GES : l'après-Kyoto peine à prendre son essor
A Bali, l’enjeu était de taille : fixer un cadre aux négociations sur l’après-Kyoto et engager l’ensemble des 187 pays représentés dans une réduction des émissions de GES. De retour de cette conférence internationale sur le changement climatique, 20 députés européens ont présenté leurs conclusions : s’ils se sont félicités de la feuille de route adoptée, ils ont néanmoins regretté l’absence d’objectifs chiffrés de réduction des émissions et déploré l’attitude des Etats-Unis. Beaucoup de chemin reste encore à faire...
Petit retour sur les faits. A Bali, 187 pays ont signé une "feuille de route" commune : celle-ci définit un programme de travail qui devrait aboutir, d’ici à 2009, à un accord international qui succédera au protocole de Kyoto après 2012. Pour les députés européens, cette feuille de route est "l’amorce d'un processus qui doit nous amener à 2012 et au-delà, avec un accord international à conclure pour 2009".
"L’Union Européenne s’est engagée en mars dernier dans des objectifs forts de réduction de ses émissions : grâce à cet accord, nous avions quelque chose à montrer aux autres pays et cela nous a permis d’être fermes dans les négociations, en particulier face aux Etats-Unis", a ainsi expliqué ainsi l’Allemand Karl-Heinz Florenz, rapporteur de la commission temporaire sur le changement climatique. Grâce à cette conférence, il estime que "le cercle vicieux des Etats-Unis, de la Chine et de l’Inde", chacun pointant du doigt l’autre pour ne pas s’engager, "a été brisé".
Pour autant, le texte adopté lors de la conférence de Bali "laisse à désirer" quant aux attentes des députés européens. En novembre, le Parlement avait en effet exigé que le mandat de cette conférence comporte, entre autres, des objectifs spécifiques chiffrés pour tous les pays industrialisés : autrement dit, un engagement de réduire les émissions de GES "d'au moins 30% d'ici à 2020, et de 60 à 80% d'ici à 2050 par rapport au niveau de 1990".
Or, dans la feuille de route de Bali, il n’est pas fait directement référence à des réductions des émissions de la part des pays industrialisés. Seule une note de bas de page fait référence aux objectifs de réduction mentionnés dans le rapport d’experts du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat). Pour Guido Sacconi, Président de la Commission temporaire sur le changement climatique, cette référence est tout de même une avancée : "Il y a eu deux succès à Bali : cette référence à des objectifs de réduction des émissions et l’accord des pays en développement et des Etats-Unis pour participer à des négociations pour un accord global".
Les Etats-Unis ont justement fait l’objet de nombreuses critiques : ils ont eu en effet un "comportement sans scrupules", d'après la Finlandaise Satu Hassi, vice-présidente de la commission Environnement. Selon elle, les Etats-Unis, "c’est-à-dire la nation la plus riche du monde, a demandé aux pays en voie de développement beaucoup plus qu’elle n’acceptait pour elle-même", refusant au passage de soutenir des objectifs chiffrés de réduction des émissions. Les prochaines élections présidentielles de novembre 2009 changeront-elles la donne ? On l'espère. Petit point positif : les Etats-Unis ont tout de même accepté de participer aux négociations en vue d'un accord international, que tous espèrent conclure en 2009 à Copenhague.
S’adressant aux dirigeants américains et en référence au discours à Bali d’Al Gore, le Vice-président du Parlement européen Alejo Vidal-Quadras et Guido Sacconi ont joliment conclu leur déclaration commune par une métaphore sur le hockey sur glace : "Les yeux du monde entier sont fixés sur vous, mais vous devez patinez plus vite : la glace est en train de fondre sous vos pieds". Paf, dans les dents...