Innovation : une membrane pour produire du biométhane
MemfoACT (Membranes for Advanced Clean Technologies), société rattachée à l'Université Norvégienne des Sciences et Technologies (NTNU) et créée en 2008, développe actuellement une membrane permettant de produire du biométhane à partir de biogaz. Ce dernier contient majoritairement du méthane (entre 50 et 70%), ainsi que du dioxyde de carbone (CO2) et quelques autres composés (vapeur d'eau, sulfure d'hydrogène...). Le défi relevé par cette nouvelle membrane est de séparer le biométhane des autres gaz en combinant une haute sélectivité, nécessaire pour son utilisation ultérieure, et un haut rendement...
Le biogaz est produit par la fermentation de matières organiques, en l'absence d'oxygène, dans des cuves (fermenteurs) chauffées afin d'améliorer le rendement. Ses sources sont multiples : décharges, boues des stations d'épuration, effluents d'élevage, marais... On le sait, la récupération de ce biogaz (et notamment du méthane) présente des intérêts énergétiques et environnementaux certains : le méthane est en effet un GES bien plus puissant que le CO2 (environ 23 fois plus). Rien qu'en Norvège, on estime que l'ensemble des biodéchets représentent une réserve énergétique de l'ordre de 6 TWh/an ; à l'echelle de l'Europe, ce chiffre passe à 400 TWh/an. L'un des avantages de l'utilisation de biométhane comme biocarburant est en outre que sa production n'entraine pas l'utilisation de terres arables.
Les enjeux de l'utilisation du biométhane sont donc importants et on comprend pourquoi MemfoACT a réussi à obtenir, fin septembre 2010, une réserve de fonds de plus de 3 millions d'euros afin de pouvoir lancer la commercialisation de sa membrane. Ces financements proviennent d'acteurs à la fois du secteur public (Innovasjon Norge) et privé. La membrane en question est en fait une barrière sélective qui sépare les gaz sans utiliser de produits chimiques. Sa structure est semblable à un tamis moléculaire en carbone qui sépare les gaz en fonction de la taille et de la forme des molécules en utilisant de fortes pressions. Elle fonctionne également à haute température (jusqu'à 500°C), à la différence des membranes en polymère dont le rendement baisse à partir de 100°C. Seule ombre au tableau pour l'instant : sa durée de vie...
MemfoACT se positionne ici avec une technologie innovante et économique permettant un développement, même à petite échelle, de structures de récupération de biogaz. En effet, jusqu'à maintenant les petites structures supportaient difficilement le prix de la séparation CO2/méthane, étape clé pour l'utilisation du biogaz. La technologie de la compagnie MemfoACT est actuellement en train d'être testée dans 3 usines de traitement des déchets en Norvège et une unité pilote de production à grande échelle de membrane devrait bientôt voir le jour.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter la brochure de présentation de MemfoACT en cliquant ici (format PDF, en anglais). En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons également à la lecture de notre article : Energie : quelles perspectives d'évolution pour le biogaz ?.
source : ADIT