Filière piles et accumulateurs en fin de vie : de quoi réfléchir !

Le 02/06/2006 à 17:26  

Filière piles et accumulateurs en fin de vie : de quoi réfléchir !

Rémi Guillet Suite à la publication du rapport du MEDD sur "l'efficacité de la filière piles et accumulateurs" où "il est indiqué que la collecte sélective et le recyclage pour la plupart des piles et accumulateurs en fin de vie n'est pas souhaitable à cause des coûts sociaux trop élevés" (voir notre précédent rédactionnel), Rémi Guillet, président de la commission "déchets et propreté" de l'ASTEE apporte sa contribution au débat. Elle a le mérite de rappeler qu'entre raison économique et décision politique, le choix n'est pas si simple. De plus, ce constat dépasse le cadre de la filière des piles et accumulateurs en fin de vie, pour interroger sur les politiques de l'ensemble des déchets ménagers. Sans vouloir alimenter une polémique facile, ce débat sur la filière des piles et accumulateurs en fin de vie ne peut qu'interpeller le citoyen et le producteur sur le bien-fondé de politiques qui s'éloignent des réalités économiques et des capacités industrielles....

Pour Rémi Guillet, le rapport sur "l'efficacité de la filière piles et accumulateurs en fin de vie" ne peut être pris à la lettre. Il s'agit d'un document de travail qui montre bien les limites entre les arguments de l'économiste, le chercheur, l'ingénieur dans la définition d'une"politique optimale de gestion d'une famille de déchets" et les choix des décideurs (localement, nationalement). Ces derniers prennent en compte d'autres données, et n'hésitent pas à opter pour des solutions contraires aux chiffres. C'est ainsi que s'est mise en place la collecte sélective des emballages légers.

Pour la collecte des piles et accumulateurs en fin de vie, il en va de même, selon Rémi Guillet : c'est dès 1992 que le projet de décret posait la question de "collecter toutes les piles ou seulement celles contenant des métaux lourds". Et si la "rationalité économique et le bilan écologique comptaient parmi les principaux arguments en faveur du second choix", on a décidé de collecter toutes les piles (décret 1999) à cause de deux "incompréhensions" :

la population reste profondément convaincue de la nocivité et du caractère polluant de la pile

il est difficile de faire comprendre au citoyen qu'il doit en même temps trier une pile rechargeable (au cadmium) et ne pas trier la même forme de pile lorsqu'elle est saline ou alcaline, et aussi lui faire déchiffrer sur les minuscules piles boutons les très rares versions à l'oxyde de mercure.

Puis, une fois que l'on a opté pour une collecte globale, quand bien même l'on savait que les piles banales pouvaient "sans problème particulier être éliminées avec les déchets ordinaires" (destination de 90% des piles collectées sélectivement en Allemagne à l'époque), on en est arrivé, par souci de cohérence, à mettre en place des solutions de recyclage telles que Zimaval qui ne traitait pas et se contentait de stocker. Avec à la clé, un échec voire une superbe escroquerie.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que le rapport mette en cause la rationalité économique de la filière des piles. Mais, en même temps, c'est à ce stade que la composante de sensibilisation au public devrait être prise en compte : la pile étant un objet consommable enblématique en matière de tri, et revêtant (en termes de prévention des déchets) une valeur symbolique.

Tels sont les principaux éléments que Rémi Guillet soumet à nos réflexions.

Maintenant, si l'on se met à la place du citoyen qui finance la gestion des déchets ménagers, n'y-a-t-il pas de quoi être effrayé ? Dans le cas des piles, son éducation à un meilleur respect de l'environnement, la prévention des déchets serait construite en partie sur des messages erronés, faussés qui entraînent la mise en place d'une filière de traitement de plus en plus éloignée de la réalité économique et industrielle.

Du coup, les interrogations sont nombreuses...

N'y a-t-il- pas d'importants efforts à réaliser pour respecter le citoyen et lui rendre compte avec transparence des décisions que l'on prend à l'égard de la gestion de ses déchets ménagers?

N'est-ce-pas en responsabilisant les acteurs que l'on améliorera durablement les filières de traitement des déchets ménagers ?

Et, au fait, quand le citoyen français aura-t-il connaissance du coût réel de l'élimination de ses déchets ménagers, ainsi que des recettes de leur recyclage ?

Le débat sur la gestion des déchets ménagers est loin d'être terminé. Une seule certitude, la relation avec le citoyen est au cœur des enjeux.