architectes Boitte a quant à lui, signé les plans pour une parfaite intégration de l’unité sur le site.

 Au terme de deux ans d’études et d’un an de travaux, dont trois mois de rodage, la réalisation de ce projet permet au ZooParc d’augmenter la diversification de ses activités dans la production d’énergie verte afin de diminuer son impact carbone et de stabiliser sa facture énergétique, avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 762 tonnes éq. CO2 et une baisse attendue de 20% de la facture énergétique totale de gaz du ZooParc.
« Le coût global du projet est de l’ordre de 2,50 millions d’euros, dont 2,33 millions pour la construction et la mise en œuvre de l’installation », nous indique Guillaume Pasquier, ingénieur chez Ledjo Energie. « Deux millions proviennent d’un prêt à taux bonifié, consenti sur 12 ans par la Caisse d’Epargne, la BEI et la Région Centre, dans le cadre d’un montage Preveo. Le prêt est garanti par BPI (ex Oséo), tandis qu’un contrat de rachat de l’électricité est passé sur une durée de 15 ans, ce qui permet d’amortir du moins en partie, cet investissement ».
Le zoo a bénéficié de subventions « à hauteur de 250 000 euros via l’Ademe et de 80 350 euros via l’Agence de l’Eau Loire Bretagne », poursuit notre interlocuteur.

© Photo LEDJO Energie En cela, cette unité de méthanisation est un véritable projet d’intelligence territoriale, qui fédère de multiples acteurs locaux situés dans un rayon de 10 km afin de restreindre le transport au maximum.
« Les agriculteurs partenaires, fournisseurs de déchets, obtiennent en retour un fertilisant naturel qui a le triple intérêt de réduire les nuisances olfactives par rapport à l’épandage des matières brutes, d’offrir un engrais assimilable plus facilement par les plantes grâce à la minéralisation de l’azote lors de la méthanisation et, ainsi, de contribuer à limiter le recours aux engrais chimiques », explique Guillaume Pasquier qui nous confie également,  que « l’installation sera à même de leur fournir 7000 m3 de digestats liquides et 2 800 tonnes annuelles de digestats solides », autant de matières qui ont l’immense avantage de ne pas cocoter…puisque la « méthanisation permet un abattement des odeurs de l’ordre de 80% », affirme le spécialiste.

Et pour conclure, Cocorico pour le zoo… Pour la construction, il a en effet fait confiance à des entreprises françaises, locales pour la majorité. Depuis Ledjo Energie, le bureau d’études et assistant à maîtrise d’ouvrage qui accompagne le ZooParc depuis 2010, en passant par le Cabinet d’Architecture Boitte jusqu’au constructeur du coeur du process de méthanisation sélectionné par appel d’offres, Naskeo Environnement, le Zoo Parc de Beauval démontre « que les compétences pour développer de tels projets sont bien présentes sur l’Hexagone ».