Gaspillage : le recyclage du lithium peine trop à décoller
Le cas du lithium est emblématique de notre société du gaspillage : alors que les premières batteries au lithium ont été commercialisées en 1991 et que la demande n’a cessé de s’accroître avec l’engouement pour les produits high-tech, son recyclage est aujourd’hui quasiment inexistant. Depuis 20 ans, c’est donc l’ouverture et l’exploitation de nouvelles mines qui alimente la demande mondiale...
L’exploitation du lithium n’est pas sans impact sur l’environnement, le processus d’extraction nécessitant l’utilisation d’énormes quantités d’eau, alors que les principaux gisements (les salars de Bolivie, du Chili et d’Argentine) sont situées dans des zones arides. En Europe, une directive prévoit la collecte des piles et batteries mais la législation actuelle est très lacunaire. Seulement 5% des batteries ont été effectivement collectées en 2010. Pire : le lithium des batteries collectées n’est pas recyclé.
L’exemple du lithium n’est pas un cas isolé. Le seul jeu du marché incite en effet davantage les industriels à investir dans l’exploration de nouveaux gisements plutôt que dans le recyclage. Des mesures réglementaires sont donc indispensables, comme l’explique Camille Lecomte, chargée de campagne 'Modes de production et de consommation responsables' aux Amis de la Terre : "Nos modes de production et de consommations ne seront jamais vertueux si nous continuons à faire porter les impacts de nos consommations à d’autres pays, si nous attendons un signal du marché pour investir dans la collecte et le recyclage de nos déchets et si nous continuons à surconsommer. Seuls les pouvoirs publics avec des mesures ambitieuses peuvent casser cette spirale infernale".
L'association attend donc des mesures ambitieuses, et non de nouveaux engagements volontaires de la part des entreprises. Elle demande prioritairement des mesures pour encadrer et réduire l’utilisation des ressources naturelles (mesure de la consommation, adoption d’un calendrier de réduction et définition d’une hiérarchie dans l’utilisation des ressources), ainsi que des mesures pour allonger la durée de vie des biens de consommations (extension de la durée de garantie à 10 ans, création d’un délit d’obsolescence programmée et obligation de fournir des pièces détachées pendant 10 ans).