Incinération : Amsterdam se la joue en XXL
La ville d’Amsterdam aux Pays Bas a orchestré des travaux d’importance qui ont duré trois ans et qui avaient pour vocation d’organiser l’extension de l’installation d’incinération. Au final, 450 millions d'euros au tapis et le pari est gagné : la ville peut s’enorgueillir de disposer aujourd'hui du plus gros incinérateur d'ordures ménagères d'Europe...
Ces installations ultramodernes permettront d'accroître la capacité d'incinération de 900 000 à 1,5 million de tonnes de déchets par année, soit le quart des ordures jetées dans les sacs verts par les 16 millions d'habitants des Pays-Bas. L'incinérateur, qui emploie quelque 260 personnes, est situé à une dizaine de kilomètres d'Amsterdam.
« Ce nouvel incinérateur, de quatrième génération, favorisera l'atteinte de nouveaux objectifs en matière de traitement des déchets et de développement durable », affirme Marcel van Berlo, directeur-conseil d'Afval Energie Bedrijf (AEB), la société privée exploitant le site pour la Ville d'Amsterdam.
Car pour AEB, les déchets constituent une source d'énergie importante et peuvent même être transformés en produits de valeur. « Les déchets sont la matière première de l'avenir », suggère-t-il, en précisant que seulement 1,3 % des déchets brûlés dans l'incinérateur ne peuvent être réutilisés. De plus, la fumée blanche évacuée par l'immense cheminée est presque entièrement formée de vapeur pure, précise l’interlocuteur.
Des déchets producteurs d'énergie et de produits
Les déchets permettront désormais de générer 1 million de mégawattheures d'énergie, soit assez pour alimenter environ 70 000 ménages.
« Nous en conservons 10 % pour nos propres besoins « (…). Le nouvel incinérateur permettra aussi de récupérer de l'énergie avec un rendement plus élevé. Le taux de conversion en électricité du contenu énergétique passera de 21 à 30 %, tandis qu'ailleurs en Europe, le rendement électrique est de 21 % et la moyenne mondiale est à peine de 10 à 15 %.
Outre la production d'électricité, AEB se charge de récupérer la chaleur excédentaire pour assurer le chauffage, avec un réseau de canalisations d'eau chaude, d'une centaine de bureaux et commerces situés près de l'usine. Ainsi, " nous contribuons à réduire l'utilisation d'énergie fossile et, du même coup, l'émission de gaz à effet de serre (GES) », explique Marcel van Berlo.
Les déchets sont non seulement convertis en électricité durable et en chaleur, mais également en des produits qui connaissent un nouveau cycle de vie. Par exemple, certains produits qui ne peuvent pas être brûlés produisent des cendres qui sont incorporées au bitume pour l'asphaltage des rues, en remplacement du sable.
Aussi, les sels récupérés d'un processus complexe de lavage des gaz et d'un autre procédé de nettoyage sont transformés en sel de déneigement.
L'usine récupère aussi des métaux non ferreux comme le cuivre et le zinc, qui ont la valeur que nous savons ; il y aurait même des petites quantités d'or et d'argent …
Un virage résolument vert
Pour un pays aussi densément peuplé que les Pays-Bas, dont le quart du territoire est situé sous le niveau de la mer, le traitement des déchets est d'une importance capitale.
« Et l'enfouissement des déchets est la dernière des solutions », souligne de son côté Ton Holtkamp, directeur au ministère du Logement, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement.
Voilà qui explique pourquoi le pays, pour limiter la quantité de déchets, a aussi mis l'accent sur le recyclage et la réutilisation des matières.
En 2003, le gouvernement s'est doté d'un vaste plan de gestion des déchets, recevant d'ailleurs l'appui des Néerlandais qui coopèrent beaucoup aux efforts environnementaux.
« Les Néerlandais sont très nombreux à procéder au tri sélectif des ordures ménagères. Ils se donnent la peine de déposer consciencieusement le verre ou les vieux journaux dans les bacs mis à leur disposition » ajoute le représentant du ministère.
Résultats : plus de 80 % de tous les pots et bouteilles en verre utilisés aux Pays-Bas sont recyclés, soit 412 millions de kilos ou l'équivalent d'une cinquantaine de bouteilles par personne annuellement. En 2005, les Pays-Bas ont recyclé 77 % de l'ensemble du papier utilisé. On notera au passage et pour conclure que la proportion d'émissions de CO2 par habitant compte parmi les plus faibles d'Europe.