Incinération : des normes de plus en plus sévères
La directive européenne de 1994 sur les incinérateurs de déchets dangereux imposait déjà des seuils très bas sur plus d’une dizaine de paramètres : monoxyde de carbone, poussières, carbone organique total, chlorure et fluorure d’hydrogène, dioxyde de soufre, métaux lourds (cadmium, tallium, mercure, plomb, chrome, cobalt...) et dioxines. Pour ces dernières en particulier, cette directive fixait une limite extrêmement faible de 0,1 ng/m3...
La directive européenne de décembre 2000, également applicable à l’incinération des déchets banals, a encore renforcé les contraintes, fixant notamment des seuils sur de nouveaux polluants (comme le monoxyde et le dioxyde d’azote) et abaissant les plafonds d’émission pour plusieurs métaux lourds.
Pour les années à venir, on annonce un renforcement des normes en matière d’émission de particules microniques. D’ici à 2015, les Etats membres de l'UE devront réduire les concentrations au-dessous de 20 μg/m3 en zone urbaine, et à 25 μg/m3 sur l’ensemble de leur territoire pour les particules de 2,5 μ. Par ailleurs, l’Union a adopté cette année une directive fixant des seuils de concentration dans les eaux de surface pour 41 substances, contre seulement 8 aujourd’hui.
Parmi les nouvelles substances sous surveillance, on trouve le benzène et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Dans les 2 ans à venir, 13 substances supplémentaires pourraient venir s’ajouter à cette liste.
Pour mieux maîtriser les émissions atmosphériques des incinérateurs et aller au-delà de la réglementation ou anticiper ses évolutions, Veolia Propreté a confié deux programmes de recherche au Centre de recherche sur la propreté et l’énergie de Veolia Environnement (CRPE). Le premier porte sur le contrôle des rejets de dioxines en sortie de cheminées. Leur mesure en continu étant techniquement impossible, le CRPE évalue des technologies et des outils de métrologie permettant de mesurer en continu des paramètres corrélés avec la teneur en dioxines des fumées.
Le second programme porte sur les émissions de particules fines (de diamètre inférieur à 2,5 μ) et ultrafines (de diamètre inférieur à 0,1 μ). En partenariat avec l’Institut Max-Planck, laboratoire allemand de référence mondiale, le CRPE est parvenu à les mesurer en continu, mais aussi à caractériser la nature de leurs composants. Une première mondiale et un défi technique, compte tenu de la taille de ces poussières. L’objectif est maintenant d’établir la signature, le profil type, des émissions de particules fines et ultrafines des incinérateurs. En cas de concentration excessive de particules dans l’atmosphère, cela permettrait de savoir si la responsabilité incombe à l’incinération de déchets ou à d’autres activités.