Incinération : les petits suisses, si bons !
De source AFP, nous apprenons que les déchets napolitains vont être incinérés en Suisse. Pour notre part, voici notre réaction à chaud.... Vos contributions sont les bienvenues.
Comme le rappelle le communiqué du mois de janvier de l' ASED (Association Suisse des chefs d'exploitation et exploitants d'installations de traitement des déchets), la "collaboration avec les pays voisins s'est avérée bonne " ces dernières années. Ainsi, en 2006, près de 420.000 tonnes de déchets provenant de la France voisine (+/-10 % du volume) de l’Allemagne ( +/-78 %) de l’Autriche (+/-10 %) et de l’Italie (+/-2%) ont été traités thermiquement en Suisse. Cette quantité correspond à plus de 10% des capacités de production disponibles des installations de traitement suisses. Et il n'y a pas de raison que cela n'augmente pas notamment grâce à l'importation des déchets napolitains.
En effet, les Services industriels de Genève (SIG) viennent d'approuver l'importation de 300 000 tonnes d’ordures étrangères d’ici à 2011 provenant d'Autriche (129 000 tonnes) et d'Italie (181 000 tonnes). Concernant les déchets provenant de Naples, ils seraient acheminés par train et au niveau de leurs qualités, des analyses seraient pratiqués. Maintenant, si un train n'est pas conforme, les suisses vont-ils le renvoyer à l'expéditeur ? Cela m'étonnerait fort. Concrétement, cette décision est justifiée uniquement par l'intérêt économique. La capacité de l'uiom de Genève est de 350 000 tonnes par an et elle n'a traité que 298 000 tonnes en 2007.
Ensuite, l'uiom de Lausanne exploitée par Tridel est aussi sur les rangs pour traiter les déchets italiens. «Genève a pris de l'avance, reconnaît le président et administrateur-délégué, Stefan Nellen. Mais nous devrions rencontrer dans les semaines qui viennent la société qui sert d'intermédiaire entre l'Italie et 7 entreprises d'incinération suisse dont Tridel» pour envisager une collaboration.
Certaines voix se sont élevées pour dénoncer que Genève risquait de devenir la poubelle de l'europe, et qu'elle était complice de la mafia napolitaine, sans parler du problème de transport routier puisque pour transporter les déchets de la Praille aux Cheneviers, il faudra effectuer 15 000 trajets en camion. Mais, à n'en pas douter, cela ne changera pas ces décisions.
Pour notre part, nous pourrions dire bravo au raisonnement des professionnels suisses de l'incinération ( Ah ces petits suisses, ils sont si bons !) : économiquement ils rentabilisent au mieux leurs outils de production et écologiquement ils évitent l'importation d'énergie fossile. Qui dit mieux ! Sauf que c'est l'arbre qui cache la forêt. D'une part, on ne peut que constater une capacité d'incinération excédentaire. N'aurait-il pas mieux valu éviter de construire ce qui n'est pas adapté au gisement local et ceci en prenant en compte la montée du recyclage qui diminue les tonnes incinérées ?. D'autre part, en considérant que la Suisse est au milieu de l'Europe, comment peut-elle cautionner le transport transfrontalier et lointain de déchets alors que la logique est le traitement de proximité. Peut-être que le bilan économique Suisse est profitable. Mais, si l'on se place à un niveau européen, il est fortement négatif et ceci tant au niveau économique, qu'écologique pénalisé par le transport de ces déchets. Il est vrai qu'en termes d'éco-bilan, on n'est pas à une aberration près...