Incinération : le Syctom parisien blinde sa biosurveillance
Le Syctom de l’Agglomération parisienne, conformément à l’arrêté du 20 septembre 2002, surveille l’impact environnemental de ses unités d’incinération. Pour compléter cette exigence réglementaire, il étudie certains des végétaux poussant à proximité. Cette biosurveillance informe de l’accumulation ou non dans l’écosystème de pollutions en lien notamment avec les activités humaines. Dans le dernier numéro de son magazine trimestriel, le Syndicat fait le point sur ces témoins de la bio-accumulation : les résultats obtenus après l'analyse des mousses, lichens et autres choux frisés sont passés au crible...
"Avec la biosurveillance de nos 3 centres de valorisation énergétique par incinération, notre objectif est de compléter le contrôle de l’impact environnemental des incinérateurs d’ordures ménagères qui a été renforcé en 2005", indique Sophie Mauvillain, en charge de la Direction du développement durable qui gère, notamment, les questions relatives aux contrôles des unités d’incinération du Syctom au niveau environnemental. Alors que les jauges Owen constituent le dispositif de contrôle réglementaire mis en place par le Syndicat pour mesurer les taux de dioxines/furanes et de métaux lourds présents dans l’atmosphère (voir encadré ci-dessous), les mousses, lichens et autres choux frisés viennent compléter ce suivi environnemental.
Par leur prélèvement et leur analyse, ces bio-indicateurs restituent le niveau de polluants qu’ils ont accumulé durant leur croissance. "Comme avec les jauges Owen, les campagnes de prélèvement de ces bio-indicateurs ne révèlent pas d’impacts des centres d’incinération du Syctom sur leur environnement direct dans le temps", précise Sophie Mauvillain. C’est par exemple le cas à Isséane : depuis 4 ans maintenant, le Syndicat prélève mousses et lichens aux alentours de son unité d’incinération située à Issy-les- Moulineaux (92). Chaque année, ces bio-indicateurs sont retirés de leur écosystème en 4 points géographiques, toujours les mêmes. De nouveaux points ont été rajoutés en 2009 pour amplifier le suivi qui porte maintenant sur 5 points pour les lichens et 7 pour les mousses. Précisons que l'un des points est suffisamment éloigné pour ne pas être influencé par l’activité d’Isséane.
La comparaison d’une année sur l’autre permet d’apprécier l’évolution des dépôts avec l’éloignement à l’usine. Le cas d’Isséane est à cet égard particulièrement intéressant, dans la mesure où l’année 2007 constitue un "point zéro", c'est-àdire sans aucune activité d’incinération. Les jauges Owen montrent une diminution globale de la teneur en dioxines et en métaux lourds dans l’environnement depuis 2007. Les prélèvements de mousses et lichens confirment globalement cette réduction depuis le début des campagnes.
Autour des unités d’incinération à Saint-Ouen (93) et Ivry-Paris XIII (94), en l’absence d’un point zéro (les suivis ont débuté alors que les 2 usines étaient déjà en fonctionnement), l’analyse des résultats se fait par comparaison interannuelle et en fonction de l’éloignement à l’usine. L’évolution des dépôts mesurés par les jauges et la biosurveillance avec l’éloignement aux usines ne traduit pas d’impact du fonctionnement de ces installations dans leur voisinage proche. Par ailleurs, la surveillance autour de ces sites met en évidence une diminution de la teneur en dioxines dans l’environnement depuis 2005. Autour de ces centres, il a également été utilisé en 2007 et 2008 des choux frisés qui, après avoir été cultivés en serre pendant 2 mois sur un sol normalisé, ont été exposés pendant 2 mois en 7 points aux environs de chaque centre, près des jauges Owen. Ce suivi a permis de relever des teneurs très en dessous des valeurs limites règlementaires ou recommandées pour la consommation de ce type de produit.
La biosurveillance apporte ainsi des informations précieuses sur l’imprégnation, année après année, de l’écosystème aux polluants générés par les activités humaines. Pour les 3 prochaines années, le Syctom prévoit un budget annuel de 40 000 euros pour faire avancer les connaissances en la matière et confirmer le rôle de cette sentinelle d’un nouveau genre dans la surveillance de ses équipements. Le contrôle de l’impact environnemental d’un incinérateur en regardant pousser les plantes a donc de beaux jours devant lui...
Les jauges Owen sont des collecteurs d’eaux de pluie en forme d’entonnoir. Du nom de leur inventeur, elles permettent de mesurer le niveau de dioxines/furanes et de métaux lourds contenu dans l’environnement. Une fois par an, des jauges sont installées durant 2 mois aux endroits où les retombées des panaches de fumée sont supposées être les plus importantes et sur des points témoins afin de bien apprécier le degré de pollution à proximité des unités d’incinération (30 points au total autour des 3 unités de valorisation énergétique du Syctom). L’emplacement des jauges est déterminé par la dispersion des polluants en fonction de la rose des vents. A la vue du référentiel de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), les analyses des retombées de dioxines dans l’environnement des incinérateurs du Syndicat ne mettent pas en évidence la présence d’une source d’émission de dioxines. |
source et crédits photos : Syctom de l’Agglomération parisienne