Gestion biologique des déchets : une démarche qualité indispensable
La gestion des déchets organiques par la voie biologique permet non seulement d'éviter l'enfouissement ou l'incinération, mais aussi de produire des fertilisants organiques. Le développement de cette filière reste étroitement lié à l'amélioration de sa qualité. À l'occasion de 3 journées techniques du 22 au 24 mars, l'Ademe fait le point sur la filière...
Recycler davantage les matières organiques
L'objectif, fixé par le Ministère de l'Écologie et du Développement durable lors de la relance de la politique de gestion des déchets en septembre 2005, est de réduire de plus de 10 % les quantités d'ordures ménagères orientées vers le stockage et l'incinération d'ici 2010. La réduction de la production de déchets et le développement du recyclage sont les deux priorités pour atteindre cet objectif.
Avec près de 32 millions de tonnes mobilisables, les déchets organiques représentent un gisement non négligeable de matières valorisables grâce au traitement biologique. Celui-ci s'est développé depuis de nombreuses années à travers trois modes - le compostage, l'épandage et la méthanisation - qui induisent tous la production de matières fertilisantes.
Dans un contexte de faible acceptabilité sociale de ces matières, l'enjeu consiste aujourd'hui à mieux les valoriser en adoptant une véritable démarche "produit". Le déploiement de la filière nécessite donc de renforcer et de promouvoir la qualité des composts et boues qui en sont issus.
Il s'agit aussi de donner une impulsion nouvelle au compostage qui présente la particularité de pouvoir être mis en œuvre quel que soit le tonnage concerné, et ce, au moyen d'une gestion individuelle ou collective (à petite ou grande échelle). Dans la mesure où les déchets compostés par les habitants ne sont pas à la charge des collectivités, le compostage individuel représente un enjeu important pour la réduction de la production de déchets.
Adopter une démarche produit
La création d'un marché pour des fertilisants issus de la gestion des déchets est essentielle au développement de la filière biologique. L'analyse de la demande actuelle conduit à l'identification de deux types de marché. Si le débouché agricole (ex : grandes cultures) est le plus important pour les boues et composts avec une demande régulière et importante d'engrais organiques (2,5 à 2,8 millions de tonnes écoulées), la valorisation non agricole des composts comme amendement est intéressante pour l'aménagement paysager ou la revégétalisation de sites (600 à 800 milliers de tonnes). Ainsi des usages spécifiques à certains types de produits (composts de déchets verts pour particuliers ou fabrication de terreaux industriels) se développent. Des segmentations de marché apparaissent également.
Renforcer la qualité de la filière
Depuis 20 ans, les boues et composts n'ont cessé de progresser en qualité (teneur en polluants, valeur agronomique) encadrées par une réglementation en constante évolution. Dans un contexte favorable au développement de la gestion biologique des déchets, cette évolution doit se poursuivre afin de proposer des produits de haute qualité environnementale, sanitaire et agronomique.
Le renforcement de la qualité de la filière passe par : un montage soigné des projets, une large concertation avec le milieu agricole et son implication dans le suivi des installations, des procédés performants, des pratiques rigoureuses et optimisées de traitement (ex : respect du temps de maturation des composts), une adéquation entre les matières premières et les besoins des utilisateurs (ex : taux de déchets verts pour des composts stabilisés et générateurs d'humus)...
Enfin, la démarche qualité doit aussi inclure des protocoles d'évaluation quant aux pratiques mises en oeuvre : performances du tri sélectif, maîtrise du compostage, conseils aux utilisateurs, etc. Il s'agit en effet de garantir l'origine et la composition des amendements organiques produits afin de fiabiliser et dynamiser les débouchés des composts ou des boues.
Compostage : développer la gestion de proximité
A mi chemin entre la gestion domestique et la gestion collective à grande échelle, la gestion de proximité consiste à gérer les déchets organiques au plus près du lieu de leur production. Elle recouvre le compostage de quartier, le compostage au sein d'un établissement, le compostage sur de petites installations communales ou encore le co-compostage à la ferme.
Encore peu développée en France, cette gestion collective locale permet de traiter de petites quantités et de limiter les transports de déchets.
Cette démarche est à l'origine de partenariats entre des acteurs variés (collectivités, monde agricole, structures d'insertion, associations, sociétés privées) et passe par un nécessaire engagement de chacun sur la qualité du service et du produit.
Ainsi elle implique l'adhésion des producteurs de déchets (ménages notamment) mais aussi des utilisateurs du produit final (agriculteurs, particuliers) renforçant la confiance de chacun dans la gestion biologique des déchets.
L'enjeu du maintien du compostage individuel
En amont du ramassage des déchets ménagers, leur gestion biologique correspond à l'ensemble des actions pour traiter et utiliser à la maison ou au jardin ses déchets (compostage individuel, alimentation animale, paillage).
Pratique traditionnelle en France, ce type de gestion représente un enjeu important de réduction des déchets. Certaines opérations menées au sein de collectivités ont permis de diminuer de 60 à 70 kg les ordures ménagères par habitant - participant (30 % de la population). Ceci correspond pour les collectivités impliquées à une réduction du tonnage global d'ordures ménagères de l'ordre de 7 %. Cependant, ces pratiques domestiques tendent actuellement à diminuer, il est donc indispensable de donner une impulsion nouvelle à cette pratique.
À la différence d'autres filières, le compostage individuel n'est pas dépendant d'équipements particuliers mais essentiellement d'un savoir-faire. La collectivité qui souhaite développer (ou maintenir) cette démarche auprès de ses habitants doit donc transmettre ce savoir-faire en s'appuyant sur des relais d'information et sur une communication forte et renouvelée.
L'Ademe accompagne les acteurs pour dynamiser la filière biologique
L'agence met à disposition des acteurs de la filière ses capacités d'expertise afin de mieux connaître les perspectives de développement de cette filière (coûts, acceptabilité, impacts globaux sur l'environnement). Elle vient également en appui des pouvoirs publics pour l'élaboration de la réglementation européenne ou française.
Contribution au renforcement de la démarche qualité
L'Ademe pilote des études sur les conditions d'acceptation par la population de l'épandage des boues d'épuration et participe aux actions de concertation avec le milieu agricole en animant le Comité national des boues. L'agence participe à l'évaluation de la filière en animant le réseau des observatoires régionaux sur les déchets et celui des sites d'observation des épandages de boues. Elle est également en charge de l'animation d'une cellule de veille sanitaire.
L'Ademe contribue à la création et à l'animation d'une centaine de postes de chargés de mission "prévention", notamment en chambres d'agriculture, afin d'améliorer, entre autres, les pratiques de valorisation agricole des déchets organiques.
Promotion de la filière biologique
L'Ademe pilote le programme de recherche BioLoQual (valorisation biologique des déchets à une échelle locale dans une démarche de qualité) qui a pour objectif de promouvoir une gestion des déchets organiques au plus près de leur lieu de production.
Actuellement, l'agence soutient financièrement les collectivités qui lancent des opérations de promotion du compostage individuel d'une part sur le volet "équipements" et d'autre part sur le volet "actions de communication et de formation" et "aides à la décision".
Considéré comme une action de prévention de la production de déchets, le compostage individuel est un des volets de la campagne de communication "Réduisons vite nos déchets, ça déborde !".
Enfin, l'Ademe a été chargée par le ministère de l'Écologie et du Développement durable de préparer, cette année, un plan national de développement du compostage individuel.