Fusion GDF-Suez : l’Italie et les syndicats voient rouge
La fusion annoncée de Suez et GDF prévue pour fin 2006 n’est pas trop du goût du gouvernement italien et des syndicats français…
La naissance d’un acteur mondial majeur de l’énergie
On a appris à la fin de la semaine dernière que le gouvernement français a décidé de procéder à la fusion des entreprises Suez et GDF. Cette dernière devrait absorber Suez; l'Etat garderait quant à lui une part à hauteur de 34% dans le nouveau groupe ainsi formé (conservant du coup une minorité de blocage), donnant naissance à un champion mondial de l'énergie et des services aux collectivités : eau, électricité et gaz.
Le Gouvernement Berlusconi tempête
Cette fusion permet également de couper l’herbe sous le pied du géant italien Enel (la société italienne d'électricité), celle-ci préparant depuis quelque temps une OPA hostile sur le groupe Suez. Du coup, le Gouvernement italien apprécie très moyennement le rapprochement programmé des deux entreprises françaises.
En signe de protestation, le ministre de l'Industrie Claudio Scajola a annulé sa visite prévue aujourd'hui à Paris, et a annoncé dans la foulée que Rome allait demander l’arbitrage de la Commission Européenne. "C'est une affaire gravissime. Le gouvernement français a fait un blitz pour faire obstacle au libre marché (...) Nous nous trouvons face à une énorme violation des règles de l'UE", a-t-il déclaré au journal La Stampa.
Quant au ministre de l'Economie Giulio Tremonti, il a fait part de son irritation à son homologue Thierry Breton, et a prévu de réunir prochainement ses collaborateurs pour étudier d'éventuelles mesures de répression.
Volte-face des syndicats
En France, les syndicats sont très inquiets des conséquences de ce rapprochement GDF-Suez pour l'emploi et la notion de service public. La CGT voit dans cette opération une "mascarade pour aboutir à diluer la propriété publique", et FO dénonce de son côté un "passage en force du gouvernement qui signe la privatisation de GDF". La Fédération Mines-Energie de la CGT a, quant à elle, appelé le personnel de Gaz de France à se rassembler dès lundi pour "débattre de la situation et préparer la riposte". Toutes les organisations seront reçues lundi prochain par Thierry Breton, qui devrait leur donner des garanties sur l’emploi et l’implication de l’Etat dans le nouveau groupe.
L’Union Européenne donne son aval
Ce matin à Bruxelles, la Commission Européenne a publié un communiqué, estimant que le soutien du Gouvernement français au projet de fusion entre GDF et Suez ne semble pas enfreindre les règles européennes sur la libre circulation des capitaux. "En ce qui concerne la libre circulation des capitaux, il semble qu'il n'y ait aucune violation du traité", a déclaré Oliver Drewes, porte-parole de Charlie McCreevy, le commissaire au Marché intérieur.
Après l’OPA hostile annoncée du groupe Mittal sur l’européen Arcelor, il semblerait donc qu’un nouveau feuilleton à rebondissements sur la fusion d’entreprises soit en préparation...