GES : la communication de Renault fait le grand écart !
Alors que le constructeur automobile a lancé hier sur le marché son premier 4x4 baptisé Koleos, Greenpeace se mobilise et met en avant son discours à géométrie variable. Samedi 14 juin, dans une vingtaine de villes de France dont Paris, Grenoble, Bordeaux ou Strasbourg, les bénévoles de l'organisation écologiste vont rendre visite à leur concessionnaire pour "célébrer" avec humour la naissance d'une merveille anti-écologique et "féliciter" Renault comme il se doit pour son engagement en faveur du climat...
Jusqu'à présent, la marque au losange ne s'était pas aventurée sur le segment des "Crossover", ces véhicules taillés pour les expéditions tout-terrain mais utilisés pour les virées au supermarché. Mais avec le Koleos, Renault commercialise une véritable arme de destruction massive du climat. Ce croisement entre une berline et un 4x4 affiche des mensurations impressionnantes : il pèse entre 1,5 et 1,7 tonne, présente un moteur très puissant (150 à 175 chevaux), donc très gourmand (7,2 à 9,9 litres/100 km). Résultat : les 10 modèles émettent en moyenne 209 g de CO2/km, d'où un malus de 750 à 1 600 euros.
"Samedi prochain, les bénévoles de notre organisation vont dénoncer avec humour le double jeu de Renault. D'un côté, ce constructeur communique tous azimuts sur son label "Eco ²" [voir notre article] et, de l'autre, il commercialise une arme de destruction massive du climat et reste solidaire des constructeurs allemands qui, à Bruxelles, mettent tout en œuvre pour torpiller les négociations en cours sur la future réglementation visant à limiter les émissions de CO2 des voitures neuves", dénonce Anne Valette, en charge de la campagne Climat à Greenpeace.
Cette future réglementation européenne constitue l'un des dossiers majeurs qui devrait être bouclé d'ici la fin de l'année sous la présidence française de l'UE. Suite au lobbying de l'industrie automobile européenne, constructeurs allemands en tête, l'ambition du texte a été réduite à peau de chagrin. Et l'accord récemment conclu entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel fait figure de coup de grâce. D'ici la fin de l'année, les autres Etats membres de l'Union ainsi que les députés européens examineront le projet de réglementation. Greenpeace les appelle à rejeter le déplorable compromis franco-allemand et à amender le texte qui, pour être à la hauteur du défi climatique, doit notamment :
limiter la moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d'ici à 2012, et à 80 g/km d'ici à 2020 ;
comprendre des pénalités immédiatement dissuasives (150 euros pour chaque gramme de CO2 supplémentaire, pour chaque véhicule vendu), seule garantie que les constructeurs respecteront les nouvelles normes.
Le combat est malheureusement encore loin d'être gagné...
Cet article est à lire en complément de notre précédente dépêche : CO2, GES et environnement : Renault a tout faux.