Incinération et cancers : une étude, des résultats...
Le 30 novembre 2006, l'institut de veille sanitaire (InVS) rendait public les résultats préliminaires de l'étude sur l'incidence des cancers à proximité des usines d'incinération d'ordures ménagères. Le CNIID s'était déjà alarmé des excès de risque significatifs mis en évidence et attendait les résultats définitifs (1). Près d'un an et demi après, ils sont enfin disponibles... et jugés beaucoup plus alarmants! Le tableau ci-dessous montre que, pour tous les types de cancers, les risques relatifs avaient été sous-estimés...
Etant donné les courtes périodes de latence choisies entre exposition et apparition d'un cancer (5 ans pour les leucémies, 10 ans pour les autres cancers), il y a, en plus, de forts risques que les résultats restent encore sous-estimés par rapport à la réalité, ce que reconnaît d'ailleurs l'InVS à plusieurs reprises dans le rapport : le pic d'apparition des cancers n'est ainsi peut-être pas encore atteint.
Types de cancer |
Excès de risque de cancers - Résultats préliminaires – novembre 2006 |
Excès de risque de cancers - Résultats définitifs – mars 2008 |
Myélomes multiples hommes Myélomes multiples (H et F) Sarcomes des tissus mous LMNH (2) (femme) LMNH (H et F) Cancer du foie (H et F) Cancer du sein chez la femme Tous cancers chez la femme |
/ / +12,9%
+8,4% +9,7% +6,9% +4% |
+23% +16% +22%
+12% +16% +9% +6% |
Les résultats de cette étude qui porte sur une situation passée (incidence de cancers entre 1990 et 1999) ne peuvent être transposés à une situation actuelle selon l'InVS. « Nous allons demander aux populations qui vivent aujourd'hui à proximité d'un incinérateur de patienter 10 ou 20 ans pour lancer une nouvelle étude et pour connaître le risque qu'un incinérateur actuel ait provoqué un cancer » s'insurge Sébastien Lapeyre, chargé de mission incinération au CNIID. Les mises aux normes ne peuvent pas tout, eu égard notamment au cocktail chimique présent dans les fumées. « Les normes ne sont pas des normes sanitaires mais uniquement des normes techniques : ce n'est pas parce que les normes sont divisées par 10 sur tel ou tel polluant que les risques diminueront d'autant » précise Sébastien Lapeyre. Le corps médical, en parallèle des ONG, s'est d'ailleurs massivement mobilisé pour dénoncer les risques sanitaires actuels de l'incinération.
Au vu de ces enseignements, il semblerait que les populations doivent payer au prix fort le manque de volontarisme pour réduire le recours à l'incinération telle que nous l'avons vécue pendant des années (il faut rappeler que les nouvelles normes sont beaucoup plus draconniennes et que les incinérateurs ont tous été mis à ces normes fin 2006 ou fermés).
« Alors que les travaux du Grenelle sont en cours, ces nouveaux résultats, passés inaperçus, viennent confirmer une fois de plus les risques liés à l'incinération et le peu de cas fait au principe de précaution», conclut notre interlocuteur.
Pour en savoir plus, on peut lire l'article de notre confrère (voir lien ci contre)