Ferrailles : petite suite

Une Planète Ferrailles sans un mot sur la Turquie ? C’est comme une nuit d’été sans étoiles. On en profitera pour faire un point sur les marchés chinois, indien et russe...

Pour faire suite à l'exposé d'hier (voir le dernier volet de Planète Ferrailles), commençons, comme il se doit, par la Turquie dont le marché est caractérisé par le lent déclin des prix imports. Au cours de la semaine qui s’est achevée le 13 juin, le prix des ferrailles importées par la Turquie a continué de s’étioler lentement en reculant de 0.8 %. Ce n’est évidemment pas grand-chose mais les 0.8, 0.6 ,0.7.. s’additionnant au fil des semaines, on finit rapidement par reculer de 5 %. Plus significative que l’amplitude de la baisse, c’est la tendance que ces reculs successifs dessinent qui fit par inquiéter. On escomptait parfois que celle-ci pourrait se renverser sous l’effet d’une vague d’achats de précaution destinés à affronter la sortie du Ramadan. Il n’en a rien été et il y a désormais peu de chances que les choses perdurent ainsi jusqu’à la fin de la période de fêtes. Quelques bateaux ont été acquis aux Etats-Unis, en Europe et sur la Mer Baltique, mais la situation est telle sur le marché des ferrailles que non seulement les prix n’ont pas varié positivement mais qu’ils ont même connu un léger tassement. Sans compter que l’Irak est un important débouché pour les aciers turcs et qu’évidemment, avec la dégradation récente de la situation, la tendance n’est pas dans ce pays aux achats d’aciers destinés à la reconstruction. Il faudra sans doute attendre le tournant du mois d’août pour voir si le marché est encore capable de réaction. L’évolution des relations entre la livre turque et le dollar ne sont évidemment pas de nature à stimuler les choses.
Un certain nombre d’usines sidérurgiques turques ont, il y a quelques jours, peser sur leurs prix d’achats sur le marché intérieur ce qui est toujours un signe de prévision de tassement sur le marché import.

Chine : en mai, une production « presque record » pour l’acier chinois. Si les premiers chiffres connus de production d’acier en Chine au mois de mai se confirment, ils atteindront à plus de 70 millions de tonnes un niveau presqu’aussi élevé qu’au mois de mars dernier qui avait été catalogué comme le record mensuel de production d’acier dans ce pays. Cet acier produit à foison ne trouvant pas de débouchés sur le territoire pourtant étendu de la Chine en dépit des projets de construction de quelques nouvelles infrastructures que le Gouvernement a encouragé, c’est sur les marchés exports que la Chine déverse son trop-plein. C’est ainsi qu’en mai, à 6 850 000 t d’exportation nette, la Chine a franchi sur ce champ également un nouveau record. L’Amérique Latine est devenue un des grands déversoirs de l’acier chinois. Au cours des 4 premiers mois de l’année, les ventes d’acier chinois sur cette zone ont progressé de 78 % et représentent 11 % des exportations chinoises d’acier. Malgré le tassement de l’activité économique chinoise, malgré l’accumulation des plaintes anti-dumping à l’encontre de certains aciers produits par ce pays, malgré les promesses du gouvernement chinois de réduire la production sur un secteur où il exerce un certain contrôle, au cours des 5 premiers mois de l’année, la production chinoise d’acier aura progressé de 2.7 % et 2.7 % de la production chinoise, cela fait quelques tonnes sur le marché. Les importations chinoises de minerai de fer ont augmenté en mai de près de 20 % sans dévier pour autant la tendance baissière où s’est installé le prix du minerai de fer. Et pendant ce temps-là, le prix des ferrailles stagnent sur le marché intérieur et les importations de ferrailles se tassent. La révolution sidérurgique chinoise n’aura pas lieu. Certains analystes envisagent que les exportations au mois de juin mais ce tassement ne sera sans doute que passager.

Russie : les exportations de ferrailles ont singulièrement progressé en Avril. La Russie a, au cours de ce mois- là, exporté 434 000 tonnes de ferrailles soit 20 % de plus qu’en mars. Le 1er client de la Russie en matière de ferrailles, c’est … la Turquie qui a absorbé 50 % des exportations russes en avril. La Russie a exporté 68 000 t de ferrailles vers la Corée du Sud son second client (16 % des exportations mensuelles russes). Plus près de nous, la Russie a vendu en Avril 67 000 tonnes de ferrailles en Espagne qui a absorbé 15 % des exportations russes d’avril. Les importations espagnoles de ferrailles russes ont progressé de près de 30 % par rapport à avril 2013.

Inde. S’il faut changer de gouvernement pour que les ferrailles montent…C’est en tous cas ce qu’il se passe en Inde. Depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi, le prix des ferrailles importées par l’Inde se sont installées sur un trend positif. Au mois de mai, le prix de ces ferrailles a progressé, en moyenne de 3.6 % par rapport à avril. La confiance retrouvée par les industriels du pays a déteint sur le prix de cette matière première et ce d’autant que Narendra Modi s’est avéré, il y a quelques années dans sa région d’origine d’un fervent supporter de l’industrie sidérurgique locale.