Haute Loire : 28 000 tonnes de déchets au tapis...
Soulagement général du côté des élus, notamment le député Jean-Pierre Vigier et l'ancien ministre Laurent Wauquiez, qui voient dans cette installation le moyen de sortir (enfin) de l'impasse dans laquelle se trouvait le territoire depuis quelques années.
Autre impact et non des moindres, l'installation d'Altriom met fin au projet de Sita de créer un centre de stockage de déchets (qui aurait accueilli 40 000 tonnes de déchets par an) sur le site du Petit Ronzet, à Cayres-Séneujols ; l'opérateur a d'ailleurs confirmé fin mai l'abandon du projet, rendu obsolète par la capacité du centre, de traiter des déchets qui ne l'étaient pas, avant.
Aménagé sur les 2,3 hectares de la plaine de Bleu, Altriom traitera les 25 à 28 000 tonnes de déchets provenant de son groupement de commandes et en valorisera 90% (soit 10% seulement, attendus au titre des déchets ultimes). Le marché est d'importance : 40 millions d'euros environ, sur une durée de 15 ans. Pour ce faire, Altriom met en oeuvre des technologies de pointe, sans oublier de former ses collaborateurs. Ici, tout sera trié sur le volet, après que chaque sac poubelle aura été ouvert par une machine spéciale : déchets organiques, les métaux ferreux et non ferreux, les matières plastiques, verre, papiers, matériaux inertes, et matières à moyen et haut pouvoir calorifique. Une unité d'affinage transformera la fraction organique en un compost répondant aux normes de commercialisation NFU 44-051.
La préparation de Combustibles Solides de Récupération (CSR) au sein de l’installation qui permet également de trier les ordures ménagères et de composter la matière organique, font de ce lieu le 1er centre de tri français à ce point d’intégration. La fraction des déchets qui n’est pas recyclable de manière simple (ou économiquement acceptable) ou qui n’est pas organique, est valorisée en vertu de son PCI qualifié de moyen à haut.
Très largement constituée de plastiques complexes et de textiles ménagers, cette fraction doit être préparée afin de satisfaire au cahier des charges des installations qui vont le consommer en lieu et place de combustibles fossiles... et à un prix défiant toute concurrence.
Le député Vigier n'a pas manqué d'exprimer sa satisfaction « de voir de tels investissements sur le territoire de sa circonscription » et de relever que « rien que pour la construction du bâtiment, ce sont 14 millions d'euros qui ont été investis, intégralement pour des entreprises locales. C'est un projet exemplaire pour maintenir de la vie sur nos territoires ruraux ».
Tous sont convaincus de la valeur de cette conception du traitement des déchets ; il paraît même qu'une délégation irait bientôt en Chine afin de promouvoir l'installation en dehors des frontières, ce qui a permis au député Vigier d'exprimer son souhait de voir ce centre de tri devenir une sorte de « poumon économique de notre territoire ». Des propos qui n'ont en aucune manière, été remis en question par Laurent Wauquiez, qui se dit convaincu que sur cette question du traitement des déchets, « on est passé du statut de lanterne rouge à celui de pilote. La solution de facilité aurait consisté à s'adresser à un grand groupe, mais nous n'avons pas fait ce pari, car on a confiance en cette entreprise locale. En industrialisant le process, on va trier nos déchets deux fois plus qu'avant. La Haute-Loire mérite d'être audacieuse et innovante ».
« Jusqu'à présent, notre logique pour traiter les déchets consistait à enfouir ou à incinérer. Ici, on a créé une nouvelle voie qui est d'aller récupérer dans la poubelle, tout ce qui était valorisable. Il y a beaucoup de matières premières nobles et les élus ont décidé de dire stop à ce gaspillage, on invente une nouvelle façon de traiter nos déchets avec cette solution, Altriom, qui est une première mondiale » (…) « Il est clair qu'en ayant opté pour une solution locale, avec peu de déplacements de camions et un traitement immédiat, on a opté pour une solution formidable, puisqu'on réduit notre empreinte écologique de façon très significative sur la question des déchets, qui auparavant parcouraient 180 km », indique pour sa part, Willy Guieau, vice-président de la communauté d'agglomération du Puy, en charge de la gestion des déchets.
Denis Labbé, préfet, est tout aussi enthousiaste : « la gestion des déchets, c'est une épine dans le pied de bien des collectivités. Nous avons fait un choix, celui du haut de gamme. Nous produirons du CSR... Faut-il rappeler qu'en Allemagne, 35 % des cimenteries utilisent ce combustible pour fournir tout ou partie de l'énergie qui leur est nécessaire, quand en France, seulement 2 % des producteurs de ciment peuveent lee faire? On dispose donc d'une grande marge de manoeuvre (...) Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre les efforts « afin de réduire notre production de déchets ».