Incinération des déchets : l'Ademe donne son avis
Le choix d'un mode de traitement des déchets doit viser à tirer le meilleur parti du gisement de déchets existant et des techniques disponibles, dans un souci d'optimisation de leur valorisation et de maîtrise des impacts environnementaux et des coûts. "Dans ce contexte, et dans la mesure où ses impacts environnementaux et sanitaires sont aujourd'hui maîtrisés, une incinération performante reste un outil de gestion des déchets pertinent permettant de répondre à un objectif d'élimination des déchets n'ayant pu être recyclés ou valorisés par retour au sol (valorisation de la part organique) tout en permettant une valorisation de leur contenu énergétique, et ce dans le respect de la hiérarchie des modes de gestion : prévention, réutilisation, recyclage dont valorisation organique, puis valorisation énergétique, enfin stockage réservé aux déchets urbains", souligne l'Ademe qui vient de publier un avis sur la question...
En France, l’incinération est le premier mode de traitement des déchets municipaux avec la mise en décharge (30%), devant le recyclage (20%) et le compostage (15%). En 2010, 30% de nos déchets municipaux étaient ainsi traités par incinération, plaçant l'Hexagone au 7ème rang européen en la matière. Toujours en 2010, le parc d’UIOM (Usines d'Incinération des Ordures Ménagères) était composé de 129 unités traitant un total de 14 Mt/an, dont 114 usines avec récupération d’énergie correspondant à un tonnage traité de 13,8 Mt/an. Chaque usine avec récupération d’énergie traitait entre 8 900 t/an et 730 000 t/an avec une moyenne d’environ 120 000 t/an. Dernier chiffre : le coût moyen d’incinération de déchets était de 94 euros TTC par tonne en 2010, en incluant la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes).
Les craintes que l'incinération suscite nécessitent la mise en oeuvre de réelles concertations locales dans le montage des projets et un suivi attentif des installations. Par ailleurs, pour que le choix de l'incinération soit optimal, un certain nombre d'exigences s'impose. En premier lieu, la valorisation de l'énergie produite doit être aussi performante que possible, en étudiant par exemple le raccordement d'utilisateurs de chaleur et de solutions en période de moindre besoin (transformation en électricité ou en froid en période estivale, par exemple). Si de nouvelles unités d'incinération s'avèrent nécessaires, il apparaît important qu'elles soient intégrées dans les schémas d'urbanisme et implantées à proximité des utilisateurs potentiels de chaleur. De plus, le dimensionnement de l'unité d'incinération doit s'inscrire dans une vision plus globale de la gestion des déchets sur un territoire, tenant compte d'objectifs ambitieux en matière de prévention et de recyclage. Il doit être formulé tant en flux (tenir compte d'une diminution des flux à traiter), qu'en contenu calorifique des déchets à traiter sur les 10 ou 15 ans à venir (évolution du pouvoir calorifique des ordures ménagères résiduelles et utilisation éventuelle de refus de tri ayant un fort pouvoir calorifique).
Concrètement, cela se traduit par la recherche de coopération entre collectivités et syndicat de gestion afin d'optimiser l'usage du parc existant, tout en favorisant les actions de prévention et de recyclage et la prise en compte des unités existantes sur le territoire concerné. "Les contrats d'exploitation ne doivent pas inciter au recours à l'incinération au-delà du strict besoin. La qualité de gestion de l'unité doit faire l'objet d'un protocole de suivi qualité (exploitation de l'unité, qualification des déchets entrants, suivi et contrôle des émissions), et d'une grande transparence dans la communication des résultats du programme de surveillance. Ces résultats pourraient par exemple être transmis aux communes riveraines, à la CLIS (Commission Locale d'Information et de Surveillance), au comité de suivi de la charte de qualité environnementale, au groupe de surveillance des riverains et enfin repris dans le dossier d'information du public remis par l'exploitant chaque année à la Préfecture", indique l'Ademe.
Autre point : en amont, la collecte séparée des déchets dangereux, susceptibles d'être à l'origine d'émissions de polluants lors de leur incinération, doit être optimisée tant par des actions de sensibilisation visant à la réduction de leur production, la promotion d'alternatives à leur usage, que par la mise à disposition des habitants de lieux de dépôts pour les produits usagés. Enfin, la valorisation énergétique des déchets est susceptible de prendre de multiples formes : incinération, coincinération en cimenteries ou autres industries, transformation en CSR (Combustible Solide de Récupération), en liquide ou en gaz combustibles. L'Ademe précise rester attentive à ces évolutions afin de vérifier la pertinence des différentes voies en développement, et d'encourager celles qui apparaissent les plus prometteuses.
Pour télécharger l'avis complet de l'Ademe sur l'incinération des déchets ménagers et assimilés (6 pages), rendez-vous ici.