"Incinération des déchets ménagers : La grande peur"
Au cœur des peurs contemporaines, les déchets ménagers et leur incinération suscitent aujourd’hui plus que jamais controverses, inquiétudes, refus catégoriques… Les incinérateurs sont en effet accusés, entre autres désagréments, de produire des dioxines et autres furannes réputés toxiques... Pour faire le point, les Editions du Cherche Midi publient un ouvrage qui est en vente depuis quelques jours...
L'incinération des ordures ménagères fait peur et génère des oppositions de plus en plus farouches. C’est si vrai que pour tenter de "désamorcer la pompe", le ministère de l’Ecologie et du Développement Durable recevait récemment, en janvier dernier, le Comité de la Prévention et de la Précaution (CPP) qui rendait public, son avis sur les incinérateurs d’ordures ménagères.
De plus, de nouveaux textes réglementaires imposent des seuils d’émission encore plus faibles pour les incinérateurs qui sont mis en demeure de se conformer aux nouvelles règles pour le 31 décembre de cette année.
Cela étant, les experts s’accordent à dire que les teneurs désormais autorisées par ces nouvelles réglementations ne présentent pas de nocivité significative…
Il n’empêche. Les mauvais souvenirs persistent et résistent dans la mémoire collective…
Les Editions du Cherche Midi éditent un ouvrage sur ce thème, intitulé « Incinération des déchets ménagers : la grande peur ». Publié dans la collection « Documents » et mis en vente depuis le 3 mars dernier au prix de 18 euros, il comporte 256 pages et recueille l’opinion des spécialistes en la matière qui font le point sur les rumeurs, les culpabilités et les images troubles suscitées par les déchets de notre mode de vie. Mais ce livre apporte aussi des réponses précises et ouvre de nouvelles questions.
« Comment en sommes nous arrivés à ces extrêmes ? » s’interroge Jacques Pélissard dans la préface de l’ouvrage. « Somme nous capables d’en sortir ? »
Beaucoup de citoyens se sont plaint de la très forte et constante progression de la TEOM ces dernières années Ils ont tout à fait raison. Simultanément, la gestion des déchets a vécu dans le même temps une véritable révolution qui s’est traduite autant par la fermeture des UIOM obsolètes que par la mise aux normes des autres, ce qui ne va pas sans engendrer des dépenses importantes…
Cela étant, les installations en fonctionnement aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles qui sévissaient il y a encore 10 ans, notamment pour ce qui touche au traitement des gaz.
Paradoxalement, alors que l’évolution des technologies et les nouvelles contraintes européennes ont contribué à rendre les installations beaucoup plus respectueuses de l’environnement et de la santé, la contestation n’a jamais été aussi forte. Elle s’est nourrie du retentissement de certaines malheureuses affaires qui ont durablement troublé l’image de marque des incinérateurs.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que de nombreux départements risquent de se trouver dans une situation de pénuries de capacités de traitement des déchets ménagers et ce, à court terme.
Certes, l’incinération n’est pas le seul mode de traitement des déchets ménagers. Cela étant, les autres voies sont confrontées aux mêmes difficultés.
Dans ce contexte, les blocages d’implantation de nouveaux équipements ne vont pas manquer de pose de graves problèmes et risquent de se traduire par une intensification du transport routier vers des installations toujours plus lointaines et par une accentuation des nuisances liées au trafic pour les riverains concernés.
« Ne soyons pas défaitistes ! » soutient Jacques Pélissard
"Les solutions miracles n’existent pas. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille baisser les bras. Je pense au contraire qu’une nouvelle gouvernance territoriale des déchets est à inventer, avec un double objectif de restaurer la confiance des citoyens et de dépassionner le débat. De la concertation, de la communication et de la transparence sont nécessaires tout au long du cycle de vie des déchets".
Des outils spécifiquement dédiés aux UIOM existent déjà mais sont certainement sous valorisés, comme par exemple les CLIS, par lesquelles il est possible de participer au contrôle de la bonne marche des installations.
D’autres sont à inventer...
A travers les contributions des différents experts qui se sont exprimés dans cet ouvrage, à savoir :
Rémi Barbier, Maître de conférence à l’Ecole nationale du génie de l’Eau et de l’Environnement,
André Le Bozec, Ingénieur économiste,
Denis Bard, Médecin épidémiologiste et évaluateur de risque en santé environnementale, Gérard Keck, Professeur de toxicologie à l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon
Elvire Van Staëvel, Anthropologue à l’Université Lumière Lyon III
Marie-Claude Sicard, Normalienne, Agrégée de Lettres, Expert en stratégies de communication, Enseignante au Celsa (Paris IV- Sorbonne)
Cyrille Harpet, Docteur en philosophie
Michel Drancourt, Economiste
Magali Pierre, Socio anthropologue et
Gérard Bertolini, Directeur de recherches au CNRS
Et de leurs propos parfois iconoclastes, c’est toute la genèse d’un problème de société qui est analysée.
Passionnant !!!