Fusion GDF/Suez : le pôle Environnement en question...
Qu’advient-il du pôle Environnement de Suez dans cette tourmente ? Il y avait de quoi, en effet, tourmenter Gérard Mestrallet, Président Directeur Général du groupe qui a affirmé et réaffirmé, encore et encore, son opposition à la cession de son pôle Environnement dans le cadre du projet de fusion avec GDF. Avec à la clé une demande des deux groupes auprès de Bruxelles de bien vouloir accorder un délai supplémentaire. « L'environnement fait partie du périmètre de Suez et le périmètre du groupe est une question de principe », martèle sans relâche Gérard Mestrallet. De fait, selon certaines sources inventoriées par Reuters, Suez est allée jusqu’à exclure totalement de céder son pôle Environnement, quitte à renoncer à son projet de fusion avec GDF...
Pour mémoire, le projet de fusion entre Suez et GDF a été lancé en février 2006 par le gouvernement de Dominique de Villepin pour contrer une éventuelle OPA du groupe italien Enel sur Suez.
« Nous sommes préparés aux deux hypothèses, mener à bien ce projet mais aussi l'hypothèse de poursuivre notre stratégie de "stand alone"», affirme aussi Gérard Mestrallet. Il faut dire que l’été n’a rien changé à la donne : depuis plusieurs semaines en effet, le gouvernement presse le groupe français de réduire son périmètre en sacrifiant son pôle environnement, afin de faciliter le rapprochement avec le groupe gazier…
Ce à quoi, Suez répond en soulignant les performances de celui-ci. « Le groupe s'est fixé des objectifs financiers ambitieux qui traduisent notre fort potentiel de croissance. Cette progression sera portée par l'ensemble des branches, notamment l'environnement, qui devrait afficher un taux de progression de 50% comme l'ensemble du groupe ».
Et c’est vrai que le pôle environnement intéresse un prétendant en particulier…
Numéro deux mondial du secteur, le pôle « Eau et Déchets » du groupe franco-belge représente 11,4 milliards d’€ de CA en 2006, une croissance de 5,1 % pour le premier semestre 2007, Suez Environnement avait de quoi séduire. Mais… Le montage choisi pour l’entrée prochaine en Bourse d’une partie de ses activités (65 % de son capital devrait être coté) devrait le préserver : la société s'est mise à l'abri des attaques d'éventuels « prédateurs ».
Le nouvel ensemble GDF/Suez conservera donc 35 % du capital de la branche environnement tandis que près de 12 % resteront aux mains des principaux actionnaires de Suez. Le groupe nouvellement constitué garde donc la minorité de blocage. Pour prendre le contrôle des actifs Environnement, un éventuel prétendant (suivez mon regard...) devra donc lancer une offre publique d’achat (OPA). Stratégie non seulement sans garantie de succès mais surtout potentiellement très chère. En clair, pour Veolia Environnement, la perspective d’absorber Le concurrent est quasiment tombée à l'eau.
Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir fait les yeux doux... Le numéro Un mondial qui affiche 28,62 milliards d’euros de chiffre d’affaires (dont 61 % réalisés dans l’eau et la propreté), avait fait état à plusieurs reprises, la dernière au cours de la semaine passée, de son intérêt tout particulier pour les actifs de Suez. « S'il y avait un jour des actifs disponibles concernant notre cœur de métier, il serait de mon devoir de m'y intéresser », confirmait Henri Proglio, le Président Directeur Général de Veolia lors de la présentation des résultats du groupe jeudi 30 août au matin.
Si ce n'est pas réaffirmer l'intérêt de son groupe pour les actifs de Suez dans l'environnement en cas de cession...
Et de rappeler que le cœur de métier du groupe est l'eau et la propreté.
« Est-ce qu'on a besoin d'actifs pour notre stratégie? Non. S'il y a une opportunité, on l'étudiera » (...) « Peu de choses ont changé depuis le début de l'année 2006. Je suis un spectateur attentif de cette affaire, mais pas un décideur. Je ne fais pas de pronostics », a conclu Henri Proglio.