Incinération : c’est chaud chez les bretons
Au lendemain du réveillon pas question de boire le bouillon : les techniciens des incinérateurs bretons souhaitent donc un peu plus de pognon pour traiter les déchets des cantons et le font savoir à l’encan. Des étrennes pour bien commencer l’année : 200 euros par tête de pipe et sans piper : y’en a qui font la tronche …
Au moment où les soldes et les rabais vont déferler partout en France, y’en a qui veulent des augmentations et font les fortes têtes…
C’est pas de chance pour les exploitants des UIOM concernées, Geval, filiale de Veolia, confrontés à une grève illimitée en ce début d’année qu’ils auront peut-être un peu de mal à digérer. C’est connu, les bretons sont têtus et donc…
Geval, filiale de Veolia, a la charge de cinq usines d'incinération dans l'Ouest (Brest, Briec, Concarneau, Ploërmel et Angers) et de stations de compostage. L'usine de Brest, qui emploie 30 personnes, produit de l'électricité et de la chaleur pour l'équivalent de 20 000 foyers (hôpitaux, universités, écoles, logements collectifs).
Celle de Briec (usine de Quimper) occupe 21 salariés et produit uniquement de l'électricité…
C’est chaud ici, ça caille par là…
Les salariés de l'usine du Spernot ont arrêté de travailler samedi matin. Un mouvement qui risque fort de perturber le chauffage de la ville (un équivalent de 20 000 logements) : les abonnés du réseau de chaleur urbain pourraient être privés de chauffage…
« La réunion avec la direction de l'usine n'a rien donné, ont estimé les représentants du syndicat Force Ouvrière. La quasi-majorité des employés de l'usine d'incinération arrête donc de travailler dans la nuit de vendredi à samedi ».
Aussi, à Brest, la grève a démarré... « On a arrêté le travail à 00 h 01. Le personnel est en grève, a indiqué Jean-Paul Martin, délégué syndical FO-Géval. Un des deux fours de l’usine d’incinération du Spernot a été stoppé ».
La situation est tendue : une grève de longue durée pourrait arrêter la production de chaleur de l'usine. Des solutions de secours existent, mais la direction de Veolia est restée discrète sur le sujet.
Chez Dalkia, filiale de Véolia chargée de l’acheminement de la chaleur produite grâce à la combustion des ordures ménagères, on assurait il y a quelques jours avoir pris des dispositions pour limiter les effets de cette grève.
Du côté de la mairie de Brest, on suit l'affaire de près même s’il y a « délégation de service public, comme le précise Laurent Bonnaterre, attaché à la communication. Un contrat a été signé qui précise que ces sociétés privées doivent assurer une continuité de service ». Pas de prise de position, donc, « sauf s'il faisait trop froid dans les écoles au lendemain des vacances de Noël ou si le réseau s'avérait déficient ».
Un pour tous, ...
Les salariés FO de l'usine de Quimper se sont eux aussi réunis en fin de semaine dernière. L'usine d'incinération des ordures ménagères de Briec, qui brûle les déchets de la communauté d'agglomération de Quimper, « sera vraisemblablement arrêtée dans la nuit de vendredi à samedi : sur 17 techniciens de conduite et de maintenance, 14 ont voté la grève », s’est réjoui Jean-Paul Martin, délégué FO à Brest.
« La direction souhaite voir aboutir les négociations sous deux mois, avant mi-mars 2010 », annonce la direction de Geval dans un communiqué. « Nous proposons d'avancer de deux mois la date des négociations annuelles obligatoires (NAO), réunion durant laquelle seront négociées les rémunérations ». Et d'ouvrir ces négociations aux « conditions de travail, aménagement du temps de travail, individualisation des salaires, modalités d'attribution des primes », et tout autre sujet souhaité par les syndicats.
Ouaip ! Sauf que c’est « maintenant que nous voulons discuter », répliquent les syndicalistes.
Les techniciens de Briec demandent une augmentation de salaire de 200 € brut par mois. Jusqu’à quand ce mouvement ? « On ne sait pas, assure Jean-Paul Martin, délégué FO. Un vote est prévu dans les usines de Briec et Concarneau, lundi matin. »
En attendant, aucun des deux fours de l’usine de Briec ne fonctionne. Que deviennent les déchets ? « Ils sont stockés. On a de la place dans l’usine, affirme Jacques Lopard, responsable d’exploitation. Et il n’y a de toute façon pas d’apport le week-end. »
L’usine de Briec traite plus de 63 000 tonnes de déchets par an (les "sacs gris" de tous les habitants des communautés de communes de Quimper, Crozon, Châteaulin, du Pays Glazik, de Locronan, ainsi que des déchets industriels banals (DIB) et des boues d’une usine de retraitement des eaux). Elle fonctionne à temps plein, nuit et jour, sept jours sur sept. L’incinération des déchets permet de produire de l’électricité : 23 000 mégawatts/heure, l’équivalent de la consommation électrique d’une ville de 20 000 habitants. Une fois déduite la consommation de l’usine elle-même, 15 000 mégawatts/heure sont revendus à EDF.