Incinérateur d'Ivry-sur-Seine : un projet illégal ?
En 2009, le Syctom de l'Agglomération parisienne a dû se plier à l'exercice d'un débat public, compte tenu du coût prévisionnel de son projet de reconstruction du centre de traitement des déchets d'Ivry-Paris XIII (près d'un milliard d'euros - voir notre article). Problème : ce débat s'est prolongé par un phase de concertation en 2010 sans que le Syndicat ne remette en cause à aucun moment les capacités d'incinération. Du coup, les associations environnementales voient rouge...
L'incinérateur actuel d'Ivry (situé dans le 94) est le plus grand et le plus ancien du pays. Il a été construit en 1969 et dissémine des fumées polluantes, composées notamment de particules, dont les effets sur la santé sont peu étudiés. Face à ce projet qui dépasse largement les enjeux locaux, les associations nationales qui soutenaient le moratoire sur l'incinération en 2007 se mobilisent au côté des associations locales de riverains et d'écologistes, regroupées au sein de Collectif 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler).
Les résultats de l'étude menée par le Collectif 3R le prouvent : la reconstruction de l'UIOM d'Ivry peut être évitée : le Syctom et la Région disposent en effet de capacités d'incinération largement suffisantes pour leur territoire. De plus, le projet serait contraire à la loi Grenelle 2 qui fixe de nouvelles limites en matière d'incinération et de stockage.
"Nous avons une occasion historique de fermer définitivement cette usine et d'entrer dans un mode de vie soutenable, l'ère des 3R", déclare Claude Bascompte de l'association Les Amis de la Terre. "La loi Grenelle 2 introduit une limitation inédite : dès 2010, pas plus de 60% des déchets produits sur un territoire couvert par un plan d'élimination des déchets pourront être incinérés ou mis en décharge. La Région Ile-de-France est aujourd'hui loin du compte. Ainsi, le Préfet ne pourra pas autoriser la reconstruction de l'incinérateur d'Ivry", précise de son côté Maître Alexandre Faro, l'avocat des associations du Collectif 3R.
Dans un communiqué commun, des associations locales et nationales (voir liste ci-dessous) regrettent que, jusqu'à présent, les élus des communes membres du Syctom fassent majoritairement la sourde oreille et refusent de remettre en question la reconstruction de l'incinérateur. "En ces temps de crise économique et de sensibilité accrue aux questions environnementales, la réduction des nuisances et pollutions, le développement d'une gestion plus écologique de nos déchets, ainsi que la maîtrise des dépenses publiques, sont au coeur des préoccupations des Franciliens relayées par les associations", indiquent ces dernières.
Puissent les élus locaux en tenir compte dans leur décision de maintenir ou non le projet car, à défaut, "le tribunal administratif tranchera", prévient Maître Faro.