Incinération : les bretons tiennent bon

Le 12/01/2010 à 10:31  

Incinération : les bretons tiennent bon

Dans grève, il y a rêve Neuvième jour. C’est chaud depuis plus d'une semaine ; on est toujours dans l’impasse : les trois UIOM de Brest, Briec et Concarneau sont concernées ; il semble que la direction de Géval ait fait un pas vendredi... saud qu'il a débouché sur une impasse...

Les salariés des usines d'incinération Géval (filiale de Veolia) à Brest et à Briec, en grève illimitée depuis le 2 janvier, initiateurs du mouvement qui ont été rejoints mercredi par leurs collègues du site de Concarneau (Finistère).

Depuis le démarrage, il n’y avait pas eu d’échanges directs entre les grévistes et la direction....

Mais la délégation FO a été reçue fin de semaine à Brest, au nom des grévistes des sites de la société Géval Brest, Briec et Concarneau, représentée par Martial Gabillard, directeur régional, venu de Rennes pour organiser la concertation.

«Il a accepté de nous rencontrer», a indiqué Jean-Paul Martin, délégué FO, sur le qui-vive malgré tout. «Initialement, il voulait me voir seul, à Briec. J'ai refusé. Il me verra au Spernot, accompagné de collègues de Briec et de Concarneau».

À Brest, la grève de 22 techniciens de la société Géval, qui font tourner l’usine d’incinération des ordures ménagères du Spernot, perdure. Une affaire d’autant plus délicate que le mouvement menace le réseau de chauffage urbain alimentant 21 400 équivalents logements à Brest (écoles, CHU, logements, facs…).

Sur le site de Brest (où une partie des déchets est stockée provisoirement, l'autre acheminée vers d'autres usines), la combustion des ordures ménagères qui alimente le réseau de chaleur de la communauté urbaine de Brest a en effet été stoppée. Fin de semaine dernière, à défaut d'ordures, l'usine fonctionne avec 48 tonnes de fioul par jour pour alimenter le réseau fournissant du chauffage à 21.400 équivalent logements (établissements publics et CHU de la ville compris).

Côté grévistes, « on espère que le patron n’est pas venu les poches vides » : pour mémoire, ils réclament une revalorisation de leur salaire à hauteur de 200 € bruts par mois.

De cette entrevue, les grévistes attendent des propositions concrètes. «Nous ne lâcherons rien. Certains d'entre nous, pour qui ça devient un peu dur, sont prêts à contracter des crédits pour poursuivre le mouvement. Nous voulons des chiffres, des dates», ont-ils rappelé devant le piquet de grève, glacial, installé aux portes du Spernot, à Brest.

« Deux équipes sont sur le pied de guerre pour faire vivre le réseau tant que l'usine ne redémarre pas », a par ailleurs déclaré Gildas Bainville, responsable technique de Dalkia Brest, l'entreprise en charge du chauffage, à nos confrères de l'AFP.

Cette autre filiale de Veolia a mis en service plusieurs chaufferies de délestage qui consomment elles aussi 48 tonnes de fioul par jour pour assurer la continuité du chauffage public : « ça n'a pas d'impact sur le consommateur et les ménages paient le même prix », a précisé Gildas Bainville.

« On croque beaucoup d'énergie pour ne pas honorer les négociations mais, au final, la facture sera plus lourde que ce que nous demandons comme augmentation », a affirmé de son côté le délégué syndical FO Jean-Paul Martin, à l'AFP….

Le syndicat FO réclame une revalorisation des salaires, alors que la direction de Géval, basée à Rennes, renvoie les salariés aux négociations annuelles obligatoires prévues le 19 janvier : dans ce contexte, l’accord reste difficile à trouver.

Question chiffres, il paraît que la facture, celle du fioul, qui commence à gonfler sérieusement pour Veolia. On parle de 3.500 litres de fioul, - à 68 centimes d'euros le litre -, consommés par heure sur Brest. Si on multiplie par 24, on arrive à un total quotidien de 57 000 € environ. Au sixième jour de grève, on flirte donc avec les 325.000 €…

Sans parler du manque à gagner sur Briec et Concarneau, productrices d'électricité vendue à EDF, qui aurait délesté pendant plus de deux heures sur certains secteurs brestois, perturbant le réseau de chaleur alimenté par l'usine d'incinération touchée, où se trouve la chaufferie centrale. «Du coup, si nos fours ne fonctionnent pas, on ne peut pas transférer la chaleur sur le réseau». Cette panne a affecté les secteurs de la Cavale Blanche - hors hôpital - et de Bellevue, en direction du centre-ville de Brest. « Nous avons reçu des appels de particuliers pour nous signaler une baisse de température dans leurs logements», aurait annoncéVincent Gouesbet, directeur de Dalkia.

Toujours est-il qu'une nouvelle rencontre entre direction et délégation FO de Briec, Brest et Concarneau a été calée. Elle devrait avoir lieu demain soir à 17 h 30 sur le site brestois. La réunion de deux heures du vendredi 8 janvier n’ayant pas débouché.