Incinération : Sita blinde la biosurveillance

Le 18/11/2008 à 14:08  

Incinération : Sita blinde la biosurveillance
analyses Les impacts environnementaux de l’industrie sont aujourd’hui intégrés dans la gestion globale des entreprises, surtout en Europe. Les directives imposant des normes en termes de dispersion sont appliquées et parfois anticipées, afin de préserver la santé des riverains et la biodiversité des écosytèmes jouxtant les installations industrielles. Dans ce cadre, Sita France (Groupe Suez) et sa filiale Novergie développent de nombreuses initiatives, dont la biosurveillance : grâce au suivi diachronique de bioindicateurs (plantes, lichens, lait, abeilles...), leurs experts évaluent les impacts éventuels afin de répondre à cette préoccupation environnementale...

Les pollutions industrielles ont commencé dès le XIXème siècle en Angleterre, et la concentration en dioxyde d’azote et de soufre dans les brouillards et les pluies ont provoqué dans les années 1960 la disparition des poissons dans certains lacs de Scandinavie et du Canada, ainsi que le dépérissement des forêts allemandes, puis françaises (Vosges) dès les années 1970. Suite à ces atteintes spectaculaires à l’environnement, de vastes réseaux d’observation des végétaux ont été mis en place. Le but : apprendre à déceler l’impact des émissions industrielles sur la flore, évaluer la nature et la quantité des polluants ainsi que leurs effets sur les écosystèmes et, enfin, prendre des mesures pour réduire ou traiter les polluants.

lichens Parmi les végétaux observés par les experts de Novergie, les lichens, présents sur les écorces et les pierres, sont considérés depuis plusieurs décennies comme des témoins à la fois de la qualité de l’air et de la biodiversité : plus ils sont abondants, plus la nature se porte bien. Les lichens sont composés de deux organismes : un micromycète (champignon) et une algue. Ce sont également les premiers recycleurs naturels puisqu’ils altèrent patiemment toutes les roches, dont les granites. Dépourvus de racines, ils sont totalement dépendants de l’air et de la pluie dans lesquels ils trouvent leurs nutriments. Cette symbiose permet de les utiliser en toutes saisons comme bioindicateurs pour le diagnostic et le suivi de la qualité de l’air.

Les substances et particules en contact avec les lichens sont absorbées et retenues et peuvent ainsi être qualifiées et mesurées. Quand la pollution de l’air dépasse certaines normes, les lichens les plus sensibles meurent et disparaissent peu à peu, comme dans la plupart des grandes villes. On peut ainsi évaluer, en faisant un état des lieux sur une zone type, par exemple sur les troncs d’arbre où les conditions écologiques sont optimales pour qu’une communauté de lichens se développe, l’évolution de ces différentes espèces sur des zones à diagnostiquer. Grâce à leur propriété de bioaccumulation de tel ou tel polluant généré par une industrie ou une route à grande circulation, et souvent par les deux, les lichens mettent en évidence que les incinérateurs se révèlent à présent bien au-dessous des normes de dioxine admises.

pollution atmosphérique Aujourd’hui, les diagnostics de biosurveillance sont mis en oeuvre dans 13 des 38 usines d’incinération de Novergie. Le suivi des analyses des lichens et des mousses peut s’exercer ainsi dans les milieux naturels où la diversité végétale est limitée. Ces végétaux primitifs se nourrissant de ce qu’ils trouvent dans l’air ou l’eau de pluie, ils accumulent nos polluants, se révélant ainsi de précieux auxiliaires pour les experts chargés par Novergie des contrôles environnementaux. Les coordonnées géographiques et la prise en compte des données météorologiques et des vents peuvent permettre alors de modéliser les résultats grâce à un SIG (Système d’Interprétation Géographique), base d’une biosurveillance amenant à mieux contrôler les émissions de polluants ou la dynamique industrielle, ainsi que leurs impacts sur l’environnement.

Les diagnostics sur ces végétaux permettent d’évaluer sur certaines périodes les effets des politiques environnementales des industriels ou des transports, et la réduction des émissions de polluants. Aujourd’hui, chez Novergie, les méthodes conventionnelles (mesures dans l’air ou mesures des retombées) et la biosurveillance sont deux approches complémentaires de l’étude de la pollution atmosphérique : les premières sont obligatoires, les secondes facultatives.Toutefois, au regard de leur temps de réponse, leur observation permet d’anticiper l’impact d’un dépassement des normes, comme dans l’environnement des incinérateurs de déchets ménagers, où les doses de rejet de dioxine sont très strictes.

lait Selon la nature du site ou des écosystèmes, d’autres bioindicateurs sont régulièrement utilisés, comme les produits de l’agriculture qui peuvent, eux aussi, révéler certaines concentrations de polluants. Le lait, dans les zones d’élevage, permet de suivre l’acceptabilité des normes imposées et ainsi de garantir aux éleveurs installés à proximité d’une usine la qualité des produits laitiers et, bien sûr, la sécurité des consommateurs. Dans plusieurs régions, dont les Vosges, et sur 12 sites, Novergie met en oeuvre des technologies de biosurveillance du lait pour s’assurer de l’absence d’impacts environnementaux. Dans les Vosges, un comité de suivi rassemble les responsables de l’entreprise, les éleveurs et les associations environnementales afin d’accompagner en toute transparence le contrôle des mesures effectuées par les experts à partir du lait. Depuis la mise en place de ce comité en 1999, aucune mesure alarmante n’a été enregistrée, le taux de dioxine dans le lait restant proche du "bruit de fond", très inférieur aux normes OMS. Autre exemple : les abeilles, elles aussi très sensibles aux polluants. Depuis 2005, des installations de stockage de Sita accueillent des ruches ; l’analyse des pollens et la santé des abeilles ont d'ailleurs confirmé l’absence de traces de polluants sur ces sites.

L’ensemble de ces bio-indicateurs sont autant de capteurs de la pollution atmosphérique. Ils permettent d’alerter les responsables qui disposent d’une "échelle de risques" fiable apportant aux riverains des installations la sécurité environnementale à l’aune d’une industrie associant économie, santé et écologie.