Les ONG redoutent que la loi Grenelle 1 ne marque un glissement par rapport aux déclarations de Nicolas Sarkozy qui affirmait, il y a tout juste un an, que la priorité ne serait « plus à l'incinération mais au recyclage ». Une série d'amendements qui seront examinés à l'Assemblée Nationale porterait selon elles, la griffe des partisans de l'incinération, au risque de saper les efforts sur la réduction des déchets, leur recyclage ou encore leur valorisation par compostage ou méthanisation. Il est avéré en effet que dans certaines zones géographiques, il n’y a pas assez de déchets pour alimenter l’incinérateur local. Ce qui va à l’encontre du tri sélectif et du recyclage matière… Ou en tout cas, qui n’incite pas à optimiser ces derniers.
« Certes, dans le processus démocratique, c'est le parlement au final qui doit décider mais, du coup, on est réservés sur le fait d'avoir mis en place cette énorme machine du Grenelle qui risque de se traduire par beaucoup de reculades », explique le directeur du Centre national d'information indépendante sur les déchets (peut être plus connu sous l’appellation CNIID).
D’autant que si l’on se réfère aux chiffres, la France, recycle environ 20% de ses déchets ménagers, contre 40% qui partent en décharge et 40% à destination de l’incinération. Etant entendu que ce mode de traitement permet de réduire leur volume et de produire de l'énergie, essentiellement sous forme d'électricité mais aussi sous forme de chaleur. En 2006, les 110 incinérateurs faisant de la « valorisation énergétique » ont permis de produire 3,206 GWh d'électricité.
Il y a un an, au coeur des débats du Grenelle, la question d'un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs avait été soulevée sans être finalement retenue. Les professionnels du secteur avaient défendu la filière dans un texte où ils faisaient valoir que l'incinération était « une source majeure d'énergie renouvelable au même titre que l'hydraulique, l'éolien ou le solaire », ajoute Sébastien Lapeyre.
Pour les associations de défense de l'environnement, cette présentation est erronée et trompeuse dans la mesure où l'incinération repose en partie sur la combustion de ressources fossiles comme le plastique et où une augmentation du recyclage permettrait de lutter beaucoup plus efficacement contre le réchauffement de la planète.
« C'est de la production d'énergie par défaut», affirme Gaël Virlouvet, de la fédération France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations), qui appelle à ne jamais oublier « le pétrole qui a servi à fabriquer les déchets».
« Les incinérateurs sont des aspirateurs à déchets. Il leur faut toujours plus de déchets pour être à leur rendement maximal. Où est la logique, quand tout le monde s'accorde à dire que la priorité c'est de réduire notre production de déchets ?». Telles sont les questions...
Or, plusieurs amendements déposés par la Commission des Affaires économiques, tels que celui proposant d'exonérer pendant 5 ans de taxe foncière sur le bâti les utilisateurs de l'énergie produite par les incinérateurs, favorisent la filière.
Si elles saluent l'extension de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) aux déchets voués à l'incinération, les associations craignent surtout que ces modifications ne parasitent le message du Grenelle 1 qui insiste sur une profonde modification des comportements (réduction de production d'ordures ménagères de 5kg par personne et par an pendant 5 ans).
Incontestablement, cela ne peut que générer la confusion parce que, explique Sébastien Lapeyre à nos co,fdrère's de l'AFP, « Les gens se disent : à quoi bon trier ou réduire nos déchets alors qu'on les met dans un four et que cela permet de produire de l'énergie ?».