La bataille de Normandie n’est pas finie ! Le spécialiste du recyclage des ferrailles, métaux et autres VHU devra de nouveau croiser le fer avec la justice : il serait attendu par le tribunal correctionnel de Caen pour "abandon de déchets dangereux" et "dépôt illégal de déchets" dans le Calvados. C’est sans compter Nonant le Pin, un site ouvert le 22 septembre et bloqué dès le 24… qui continue d’alimenter l’actualité.
C’est l’histoire de RBA, résidus de broyage automobile, qui finissent par coûter cher du fait qu’ils avaient été enfouis à moindre coûts…
Un nouveau procès devrait avoir lieu d’ici mars prochain, le 13 : il fait suite à la découverte, il y a cinq ans, de décharge présumée illégale située dans le Calvados (Les faits avaient été relevés à Versainville, Feuguerolles Bully, Fontenay-le-Pesnel et Soumont-Saint-Quentin), dont les déchets (37.000 tonnes de résidus de broyages automobiles) n’avaient évidemment rien à faire là.
Le tribunal correctionnel de Caen confirme mais indique qu’il y a prescription pour certains des faits reprochés, qui ne pourront, de ce fait, pas être jugés.
Non loin de là, le CSDU de Nonant le Pin situé dans l’Orne, animera lui aussi les juridictions locales : la cour d'appel de Caen doit à nouveau examiner cette affaire, mardi et le tribunal d'Argentan, jeudi.
L’arme fatale…
Des remous qui impactent évidemment l’organisation du travail sur les sites exploités par Guy Dauphin Environnement dans la région. Au demeurant, GDE a annoncé le gel « de plus de 80 embauches », qui devaient se répartir sur les sites de Nonant (12 personnes) et de Rocquancourt (72 personnes).
Ces mesures ont été annoncées le 17 janvier en comité d'établissement extraordinaire. L’entreprise de recyclage a fait savoir également que la situation qui prévaut, fragilise en plus, une vingtaine d'emplois indirects (dans le cadre de l'exploitation de la plateforme de Nonant). Le recycleur de déchets métalliques rappelle que le le « blocage de son site est illégal ». Au vu des remous et blocages persistants, l’industriel a déclaré être amené à « reconsidérer son développement en Normandie. Un projet global de 85 millions d'euros d'investissement ».
Dans ce contexte on ne peut plus délicat, on stoppe donc les machines avec Pôle Emploi : 200 candidats avaient étaient reçus pour ces ouvertures de postes. Et de confirmer aussi, qu’il faudra mettre en place des mesures prochaines de chômage partiel (à Rocquancourt) et mettre fin à 28 contrats d'intérim.
La guerre des chiffres...
Ces mesures draconiennes ne semblent pas suffire à la partie adverse pour déposer les armes. En effet, l’association "Sauvegarde des terres d’élevages" réagit vivement à cette annonce visant la suppression de postes et de gel d’embauches et parle « de manipulation du personnel et de chantage à l’emploi ». La structure associative rappelle pour faire barrage que « GDE qui n’est pas en conformité avec ses obligations sur le site de Nonant-le-Pin (cf. non-respect de l’arrêté de prescription), contrairement à ce qu’il affirme » et note que « le centre d’enfouissement de Nonant-le-Pin, évalué dans la demande d’autorisation de GDE à 6,5 millions d’euros, a désormais nécessité un investissement global de 85 millions d’euros ! »…
Les opposants au CSDU estiment, en conséquence, que ce montant ne correspond à rien de concret, sinon à représenter l’ensemble des investissements de l’entreprise sur plus de 80 sites en France.
On ne peut plus courroucés, ils pestent haut et fort : « bientôt le blocage du site de Nonant-le-Pin sera responsable de difficultés du groupe Ecore, voire de Trafigura, qui a fait un résultat net de plus de 2 milliards de dollars en 2013 ».
Et d’ajouter, encore et toujours de très mauvaise humeur « le groupe n’hésite pas à dire que le blocage du site de GDE pose la question de "l’attractivité et de l’avenir industriel de la Normandie". Cet argument est d’autant plus étrange, sauf à dire que le développement de la Normandie repose sur les déchets et non plus sur l’élevage et l’agriculture, nonobstant toutes les activités industrielles de pointe qui se multiplient dans la région » !
Et de poursuivre leur inventaire et argumentaire en déclarant que « c’est pourtant la même entreprise qui vient de supprimer au moins 70 emplois à Rocquancourt pour être partiellement transféré à Saint Nazaire, conformément à un plan programmé bien avant le blocage du site à Nonant-le-Pin ».
Craignant que l’entreprise ne tente de récupérer des sous via des procédures visant l’obtention de dommages et intérêts, les opposants concluent en demandant aux élus et aux parlementaires de la région d’intervenir auprès de GDE pour que ce comportement irresponsable soit sanctionné et dénoncé. La bataille de Normandie est donc loin d’être finie...