Gaspi et déchets alimentaires : le nécessaire rôle de l’Etat

Le 29/10/2012 à 19:59  

Gaspi et déchets alimentaires : le nécessaire rôle de l’Etat
Guillaume Garot Dans une récente interview accordée au Journal du Dimanche, Guillaume Garot (Ministre délégué chargé de l’agroalimentaire) a annoncé un "pacte national anti-gaspillage" (voir ici). Dans un communiqué, France Nature Environnement salue cette annonce à propos d’un fléau qu’elle dénonce depuis plus de 3 ans, tout en mettant en garde le Gouvernement contre la tentation de faire de l’aide alimentaire le principal outil de lutte contre le gaspillage. Explications...

 Le gaspillage alimentaire a fait l’objet de nombreuses études chez nos voisins européens. La France a pris du retard puisque la plupart des données nationales concernent les consommateurs et, partiellement, les distributeurs (magasins et marchés). Pour les autres secteurs, on connaît les volumes de déchets alimentaires mais pas la part du gaspillage. En effet, aucune définition officielle du gaspillage alimentaire n’existe ; le Ministère de l’agriculture propose juste dans un rapport la définition suivante : "Par pertes et gaspillages alimentaires nous entendons la quantité de nourriture qui aurait pu être mangée par l’homme et qui est finalement jetée" (page 4). "Le gaspillage de l’agroalimentaire et celui qu’il génère chez les agriculteurs reste la face obscure du gaspillage français. Il faut donc évaluer correctement le gaspillage alimentaire généré par l’ensemble des acteurs de la chaîne", souligne de son côté FNE.

 Aujourd’hui, une partie de ce qui est gaspillé est donnée aux associations caritatives. France Nature Environnement se dit bien sûr favorable au détournement des denrées qui vont être gaspillées vers l’aide alimentaire. Cependant, selon l'association, ce détournement n’est pas une manière pérenne de répondre à la nécessaire solidarité alimentaire. Elle ne constituerait pas non plus une solution efficace pour réduire le gaspillage alimentaire. La conséquence perverse de cette réorientation pourrait même être un effet d’encouragement du gaspillage. "Il y a quelques mois, une entreprise a lancé une centrale de biométhanisation permettant de transformer les fruits abîmés en électricité [voir ici]. Cet exemple démontre toute la difficulté de lutter contre le gaspillage en amont si la priorité est donnée à la gestion et à la valorisation", explique FNE.

gaspillage alimentaire sur un marché Du producteur au distributeur, en passant par le transformateur et le transporteur, c’est toute la chaîne qui génère du gaspillage du champ à nos poubelles. Les marges de progrès sont donc nombreuses et l'association se réjouit de voir le Gouvernement mettre la lutte contre le gaspillage au coeur de ses priorités. En effet, seule une mobilisation de l’Etat et un fort affichage de sa volonté politique permettront de réduire considérablement le gaspillage généré par l’ensemble des intermédiaires entre le produit et son consommateur. Depuis plusieurs années, l'association se mobilise pour dénoncer "une aberration environnementale, sociale et économique". En mai dernier, elle lançait ainsi une grande opération de coaching avec ses associations membres consistant à accompagner des particuliers, des restaurants et des représentants de la restauration collective pour évaluer le gaspillage qu’ils génèrent et les aider à mettre en place de nouvelles pratiques pour le réduire (voir notre exposé). L’annonce, par Guillaume Garot, d’opérations pilotes du même type en janvier 2013, conforte FNE dans sa démarche.

 Pour Bruno Genty, Président de France Nature Environnement, "lutter contre le gaspillage alimentaire, c’est remettre en question le modèle alimentaire qui s’est développé depuis plusieurs décennies et qui se caractérise notamment par un nombre croissant d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Plus il y a d’intermédiaires, plus il y a de gaspillage. Cette lutte doit s’inscrire dans une politique plus générale de réduction de la consommation de ressources. FNE se réjouit de voir le Gouvernement prendre le problème à-bras-le-corps et souhaite faire entendre ses revendications et ses propositions concrètes dans le cadre de la concertation à venir".