Guy Dauphin Environnement : bombe à retardement pour les broyeurs ?
Sans le vouloir et en défendant ses intérêts, le groupe Guy Dauphin Environnement risque bien de soulever des problèmes qui pourraient bien s'avérer très, très couteux pour les professionnels du recyclage métallique et plus particulièrement ceux du broyage des véhicules et produits en fin de vie. Ce délicat problème s'appelle tout simplement résidus de broyage. Mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cela devrait donner d'excellentes idées respectueuses de l'environnement et très rentables à d'autres professionnels en amont ou aval de la filière de recyclage...
Attention à ne pas trop se réjouir des problèmes de ses collègues... En effet, nombreuses sont les voix notamment de professionnels du recyclage qui s'élèvent pour condamner les pratiques d'enfouissement quasi sauvages des résidus de broyage des broyeurs du groupe GDE par exemple sur la brocante de Versainville ( voir ancien rédactionnel ), mais ont-ils vraiment pris la mesure des conséquences que cette affaire peut avoir sur l'ensemble de la filière de recyclage des produits et véhicules en fin de vie ?...
En effet, supposons un instant, que les prélèvements réalisés par la Drire sur le ou les sites où GDE a déversé des résidus de broyage, fassent état d'analyses contenant des polluants constituant ainsi un risque de pollution de la nappe phréatique comme n'hésite pas à l'affirmer l'écologiste René Hamel d'OREEAT à l'origine de cette découverte, cela va constituer un précédent qui va servir de jurisprudence pour la classification qualitative des résidus de broyage. Dès lors, la boîte de Pandore est ouverte et on peut imaginer de nombreuses nouvelles exigences que cela soit au niveau des analyses des résidus de broyage, la mise en place de régles visant à créer un référentiel qualitatif, sans oublier la fameuse garantie de traçabilité, seule véritable solution pour assurer l'analyse du résidu de broyage. Or, au jeu de la traçabilité, le broyeur, machine de traitement par la quantité, est perdant à tous les coups et seuls les acteurs de l'amont de la filière, c'est à dire les démolisseurs automobiles et les entreprises de démantelement de produits en fin de vie, peuvent, avec une fine gestion informatique délivrer l'assurance de non pollution. Quand on pense, que ces dernières années, nombreux sont les professionnels du recyclage à l'image de Guy Dauphin Environnement qui ont joué la carte de la puissance de broyage préférant la rentabilité à court terme au lieu du traitement local et du développement de nouvelles solutions industrielles de recyclage, on se dit qu'en période de baisse des cours, l'addition peut être salée. Déjà, il n'est pas certain que les résidus de broyage restent systématiquement acceptés en centre d'enfouissement de classe 2. Ensuite, il n'y a pas de raison que d'autres acteurs s'emparent de ce problème pour créer de nouvelles solutions locales où la dépollution deviendra l'élément déterminant de la chaîne de la valeur ajoutée au lieu de la valorisation de la matière ferreuse et non ferreuse. De quoi à faire réfléchir les constructeurs qui soutiendront d'évidence les acteurs qui sauront offrir les solutions de traitement et de recyclage les moins onéreuses mais surtout sans risque au niveau de la pollution. Car à ce jeu là, celui qui pollue a tout à perdre !
Avant de nous quitter, une fois de plus, on peut s'interroger sur le fondement de la démarche de la multitude de projets de traitement et valorisation des DIB, résidus de broyage de GDE à Nonant le Pin, Plouray, Guémené Penfao. Derrière tout cela ne se cache-t-il pas tout simplement le souhait d'obtenir des capacités d'enfouissement pour s'affranchir des problèmes qualitatifs des résidus de broyage et réaliser de grosses économies ?. Or, les professionnels du recyclage qu'ils soient les plus petits ou les plus emblématiques, importants en termes de chiffre d'affaires, ne survivront que s'ils savent proposer des solutions industrielles et pérennes de recyclage et de valorisation.