Incinération : ça reste chaud…

Le 20/06/2008 à 16:10  

Incinération : ça reste chaud…

Incinération Personne ne s’en laisse conter dans le clan des opposants à l’incinérateur et ce quand bien même les concepteurs et fabricants s'affichent à la pointe de la techno et tout et tout. Pour preuve, le Cniid annonce une belle victoire à Clermont Ferrand pendant qu’on ne désarme pas à Fos avec Bernard Granié, toujours « remonté »…

Au lendemain de l'adoption de la Directive cadre sur les déchets qui « promeut de façon inacceptable l'incinération, une bonne nouvelle est arrivée de Clermont-Ferrand : le Préfet de la Région Auvergne a donné un avis défavorable à l'implantation de l'incinérateur tant décrié dans la région clermontoise, après des mois de lutte de la part des 531 médecins de l'agglomération, des associations locales et de certains élus »… Un tel revirement est une première et le CNIID compte bien que ce cas fasse école pour tous les projets encore en cours dans l'hexagone...

Il faut préciser que, le même jour, le Tribunal Administratif de Marseille annulait la délibération du conseil de la Communauté Urbaine de Marseille Provence Métropole approuvant le contrat de DSP pour l'incinérateur de Fos. Cette décision, pour vice de forme, ne sera pas suffisante pour enterrer définitivement ce projet et le combat des associations va se poursuivre.

« L'idée d'un moratoire national sur les incinérateurs, défendu notamment lors du Grenelle, avait bien pour but d'éviter ces pertes de temps avec ces projets coûteux, inutiles et polluants, logiquement rejetés par les populations et aujourd'hui par un Préfet » précise Sébastien Lapeyre, chargé de campagne Incinération au CNIID. « L'incinération comme ultime recours, comme l'avait décrite le Président Sarkozy, condamne de fait aussi les projets comme ceux d'Arques (Pas de Calais), de Ponte Leccia (Haute-Corse), de Fos sur Mer (Bouches du Rhône) puisque, partout, des alternatives existent et ne demandent qu'à être enfin appliquées. Les plans départementaux doivent être révisés au plus tôt pour exclure l'incinération comme mode de traitement » conclut Sébastien Lapeyre.

« L’annulation par le Tribunal Administratif de Marseille de la délibération de la Communauté Urbaine portant sur la délégation de service public attribuée à la société Evere, pour la réalisation et l’exploitation de l’incinérateur, est certes une bonne nouvelle mais ne constitue qu’un épisode supplémentaire dans le très long contentieux judiciaire engagé depuis plusieurs années contre le projet élaboré, sans aucune concertation avec les élus du territoire concerné, et conduit depuis l’origine comme un véritable passage en force », expose Bernard Granié.

Cette nouvelle étape judiciaire, qui sera sans doute suivie de plusieurs autres, leur est non seulement favorable mais elle apporte aussi une réponse quelque peu cinglante aux défenseurs de l’incinérateur, qui n’ont eu de cesse d’affirmer que le dossier était vide, et que la position des opposants était vaine.

« Depuis le début, nous avons apporté les preuves que toute la procédure de mise en œuvre de ce dossier était entachée de nombreuses irrégularités.

Le dernier jugement du Tribunal Administratif vient à son heure pour nous donner raison. Mais le montage du dossier a fait l’objet d’une telle préparation et orchestration entre ses divers initiateurs que le combat contre l’installation à Fos-sur-Mer de ce sinistre engin coûteux et dangereux est encore à poursuivre. Si Monsieur Gaudin a ignoré et systématiquement passé par zéro non seulement les règlements mais aussi l’intégrité de notre territoire, il n’en est pas de même de notre côté.

J’ai toujours été partisan d’une concertation, que les services de l’Etat et Jean-Claude Gaudin ont toujours refusée.

Depuis son élection à la Présidence de la Communauté Urbaine de Marseille, j’ai bien entendu rencontré Eugène Caselli, avec lequel j’ai longuement discuté de cette question, à laquelle je le sais très attentif.

Son écoute est déjà une grande avancée par rapport à la porte résolument fermée par son prédécesseur. Il ne s’agit pas pour autant d’adopter une attitude irresponsable.

L’ensemble du problème est à prendre en compte avec ses aspects techniques, financiers, administratifs, juridiques et logistiques afin de pouvoir mettre sur la table un vrai projet viable, moins coûteux et moins nocif que l’incinérateur.

Tout doit être pris en considération afin de garantir une démarche de développement durable.

La proposition du nouveau Président de la Communauté Urbaine de Marseille est de faire réaliser un audit complet sur ce qui a été engagé dans la plus grande opacité est certainement la meilleure décision à prendre.

Par ailleurs, le jugement du Tribunal Administratif pourrait être un signal fort donné à ceux qui ont cru pouvoir se placer au-dessus des lois.